vendredi 7 septembre 2018

SEPTEMBRE 18, MOIS VARLIN


dans le calendrier  Morèje des AACPParis.










« Tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines ».


Varlin avait dit, le 29 avril 1870, salle de la Marseillaise :

« Déjà l’Internationale a vaincu les préjugés de peuple à peuple. Nous savons à quoi nous en tenir sur la Providence qui a toujours penché du côté des millions. Le bon Dieu a fait son temps, en voilà assez ; nous faisons appel à tous ceux qui souffrent et qui luttent ; nous sommes la force et le droit ; nous devons nous suffire à nous-mêmes. C’est contre l’ordre juridique, économique et religieux que doivent tendre nos efforts. »

Défense assumée par Eugène Varlin, ouvrier relieur, pour lui et ses camarades, lors du procès de l’Association Internationale de Travail (A.I.T.), le 22 mai 1868 :

« Consultez l’histoire et vous verrez que tout peuple comme toute organisation sociale qui se sont prévalus d’une injustice et n’ont pas voulu entendre la voix de l’austère équité sont entrés en décomposition ; c’est là ce qui nous console, dans notre temps de luxe et de misère, d’autorité et d’esclavage, d’ignorance et d’abaissement des caractères, de pervertissement du sens moral et de marasme, de pouvoir déduire des enseignements du passé que tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines. Mettez le doigt sur l’époque actuelle, vous y verrez la haine sourde entre la classe qui veut conserver et la classe qui veut conquérir ; vous y verrez une recrudescence des superstitions que l’on croyait détruites par le XVIII° siècle ; vous y verrez l’égoïsme effréné et l’immoralité partout ; ce sont là des signes de la décadence ; le sol s’effondre sous vos pas ; prenez-y garde ! »

19 mars 1871.

AU PEUPLE,
Citoyens, le peuple de Paris a secoué le joug qu’on voulait lui imposer. Calme, impassible dans sa force, il a attendu sans crainte comme sans provocation les fous éhontés qui voulaient toucher à la République. Cette fois nos frères de l’armée n’ont pas voulu porter la main sur l’arche sainte de la liberté ; merci à tous, et que tous et la France jettent ensemble la base d’une République acclamée avec toutes ses conséquences, le seul gouvernement qui fermera pour toujours l’ère des invasions et des guerres civiles.
L’état de siège est levé, le peuple de Paris est convoqué dans ses sections pour faire les élections communales ; la sûreté de tous les citoyens est assurée par le concours de la garde nationale.
Le comité central.
ASSI, BILLIORAY, FERRAT, BABIEK, Ed. MOREAU, Ch. DUPONT, VARLIN, BOURSIER, MORTIER, GOUHIER, LAVALETTE, JOURDE, ROUSSEAU, Ch. LULLIER, BLANCHET, GROLLARD, BARROUD, H. DERESME, FABRE, FOUGERET.




BIOGRAPHIE DES AACPPARIS: 

Eugène Varlin naît le 5 octobre 1839 à Claye-Souilly en Seine-et-Marne, à 37 km de Paris, sur la route de Meaux. Son père possède quelques arpents de vigne, insuffisants pour nourrir la famille. Pour compléter son revenu, il travaille comme journalier dans les fermes avoisinantes. Sa mère est femme au foyer et élève trois garçons, Eugène, Louis, Hippolyte et une fille, Clémence.

La famille Varlin est de souche républicaine. Jean Adrien Varlin a installé la première municipalité républicaine à Claye-Souilly en 1792. Le grand-père maternel d’Eugène, Antoine Duru, a été écarté du conseil municipal en 1851 à cause de ses opinions républicaines.

Bien que vivant pauvrement, les parents Varlin envoient leurs enfants à l’école, payante à cette époque.

- Une solide formation générale et professionnelle.
Eugène quitte l’école à treize ans, en 1852, pour faire son apprentissage de relieur à Paris, d’abord chez un confrère de son oncle, Hippolyte Duru, puis chez son oncle lui-même.

De 1855 à 1859, il parfait son apprentissage dans plusieurs ateliers. Il est ensuite embauché comme contremaître. En 1860-61, il complète son instruction générale en suivant les cours de l’association philotechnique. En 1862, il s’installe dans ses meubles, 33, rue Dauphine, dans le VIe arrondissement où il restera jusqu’en 1870. Il commence à apprendre le latin en 1864.

Eugène Varlin est maintenant doté d’une solide formation professionnelle doublée d’une bonne instruction générale.

En 1857, il participe à la fondation de la Société civile des relieurs, société de secours mutuels regroupant ouvriers et patrons. Il y fait son apprentissage de militant ouvrier.

En 1862, a lieu l’exposition universelle de Londres. Eugène Varlin ne fait pas partie de la délégation française mais il contribue à la rédaction du rapport publié à la suite de ce voyage.

Le 25 mai 1864 est votée la loi qui autorise les grèves en l’assortissant de sévères restrictions. Les ouvriers relieurs s’engouffrent dans la brèche et cessent le travail en août. Les patrons cèdent sur une partie des revendications. Varlin s’est beaucoup investi dans ce mouvement. Pour le remercier, les ouvriers relieurs lui offrent une montre en argent. Les avantages concédés par les patrons ayant été remis en question, une deuxième grève se produit en 1865, sans résultat positif. Les conflits rendent impossible la cohabitation des ouvriers et des patrons dans la Société civile des relieurs. Eugène Varlin en est exclu en 1866.

- Le militant ouvrier.
Il est alors à l’initiative de la Société civile d’épargne et de crédit mutuel des ouvriers relieurs de Paris dont il est élu président. Dans le conseil d’administration de quinze membres, figure l’ouvrière relieuse Nathalie Le Mel. Parallèlement, Varlin est à l’initiative, avec la Fédération des relieurs, de la Caisse fédérative de prévoyance des cinq centimes dite Caisse du sou dans laquelle les ouvriers versent cinq centimes par semaine pour constituer un fonds dans le but de venir en aide aux grévistes.

En 1864, a été créée à Londres l’Association internationale des travailleurs (AIT) plus connue sous le nom de 1re Internationale à laquelle Eugène Varlin adhère en 1865 quand est fondé le bureau parisien qui a son siège, 44, rue des Gravilliers dans le IIIe arrondissement. Plus tard, le bureau sera transféré rue de la Corderie dans le même arrondissement. Les secrétaires correspondants sont des proudhoniens. Varlin fait partie de la commission de vingt membres chargés de l’administrer. Il collabore aux journaux de l’Internationale, la Tribune ouvrière puis la Presse ouvrière. En septembre, il assiste à Londres à la conférence de l’Internationale.

- Pour l’amélioration des conditions de travail des femmes et l’instruction pour tous.
En septembre 1866, Varlin est délégué au premier congrès de l’Internationale à Genève. Il y fait deux propositions qui sont refusées par la majorité proudhonienne de la délégation française. La première concerne l’amélioration des conditions de travail des femmes en opposition à la notion de femme au foyer. En second lieu, il demande l’enseignement par la société (et non par la famille), sous la direction des parents, et obligatoire pour tous les enfants.

Après ce congrès, Varlin devient l’un des trois secrétaires correspondants. Coopérateur, il fonde, en 1867, la coopérative de consommation La Ménagère et l’année suivante le restaurant coopératif La Marmite, rue Larrey, dans le VIe arrondissement dont trois succursales fonctionneront en 1870.

L’Internationale soutient les grèves qui se multiplient et apporte une aide financière aux grévistes en utilisant la Caisse du sou. Le pouvoir réagit en lançant des poursuites judiciaires contre les quinze membres de la commission parisienne de l’Internationale. Ceux-ci démissionnent et quinze nouveaux membres sont élus. Parmi eux, on trouve Varlin qui reste secrétaire correspondant avec deux nouveaux venus, Malon et Landrin. Le second bureau, composé de collectivistes, est beaucoup plus résolu que le précédent. Le second congrès de l’Internationale a lieu en septembre 1868 à Bruxelles. Dans ses notes préparatoires, Varlin propose la réduction de la journée de travail à huit heures pour que l’ouvrier puisse s’éduquer, développer son intelligence. Avec le progrès des machines, ajoute-t-il, le travail sera aussi bien fait. Varlin ne peut pas participer au congrès car il a été condamné à trois mois de prison lors du deuxième procès intenté à l’Internationale.


- Organisateur des travailleurs et initiateur du syndicalisme.
Varlin et ses compagnons sortent de prison en octobre 1868. Il leur faut reconstruire l’Internationale en France, qui a été déstructurée par les deux premier procès. Ils s’y emploient avec vigueur et succès en s’appuyant, en 1869, sur les importants mouvements de grèves en France et à l’étranger qui amènent à impulser la solidarité. La caisse du sou est mise à contribution. Varlin pense que l’organisation des forces révolutionnaires du travail est la question préalable à toute réforme et que la grève est une école de lutte. 1869 est aussi l’année du 4e congrès de l’Internationale à Bâle. Varlin y représente les ouvriers relieurs de Paris où il incarne le mouvement ouvrier parisien. Il rend compte des travaux du congrès dans un article du Commerce, organe des Chambres syndicales ouvrières : les sociétés corporatives, résistance, solidarité syndicat, méritent surtout nos encouragements et sympathies, car ce sont elles qui forment les éléments naturels de l’édifice social de l’avenir. Eugène Varlin s’affirme ainsi comme l’initiateur du syndicalisme français tel qu’il se construira à la fin du siècle.

Varlin se rend dans les principales villes et centre industriels de France pour y implanter l’Internationale. Des sections sont fondées à Marseille, Lyon, Le Creusot, Rouen et dans des dizaines d’autres villes. Au printemps 1870, l’Internationale est à l’apogée de son influence et de son organisation en France avec environ 100 000 membres.

Le pouvoir impérial engage un troisième procès contre l’Internationale. Fin avril, Varlin, menacé d’arrestation, doit se réfugier en Belgique. Il est condamné à un an de prison le 8 juillet. Il rentre en France après la proclamation de la République le 4 septembre.

L’Internationale a été désorganisée par la guerre franco-prussienne. Avec Benoit Malon, Varlin essaye d’en renouer les fils et de préciser la position de l’organisation face à la situation nouvelle : Par tous les moyens possibles, nous concourrons à la défense nationale qui est la chose capitale du moment. Depuis la proclamation de la République, l’épouvantable guerre actuelle a pris une autre signification ; elle est maintenant le duel à mort entre le monarchisme féodal et la démocratie républicaine… Notre révolution à nous n’est pas encore faite et nous la ferons lorsque, débarrassés de l’invasion, nous jetterons révolutionnairement, les fondements de la sociétaire égalitaire que nous voulons.

Varlin fait partie du Comité central provisoire des vingt arrondissements qui regroupe les comités de vigilance et a son siège à la Corderie. Il s’est engagé dans le 193e bataillon de la Garde nationale dont il a été élu commandant. Il en est révoqué après la journée révolutionnaire du 31 octobre. Le 15 mars 1871, il devient membre du Comité central.

Le 18 mars 1871, premier jour de la Commune, il occupe, avec son bataillon, l’état-major de la Garde nationale, place Vendôme.

Élu et martyr de la Commune.
Eugène Varlin est élu membre de la Commune dans le VIe arrondissement le 26 mars 1871. Il est successivement membre des commissions des Finances, des Subsistances et à l’Intendance. Opposé à la création du Comité de Salut public, il signe le 15 mai la déclaration de la minorité qui affirme : La Commune de Paris a abdiqué son pouvoir entre les mains d’une dictature.

Pendant la semaine sanglante, il se bat sur les barricades dans les VIe,Ve et XIe arrondissements. Il remplace Delescluze, tué sur une barricade, comme délégué civil à la guerre. Le 26 mai, il tente de s’opposer, sans succès, à l’exécution des otages, rue Haxo. Le 28 mai, vers midi, il combat, avec Jean-Baptiste Clément et Ferré sur la barricade de la rue de la Fontaine-au-Roi, l’une des dernières de la Commune.

Dans l’après-midi, épuisé, il se repose sur un banc, rue Lafayette, près de la place Cadet. Reconnu par un prêtre en civil, il est arrêté et emmené sous les injures et les coups des «amis de l’ordre» dans le XVIIIe arrondissement. Brièvement interrogé, il décline son identité, mais refuse d’en dire davantage. Défiguré par les coups, un oeil pendant hors de l’orbite, ses bourreaux l’assoient sur une chaise pour le fusiller. Varlin fait face avec courage au peloton d’exécution. Il meurt en criant : Vive la République ! Vive la Commune ! Le lieutenant Sicre, qui l’avait arrêté, lui dérobe la montre offerte par ses collègues relieurs en 1864. Il la présentera comme trophée dans les soirées mondaines auxquelles il est invité.

Eugène Varlin est l’un des personnages les plus emblématiques de la Commune. Il a laissé l’image d’un militant sincère, irréprochable, fidèle jusqu’à sa mort héroïque, à ses idéaux de justice sociale, d’internationalisme et de liberté. Cent quarante après sa mort, il est un exemple et une référence pour celles et ceux qui luttent pour les mêmes idéaux.

YVES LENOIR

Sources : Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Editions de l’Atelier ; Eugène Varlin, chronique d’un espoir assassiné, Michel Cordillot, Les éditions ouvrières, 1991








Eugène Varlin. Portrait par Félix Vallotton paru dans La Revue blanche en 1897.





Eugène Varlin, militant complet

Amédée Dunois


 « Ce mort-là est tout aux ouvriers », — ainsi parle Lissagaray au terme de son récit de l'assassinat de Varlin.


Oui, tout aux ouvriers ; tout à la classe ouvrière, à celle d'hier, d'aujourd'hui, de demain, à celle de France et de tous les pays, — car, à travers le temps comme à travers l'espace, la classe ouvrière héroïque et souffrante ne forme qu'un corps et qu'une âme. Et je voudrais que cette belle figure fine et grave d'Eugène Varlin, l'ouvrier relieur, restât fixée dans la mémoire du prolétariat militant : tout dans sa vie est exemplaire, et il est mort comme il avait su vivre, poussant le don de soi jusqu'au suprême sacrifice.


De tous les martyrs de la Commune, des trente-cinq mille héros tombés glorieusement dans la bataille des rues, aucun n'est plus vivant, après un demi-siècle. Sa face austère, méditative et douce domine la terrible épopée. Sous les cheveux épais rejetés en arrière, le front est d'un poète ou d'un penseur ; les yeux, sous l'arcade accusée, sont d'un voyant : ils semblent, ces yeux prophétiques, par delà les horreurs de l'atroce mêlée, plonger dans l'avenir immense un regard de confiance et de sérénité.


Eugène Varlin naquit à Claye-Souilly, entre Meaux et Gonesse, le 5 octobre 1839. Fils d'ouvriers et de paysans, il apprend à lire à l'école de son village. A 13 ans, il arrive à Paris pour s'y former dans l'art délicat du relieur. Lucien Descaves, qui prépare de lui une biographie complète, a pu dresser la liste des ateliers où successivement il travaille. C'est un bon travailleur, appliqué à la besogne et recherché des patrons. Le soir, dans cette période de sa vie, il est tout à l'étude : il a à se faire, lui-même, son instruction et suit avec assiduité les cours de l'Association philotechnique.


Il n'abandonnera jamais tout à fait l'étude, mais tout jeune encore l'action le prendra et ne le lâchera plus. C'est sur le terrain syndical, à la Société des relieurs de Paris qu'il fit comme militant ses premières armes. Mais jamais il ne s'enferma dans les limites étroites du Corporatisme tel qu'on le comprenait alors. Les salaires, les grèves, la durée du travail, le chômage, la coopération, le crédit mutuel : questions essentielles certes ; toute la question, non pas. Si « l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes », cela ne veut pas dire, tant s'en faut, qu'elle s'effectuera sans que les travailleurs aient à sortir des ateliers. Aussi Varlin fut-il un des premiers à adhérer à l'Internationale, dont le dessein était de constituer une force politique (et non pas seulement syndicale) capable d'arracher les « prolétaires de tous les pays » à cet assujettissement économique que les statuts de la nouvelle Association dénonçaient comme « la source de toute servitude ». Il fait si bien que, dès 1865, il est (avec Tolain, Limousin et Fribourg) délégué à Londres où l'Internationale qui n'a qu'une année d'existence tient une première assemblée. Il y connaît Karl Marx, dont il fait, entre deux séances, danser les filles : les relations en restèrent là.


A ce moment, l'ouvrier relieur cède le pas à l'homme public, au révolutionnaire militant. Car Varlin tout de suite se place à l'extrême avant-garde. Sa vie ne fait plus qu'une avec celle de sa classe. Partout où s'engage la bataille, économique ou politique, Varlin est là, au premier rang, encourageant les autres, donnant l'exemple de l'audace réfléchie et de la résolution inflexible. Avec ce solide bon sens qu'il tient de son ascendance paysanne, il réalise en vérité le type harmonieux du militant complet. Socialiste, coopérateur, syndicaliste, il n'a qu'une pensée, toujours la même, l'organisation des travailleurs.


En même temps qu'il prend part aux luttes corporatives, dont le mot d'ordre émane de cette Chambre fédérale des sociétés ouvrières, qui est un peu la sœur cadette de l'Internationale parisienne, traquée par les argousins de l'Empire, Varlin fonde la Ménagère et la Marmite, deux sociétés de consommation dont la seconde — vrai restaurant coopératif, comportant plusieurs succursales, — connut la poularité. Et c'est le même homme qui proclame « la nécessité de l'avènement politique des travailleurs » et qui soutient à Belleville la candidature socialiste de Rochefort, en attendant d'entrer bientôt pour son propre compte « dans la lice électorale, afin de bien affirmer (c'est lui qui parle) la scission du peuple avec la bourgeoisie »,


Varlin ne devint pas député. Par contre, quelques jours avant la guerre, il était condamné à un an de prison pour affiliation à l'Internationale : il se trouvait à ce moment à Bruxelles où il avait pu se réfugier à temps.


C'était sa seconde condamnation. Le 22 mai 1868, la 6e Chambre correctionnelle, président Delesvaux, l'avait condamné déjà à trois mois de prison et 100 francs d'amende, comme membre du bureau de l'Internationale parisienne.


Cette seconde condamnation de Varlin est presque le dernier acte politique de l'Empire. Le 4 septembre rouvrit au condamné les portes de la France. Il accourt, s'engage dans la garde nationale, est de tous les mouvements qui, jusqu'à la capitulation, soulèvent le grand Paris assiégé et fiévreux. Lorsqu'après l'armistice, « l'Assemblée rurale, honte de la France » se dresse contre Paris de toute la force de sa haine, la garde nationale, qui tremble pour la République, se forme en fédération, élit un Comité central, — « barrière inexorable » contre le zèle des réacteurs. Varlin est de ce comité que la révolution du 18 mars va porter tout à l'heure à l'hôtel de ville.


Hélas ! Le Comité, qui a le pouvoir et des armes, n'ose pas s'en servir. Composé d'hommes nouveaux à deux ou trois exceptions près, il se borne à appeler les Parisiens aux élections municipales qui doteront la grande ville d'un pouvoir municipal « légitime ». Le 26 mars, Varlin est élu dans trois quartiers bien différents (le Luxembourg, Reuilly, les Batignolles). À cette date, il n'a plus que soixante jours à vivre.


Raconter ces suprêmes semaines, ce serait retracer jour à jour, toute l'histoire, tout le calvaire de la Commune. Varlin mena de front l'administration et le combat. D'abord délégué aux finances (30 mars), il fut envoyé le 6 mai à la commission de la guerre comme délégué à l'intendance. On sait qu'il fut de la minorité communaliste, de ceux qui, socialistes de principes, voyaient avec, peine la majorité de leurs collègues verbaliser au lieu d'agir, singer au lieu d'innover, de ceux qui se prononcèrent le 1er mai contre l'institution d'un comité de salut public, où ils voyaient, ont-ils dit, « l'oubli des principes de réforme sérieuse et sociale d'où est sortie la Révolution communale du 18 mars, le retour dangereux ou inutile, violent ou inoffensif à un passé qui doit nous instruire sans que nous ayons à le plagier ».


Quand les fortifications furent forcées par l'armée de Versailles (le dimanche 21 mai) et que la bataille des rues commença, Varlin ne fit pas de phrases, — il ne les avait jamais beaucoup aimées — : il se rendit aux barricades, se mêlant à ceux qui ne savaient que se battre et mourir pour la République sociale. C'est la semaine sanglante aux sept journées, sinistres. Le mardi 23, carrefour de la Croix-Rouge, c'est Varlin, silencieux et sombre, qui dirige la défense arrêtant quelque temps l'avance versaillaise. Mais tout est inutile. De repli en repli, les fédérés, le vendredi 26, sont acculés aux pentes de Belleville. Là se concentre l'ultime résistance ; là, les otages, malgré Varlin, sont fusillés. Le dimanche 28 un peu avant midi, tout est consommé. Pour ceux qui comme Eugène Varlin se sont identifiés avec le grand rêve qui succombe, il ne reste plus qu'à mourir.


Mais quelle mort, après quelle agonie ! Ouvrons ici Lissagaray :


Place Cadet, il fut reconnu par un prêtre qui courut chercher un officier. Le lieutenant Sicre saisit Varlin, lui lia les mains derrière le dos et l'achemina vers les Buttes où se tenait le général de Laveaucoupet. Par les rues escarpées de Montmartre, ce Varlin, qui avait risqué sa vie pour sauver les otages de la rue Haxo, fut traîné une grande heure. Sous la grêle des coups sa jeune tête méditative qui n'avait jamais eu que des pensées fraternelles, devint un hachis de chairs, l'œil pendant hors de l'orbite. Quand il arriva rue des Rosiers, à l'état-major, il ne marchait plus on le portait. On l'assit pour le fusiller. Les soldats crevèrent son cadavre à coup de crosse. Sicre vola sa montre et s'en fit une parure.


Si Marx, en termes magnifiques, a pu glorifier la Commune de Paris « comme l'avant-courrier d'une société nouvelle », s'il a pu dire que la mémoire de ses martyrs trouverait un indestructible sanctuaire « dans le grand cœur de la classe ouvrière », — dites, ne pensez-vous pas que c'est parce que, dans la Commune, il y avait beaucoup de prolétaires comme Eugène Varlin, l'ouvrier. 




https://www.marxists.org/francais/dunois/works/1922/03/varlin.htm



L'exécution de Varlin, Maximilien Luce.

Plaque commémorative rendant hommage à Eugène Varlin





















Cliquez sur le calendrier pour découvrir
 ce qui s'est passé un
7 septembre
pendant la vie d'Edouard Vaillant








NOTRE PRESENCE (EVENTUELLE) DANS LES SALONS DU LIVRE OU LIEUX DE DEDICACE



Lurcy-Lévis (03) (24-25 mars)
Mers-sur-Indre (36) (28-29 mars)
Châteauroux (36) (21-22 avril)
Decize (58) (6 mai)
Le Blanc (36)  (18-20 mai)
Montluçon (1,2,3 juin)
Quincy (18) (9 juin)
Châteaumeillant (18) (août)
Sancerre 26 août
Saint-Amand-Montrond (18) (22-23 septembre)
Souesmes (41) (7 octobre)
Saint-Doulchard (18)   (13-14 octobre)
Saint-Gaultier (36)  (14 octobre) 
Sagonne (18) (21 octobre)
Vierzon (18) (17 novembre): T'as voulu lire Vierzon (Brel)

Boussac (23) 
Mortroux (23)







Rentrée littéraire de septembre 2016 
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
560g  
les 2 volumes 1044g 





















vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 

Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




TOUTES NOS DATES IMPORTANTES




Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.



374 p.  18,80 €
484g  
les 2 volumes 1044g 








L'EDITEUR







LES POINTS DE VENTE LOCAUX


18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud  (9 rue Voltaire)
(hélas fermé depuis le 21 juillet, malgré un grand soutien local, dont le nôtre)


 Espace culturel Leclerc  (48 avenue de la République)




 Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)



Bourges 

  La Poterne (41 rue Moyenne)



 Point Virgule (46 rue d'Auron)



Cultura Saint-Doulchard
(mystérieusement exclu depuis 2016)


 Centre commercial Carrefour Bourges (Chaussée de la Chappe)

Référencement national - partout en France - dans les magasins Carrefour.
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).













Henrichemont 

 Maison de la Presse "Le Jardin des Fées"(10 place Henri IV)








36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur (Zone Commerciale Cap Sud, 10 Boulevard du Franc)





Aussi recommandés et également présents, le dictionnaire berrichon de Michel Pinglaut, le "Edouard Vaillant" de Gilles Candar, le "La face cachée de la Commune" d'Hélène Lewandowski. 





Issoudun 


 Centre commercial Leclerc(Rue de la Limoise)





Il y a aussi le livre sur le berrichon de notre président Michel Pinglaut 


COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

29 2 16  HENRICHEMONT GIBLOG

1 11 15  MAGAZINE A VIERZON

20 10 15    DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE

28 08 15    BLOG VIERZONITUDE




DOSSIER DE PRESSE





La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.



                                                                                                              (Vaillantitude)



La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 



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