mardi 7 mars 2017

LE BULLETIN N°69 EST ARRIVE

Nous continuons ici à
vaillantiser  !

1er trimestre 2017    





Le Berry y
est aussi !










C'est le numéro de la réhabilitation historique de la Commune, et l'éditorial y est logiquement consacré.




Les pages berrichonnes sont là: 









Quant à Vaillant, il est là encore : 




Si on met en regard ce compte-rendu (parfait par ailleurs pour ce colloque) et le point de vue que j'exprime dans mon livre, on trouvera quelques différences, de nuance ou plus que cela. Notamment: 

- Les causes de l'oubli. Je conteste l'opinion qui veut que ce soit lié à son (prétendu) médiocre talent d'orateur. Ceux qui l'ont oublié, après la Seconde Guerre mondiale, sont justement ceux qui ne connaissaient rien de lui, et surtout pas ce prétendu défaut. Quant à ceux qui le connaissaient bien, juste avant cette guerre, ce sont eux justement qui l'ont mis en valeur, notamment en baptisant de son nom d'innombrables rues et places de nos villes. 
- Je conteste aussi, on l'aura compris, l'idée reçue qui veut que ce fut un médiocre orateur. C'est ignorer le sens profond de ce terme. 
- Je conteste l'idée factuellement fausse qu'il se serait "rallié à l'union sacrée". (Moi qui ai assisté au colloque, ce  n'est pas d'ailleurs l'idée que j'ai retirée de l'intervention de l'orateur chargé de cette question). Sans aucune différence avec Jaurès sur ce point, il appelle à la défense nationale, ce qui n'est pas du tout la même chose. 
- Je conteste l'utilisation de Trotski pour tirer la synthèse sur le personnage de Vaillant, l'estimant largement biaisé pour des raisons qui tiennent au contexte de l'époque et à l'engagement particulier de Trotski lui-même, qui n'a pas pour but premier dans cette déclaration de faire un portrait objectif. 
- En conclusion, je conseille vivement la lecture des deux livres afin de se faire une opinion éclairée!





Cela dit, il me semble qu'il y a au moins deux lacunes d'importance dans ce compte rendu.

Premièrement, les interventions étaient ponctuées d'interruptions régulières pour établir un dialogue avec la salle. Certaines étaient importantes, notamment celle où grâce à Michel Pinglaut on révèle ce qu'on feignait d'ignorer qu'il existait un livre nouveau sur Edouard Vaillant, à savoir le mien, présenté depuis septembre à la Fête de l'Humanité et ensuite au Salon du livre de Vierzon et lors de la visite des Amies et Amis de la Commune de Paris à Vierzon en novembre. Comme je suis d'humeur un tantinet blagueuse, je me suis amusé dès le lendemain à croquer cette scène surréaliste sur un coin de table. J'ai constaté d'ailleurs avec satisfaction que certaines de mes remarques ont été reprises dans le livre (sans me citer, mais cela n'a aucune importance à mes yeux).

Deuxièmement, l'intervention conclusive lumineuse ce celui qui est LE grand spécialiste d'Edouard Vaillant, à savoir Jolyon Howorth, n'y figure pas. J'en ignore les raisons. C'est pourquoi je retiens le mot de scandale qui me vient spontanément à l'esprit, et  que je me contenterai jusqu'à plus ample informé de parler simplement de très regrettable lacune. Je la comble en donnant ci-dessous le texte de cette intervention.


Michel Pinglaut, qui met les pieds dans le plat et dit magistralement tout haut...
ce que tout le monde savait et ne voulait savoir que tout bas!
Mon dessin du moment, avec quelques retouches ultérieures à l'ordinateur. 


L'intervention de Jolyon Howorth à la fin du colloque. 

 Edouard Vaillant et le Socialisme: de son Époque à la Nôtre

Jolyon Howorth

“Citoyens” !  C’est, vous le savez tous, par cette salutation qu’Edouard Vaillant commençait ses innombrables discours politiques.  Pour Vaillant, il n’y avait que deux types d’êtres humains : les «bons citoyens» et les «mauvais citoyens».  Dans le cadre de cette journée, je me propose de passer en revue cinq éléments de sa pensée autour de la citoyenneté, sous l’angle des débats d’aujourd’hui.

1) Les inégalités et la citoyenneté bafouée

Pour Vaillant, le point de départ de toute réflexion sur le sens même de la citoyenneté, ce sont les déshérités, les pauvres, les « non-citoyens » de la société républicaine, pour lesquelles égalité et fraternité sont de mots creux.  Cent ans plus tard, les Français jouissent, en partie grâce à la contribution de Vaillant, de régimes de sécurité sociale, de retraites, de soins médicaux assez généreux. Dans une telle France, les caractéristiques des laissés pour compte a certes évolué mais leur existence n’a nullement disparu. Selon certains calculs, l’écart entre les salaires les plus bas et les salaires des plus rémunérés, qui fut de 1 à 25 en 1900, est aujourd’hui près de 1 à 80. Donc, en fait, rien n’est résolu. Les inégalités restent plus d’actualité que jamais. Et à l’échelle planétaire, l’écart entre les pays le plus développés et les pays les plus pauvres ne cesse de s’accroître. Au sein de la Deuxième Internationale,  le problème de l’exploitation de la main-d’œuvre dans les colonies ne fut guère abordé.  Le débat entre Lénine, Hilferding, Hobson et Kautsky sur l’impérialisme fut un débat non pas sur l’exploitation de la main d’œuvre coloniale, mais sur la perspective de guerre révolutionnaire issue de la concurrence au sein du capitalisme financier.  Ce ne fut qu’après la Deuxième Guerre Mondiale que le marxisme comme analyse de la lutte des classes se donnait pour cadre la planète entière. Je n’ai pas le moindre doute que s’il vivait aujourd’hui, Vaillant se situerait du côté des théoriciens de la dépendance tels que Immanuel Wallerstein ou Theotonio Dos Santos.

Mais pour revenir en France, et pour effleurer un sujet hyper-sensible, le rapport entre, d’une part, inégalités et exclusion et, d’autre part, radicalisation et colère, n’est pas difficile à saisir. Lorsque Auguste Vaillant (aucun lien de parenté) lança en décembre 1893 sa bombe dans l’Assemblée Nationale, tandis que le « Marxiste » Jules Guesde estimait que ce fut “monstrueux tout simplement, l’acte d’un fou”, Edouard Vaillant, réfléchissant au phénomène anarchiste en général, insistait qu'il fallait surtout essayer d'en comprendre les racines profondes.

2) La Laïcité

Cependant, entre les anarchistes des années 1890 et les jihadistes d’aujourd’hui, il y a une différence massive – qui, me semble-t-il, aurait certainement posé à notre homme un problème politique et intellectuel fondamental: la dimension religieuse. Pour un homme qui visait le dépassement – pur et simple – de toutes formes de religion, la devise Ni Dieu Ni Maitre fut sans appel.  On peut s’interroger sur l’attitude qu’aurait vraisemblablement été celle de Vaillant face aux défis posés par ce qu’on appelle le multiculturalisme, voire le communautarisme. Pour aller vite, il me semble que le pauvre Edouard doit être en train de se retourner dans sa tombe.

La République, la laïcité, la citoyenneté sont, dans la tête de Vaillant, totalement indissolubles. En votant en faveur de la Séparation en 1905, il déclarait que ce ne fut qu’un tout petit premier pas : «Tant que l’Eglise n’aura pas entièrement disparu, tant que la laïcisation de la société ne sera pas faite, notre tâche ne sera pas achevée».  Il me semble qu’il serait totalement déboussolé dans la France de 2015.

3. La Démocratie et le pouvoir

Qui dit « citoyen » dit également « électeur ». Cela suppose des élus, la participation aux institutions politiques de la société « bourgeoise ». En 1899, au moment de l’entrée du socialiste Alexandre Millerand dans un gouvernement « bourgeois », au moment du grand débat sur le « ministérialisme », Vaillant a adopté une position nuancée, entre celle de Jaurès (favorable au ministérialisme) et celle de Jules Guesde (qui refusait absolument toute « collaboration des classes »). Lors du vote du gouvernement Waldeck Rousseau en juin 1899, c’est Vaillant, en tant que chef informel des députés socialistes (Jaurès et Guesde ayant été battus aux législatives de 1898) qui décide l’abstention plutôt que le vote négatif. C’est l’entrée en scène du débat interminable dont l’apogée viendra, au moment du Front Populaire, avec la distinction formulée par Léon Blum entre « exercice » et « conquête » du pouvoir – et le « soutien sans participation ».

Dans une conférence à la rue d’Ulm le 30 mai 1947, Léon Blum évoquait ce problème fondamental de la citoyenneté en racontant l’anecdote suivante :

« J’ai été lié à Ramsay MacDonald en 1924 ; il a constitué dans son pays le premier gouvernement de gauche dans des conditions paradoxales. Le Labour ne représentait qu’une minorité à la Chambre des Communes […]  J’ai demandé à MacDonald : « Comment avez-vous accepté de prendre le gouvernement dans de pareilles conditions? Vous savez bien qu’un tel gouvernement n’est pas viable ».  Il m’a répondu : « Je le savais, mais je considérais comme nécessaire de briser le préjugé aristocratique du gouvernement ».  -– « Que voulez-vous dire ? » -- « Je veux dire que dans la masse du peuple anglais, y compris chez nos ouvriers, on trouve encore ce préjugé qui régit l’Angleterre, selon lequel seule une classe sociale est digne de la mission de gouverner. J’ai pris le pouvoir pour prouver que si le pouvoir échappe à la classe dirigeante, ce ne serait pas un péché mortel contre l’Eternel, que la terre ne s’entrouvrirait pas ! »  Je lui dis alors : « Savez-vous que chez nous, le problème est exactement à l’inverse du vôtre ? Vous dites : il faut que nous prenions le pouvoir pour montrer à l’Angleterre que quand nous serons là rien ne sera changé. Pour nous, au contraire, l’obligation serait de montrer que tout sera changé. »

Ce problème reste d’actualité.  Guy Mollet, dans son discours au Congrès d’Epinay, exprimait un pessimisme quant à la possibilité du parti socialiste de réaliser des changements fondamentaux en régime capitaliste. François Mitterrand, Lionel Jospin et François Hollande, par contre, ont choisi de gouverner. Mais la question des limites de la capacité réformatrice d’un gouvernement socialiste a été de nouveau posée en juillet 2013 lors des débats sur la réforme des retraites. A la fin du 19e siècle, Vaillant répétait constamment que la seule question qui qui doive dicter le vote des élus socialistes fut : « quel est l’intérêt de la classe ouvrière ? »  La question reste d’actualité fondamentale, mais la réponse aujourd’hui est extraordinairement compliquée.  Une des raisons principales s’appelle l’Union Européenne. Ce qui me permet de passer à ma quatrième série de remarques.

4. L’Europe et les nations.

De tous les socialistes français de son époque, Vaillant seul connaissait à fond d’autres pays européens, ayant vécu cinq ans en Allemagne et neuf ans en Angleterre. Il parlait couramment l’anglais et l’allemand. Il lisait chaque matin les quotidiens socialistes de ces deux pays. Ce fut un internationaliste et un Européen convaincu. Il était persuadé que la victoire du socialisme dépendait directement du maintien de la paix en Europe et dans le monde – ce qui est le contraire absolu du léninisme.  Même au plus fort de la Grande Guerre, Vaillant évoquait l’avenir d’une Europe des nations libres et indépendantes fondée sur  la coopération et la paix.  « L’Europe des nations » - formule gaullienne?  Je suis persuadé que, à notre époque, Vaillant serait un ardent défenseur de la construction de l’Europe, mais d’une Europe inter-gouvernementale et non pas supranationale, d’une Europe des peuples et non pas une Europe des élites ou du capital financier. Il se félicitait de tout progrès vers le socialisme dans tout pays. Son admiration pour la liberté et la démocratie britanniques fut constante. Il estimait même que « la victoire socialiste ne sera possible que quand le peuple anglais aura pris la tête du mouvement international socialiste ». Là, désolé Edouard, tu rêves !! Cependant, de nos jours, il aurait énormément de mal à naviguer entre le Scylla du nationalisme indispensable et le Charybde d’une Union Européenne souhaitable.


5. Guerre Civile et Guerre internationale.

Une remarque très brève ici. Lorsque, vers la fin de sa vie, un journaliste lui a posé la question de savoir pourquoi il s’était lancé avec autant de conviction dans la guerre civile alors qu’il combattait de toutes ses forces la guerre internationale, il avait répondu : « Les guerres civiles sont les seules fécondes ».  A une époque où la guerre internationale est, de l’avis de nombreux experts, en voie de disparition, et où 95% des guerres sont des guerres civiles, on peut s’interroger sur l’actualité de son propos. Vaillant parlait de la guerre civile comme une étape de la construction et de la consolidation des états-nations.  Tous les grands états – l’Angleterre, le Japon, les Etats-Unis, la Chine etc – ont dû, à un moment donné, résoudre par les armes un différend majeur de société.  Or, aujourd’hui, la vaste majorité des guerres civiles éclatent avec l’effondrement de l’état plutôt qu’avec sa construction. Je suis certain qu’il ne verrait aucune « fécondité » dans la guerre civile en Syrie, en Somalie, ou ailleurs. Voterait-il la guerre contre Daesh ? Grande interrogation….




Les Berrichons avec Jolyon Howorth.










Cliquez sur le calendrier pour découvrir
 ce qui s'est passé un
7 mars
pendant la vie d'Edouard Vaillant




Projets en cours  pour promouvoir Edouard Vaillant





EXPOSITION ET CONFERENCE

BOURGES
Projet d'une exposition dans les locaux de la MGEN (au moment de la conférence sur Edouard Vaillant le 9 mars? A préciser...).

Salons du livre

Dimanche 22 octobre 2017: Sagonne
14h>19h
LES AUTOMNALES DU LIVRE Sagonne (18)

Espace culturel Simonne et Jean Lacouture

Samedi 18 novembre 2017: Orval
10h > 18h
SALON DU LIVRE ET DES AUTEURS Orval (18)
Centre socio-culturel (av. de Sully)

Dimanche 19 novembre: Henrichemont
10h > 18h
SALON DU LIVRE Henrichemont (18)
Salle polyvalente



Rentrée littéraire de septembre 2016 
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
560g  
les 2 volumes 1044g 


















Conférence Club des retraités MGEN BOURGES
Jeudi 9 mars de 14h30 à 17h
Salle de la MGEN
13 rue Michael Faraday 
18000 Bourges







vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  

Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 


Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 


N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 


Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




TOUTES NOS DATES IMPORTANTES




Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.



374 p.  18,80 €
484g  
les 2 volumes 1044g 








L'EDITEUR



LES POINTS DE VENTE

18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud  (9 rue Voltaire)


 Espace culturel Leclerc  (48 avenue de la République)


 Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)



Bourges 

 La Poterne


Cultura Saint-Doulchard



36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur



En voir plus :

http://vaillantitude.blogspot.fr/2015/09/1907-mort-de-sully-prudhomme.html



COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

29 2 16  HENRICHEMONT GIBLOG

1 11 15  MAGAZINE A VIERZON

20 10 15    DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE

28 08 15    BLOG VIERZONITUDE
http://www.vierzonitude.fr/2015/08/jean-marie-faviere-auteur-de-je-te-parle-au-sujet-d-edouard-vaillant.html




DOSSIER DE PRESSE

http://vaillantitude.blogspot.fr/2015/10/1854-naissance-de-rimbaud.html




La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.

                                                                                                              (Vaillantitude)



La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 



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