jeudi 15 octobre 2020

LE COUP DE POIGNARD DU SACRÉ-CŒUR

Un crime perpétuel presque parfait.

          



  



             


SIGNEZ LES PETITIONS:

Comité Berry: Notre adhérente Christiane (qui travaille sur "le Luxe communal") a créé une pétition concernant  l’inscription du Sacré Coeur de Montmartre aux monuments historiques  (elle propose une "dévotation"). Cette pétition devient immédiatement celle de notre comité. Voici le lien: :

 http://chng.it/bgTmsm49


Association nationale: Ce sont les massacreurs que l’on veut mettre en valeur ; c’est toujours l’anti-Commune que l’on entend commémorer. Dans ces temps de trouble de la conscience républicaine et démocratique, cette décision fait peur. Que tous les héritiers de la Commune, sans exception aucune, que les républicains se retrouvent donc dans son refus le plus total. Voici le lien: 




Rajouter du crime au crime, il fallait oser. Mais les versaillais comme leurs descendants osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît.

Pour une trahison semblable, un titre bergmanien s’impose, en effet. 
Pas de doute, on veut nous refaire le coup du Bicentenaire : 

Deux siècles après quatre-vingt-neuf
D'autres seigneurs veillent au grain
Et toi qui vivais comme un bœuf
Ce sont tes maîtres que l'on plaint

A six pieds sous terre
Ton bicentenaire
Ils l'ont enterré bel et bien
Pauvre Martin pauvre misère
C'est toujours le peuple qu'on craint
(Ferrat, Bicentenaire)

En pire même, sans doute. Maintenant, carrément, sans vergogne : 
Ce sont tes bourreaux que l’on fête. 

Réactions sélectives:










Je me suis énervée.
M. A. 

Les salauds !
 M. P. 



Libre-penseuse, je voudrais savoir ce qu'il serait possible de faire pour ou plutôt contre le Sacré Coeur ?
Merci.
N. R.-O.


Je m’arrête à créer une pétition essentiellement destinée (mais pas que bien sûr) à tous mes collègues et amis du milieu artistique à propos du Sacré Coeur.
Chr. C. 
 

 
"Amies et Amis Commune de Paris 1871" <amis@commune1871.org>
 A : amis_distribution@commune1871.org
  Objet : [amis_distribution] LETTRE MENSUELLE : LE SACRE CŒUR

 
Chère amie, cher Ami,
peut-être n’avez pas encore connaissance d’une nouvelle qui est une véritable provocation : la basilique du Sacré-Cœur est classée monument historique.
 
Ce soir sur la chaîne nationale FR3 une interview de notre association passera au journal télévisé entre 19 h 30 et 20 h. 
 
Vous trouverez ci-dessous le texte que nous mettons sur notre site pour protester contre cette décision. Nous vous tiendrons informé de l’évolution de la situation.
Le Sacré-Cœur de Montmartre était déclaré d’utilité publique depuis 1873 ; la commission régionale du patrimoine et de l’architecture d’Île-de-France vient de voter son inscription aux monuments historiques, avec le soutien de Madame Bachelot. À quelques mois du cent-cinquantième anniversaire de la Commune, cette décision apparaît comme une véritable provocation.
La basilique du « Vœu national «
avait dès 1870 pour objectif avéré d’expier la « déchéance morale » provoquée par les révolutions égrenées depuis 1789. Après 1871, s’y ajoute, dans l’opinion dominante, l’expiation de la Commune de Paris déclenchée le 18 mars 1871 sur la butte Montmartre.
Le pain de sucre de la butte est donc tout à la fois le signe tangible de « l’ordre moral » voulue par l’Assemblée monarchiste élue en février 1871 et le symbole par excellence de « l’anti-Commune ». C’est cet objet que les autorités de la nation décident de valoriser volontairement.
On savait certes que la droite versaillaise n’avait jamais faibli dans sa détestation de la Commune. L’opprobre persistante lancée par la mémoire conservatrice s’est toujours voulue le prolongement des massacres de la Semaine sanglante. Qu’elle se manifeste à nouveau, avec cette morgue insoutenable, en dit long sur un certain air du temps. Nos dirigeants, manifestement, n’ont que faire des décisions de la représentation nationale. Le 29 novembre 2016, l’Assemblée nationale a voté une résolution réhabilitant les communardes et communards condamné-e-s et demandant que des efforts soient consentis pour faire connaître les réalisations et les valeurs de la Commune. Fin 2020, la réponse est donnée : ce sont les massacreurs que l’on veut mettre en valeur ; c’est la mémoire de « l’expiation » qui devient le bien commun de la nation. Qu’un lieu de culte soit choisi pour ce déni démocratique n’est digne ni de la République, ni d’une part non négligeable du monde chrétien qui aujourd’hui se reconnait dans les valeurs humanistes de la Commune.
En 2021, le Sacré-Cœur sera monument historique, tandis que Paris ne devrait toujours pas avoir sa station de métro, à Belleville, comme le Conseil de Paris l’a demandé. On salue une nouvelle fois les bourreaux et l’on crache une nouvelle fois sur les victimes. Sans doute y a-t-il, dans ce choix, une logique politique : donner des gages à la part la plus conservatrice de la droite française.
La République, déjà bien malade, n’a pas besoin de cette forfaiture. Que tous les héritiers de la Commune, sans exception aucune, se retrouvent donc dans le refus le plus total. 
                                   La commission communication.



 
La bondieuserie triomphante. 



25 000 tués... Bon, on a connu pire comme évaluations. 




On honore les bourreaux,  on punit encore ceux qui ont lutté pour une République universelle. 

En permanence dans notre onglet VIDEOS, également accessible ici:


LE SACRE-CŒUR MONUMENT HISTORIQUE?!

DÉVOTATION DE L’INSCRIPTION DU SACRÉ-CŒUR AUX MONUMENTS HISTORIQUES
Journal 19/20 FR3 14 octobre 2020













Mais comme chez Hitchcock, le crime est seulement PRESQUE parfait. Car la Commune est loin d'être morte, elle a de plus en plus de défenseurs, et ce mauvais coup même nous permet de communiquer sur elle en manifestant notre indignation. 
Le meilleur pour ses adversaires, depuis le début, c'est la chape de silence. Le bruit ne nous effraie pas, au contraire. La polémique nous servira toujours. 
A nous de nourrir la controverse, et ainsi de faire connaître la vérité au plus grand nombre. C'est pour une large part, on le sait, la raison d'être d'une association comme la nôtre. 
Le 150e ne se passera pas sans adversité. Tant mieux: à nous d'en profiter pour affirmer davantage la "défense et illustration" de la Commune. 


NB- Françoise est en passe de devenir une habituée des interventions sur le Sacré-Coeur, souvenez-vous:


(c'est en permanence dans l'onglet VIDEOS du blog). 




La pétition du comité Berry:




Mesdames et Messieurs de la Commission régionale du patrimoine et de
l’architecture d’Ile-de-France,
Madame la Ministre de la Culture
DEVOTATION DE L’INSCRIPTION DU SACRÉ COEUR
AUX MONUMENTS HISTORIQUES

Ce courrier se donne pour mission, en tout pessimisme, de vous convaincre de dévoter l’inscription du Sacré-Coeur de Montmartre aux monuments historiques.
Cette décision, avec celle de porter Verlaine et Rimbaud au Panthéon, porte un
message assez désastreux en ce qui concerne la cohérence des motivations de nos représentants culturels, et leur compréhension de notre héritage historique.
Le Sacré-Coeur, vous en souvenez-vous, a été construit par les auteurs du massacre de la Semaine sanglante sur les ruines de la Commune, afin d’expier la « déchéance morale » des différentes révolutions françaises.
« Parce que la Commune avait frappé au coeur même du système étatique, social et économique, la classe moyenne européenne s’unit contre l’insurrection en un
mouvement aux allures de croisade religieuse, une croisade qui culmina avec ce
massacre de classe au coeur de l’Europe « civilisée » : l’exécution de dizaines de
milliers de communards en mai 1871 ».
Kristin Ross, L’imaginaire de la Commune.

Rimbaud, vous en souvenez-vous, écrivit de magnifiques poèmes sur la Commune, « Chant de guerre parisien », « Les mains de Jeanne-Marie », « Le coeur supplicié », « Oraison du soir »... Dans « Paris se repeuple » rebaptisé « L’orgie parisienne », Rimbaud déchaine son aversion envers ceux qu’il nomme les « hargneux pourris », c’est-à-dire les mêmes versaillais [Mrs Thiers et Picard - les Eros, d’après Rimbaud (les zéros) - royalistes, bourgeois d'affaires et conservateurs provinciaux.] qui achevèrent la Commune dans le sang et bâtirent le Sacré Coeur par-dessus.

Le Poète prendra le sanglot des Infâmes,
La haine des Forçats, la clameur des maudits :
Et ses rayons d'amour flagelleront les Femmes.
Ses strophes bondiront, voilà ! voilà ! bandits !
                                  L’orgie parisienne

Associées l’uns à l’autre, la panthéonisation de Rimbaud/Verlaine et l’inscription du Sacré-Coeur aux monuments historiques présentent un caractère bouffon et
contradictoire, peu enclines à creuser le (bon) sens de l’histoire et à en construire
des représentations cohérentes. La perspective de son entrée au Panthéon aurait

fait éructer le poète, et son cri de communard traverse aujourd’hui en écho les
voutes du Sacré-Coeur :

Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques,
Qu'est-ce que ça peut faire à la putain Paris,
Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ?
Elle se secouera de vous, hargneux pourris !

A l’approche du cent cinquantenaire de la Commune de Paris, cette annonce fait un peu désordre, voire résonne comme une provocation. La réhabilitation des
communards par l’Assemblée en novembre 2016 semblait annoncer, pourtant, de
plus heureux auspices, de moins cyniques événements.
Aussi, une mesure résolument courageuse et originale, en écho aux mesures
sociales (et toujours en vigueur) inaugurées par la Commune, pourra seule changer la donne : dé-voter cette décision, ou bien porter au suffrage populaire son bienfondé.
                                  Avec mes nos plus démocratiques salutations.

Cette pétition devient immédiatement celle de notre comité Berry. 
(Re)voici le lien: :





Genèse. 
La proposition de pétition:

Je viens de créer une pétition concernant  l’inscription du Sacré Coeur de Montmartre aux monuments historiques : http://chng.it/bgTmsm49
Je propose dans ce contexte une « dévotation ».

Le Sacré Coeur a été édifié sur les ruines de la Commune par les auteurs du massacre de la Semaine sanglante, afin d’expier la « déchéance morale » des différentes révolutions françaises depuis 1789.  Ce vote, à l’approche du cent cinquième anniversaire de la Commune ressemble à une pure provocation.

Merci de lire la pétition, et d’y porter votre vote, si vous vous sentez en confiance. 
Aussi de faire passer le lien, largement.

Belle journée, Christiane


Hello, 
cette nuit, je me questionnais sur l’origine de ce vote par la Commission régionale du patrimoine et de l'architecture (CRPA). Elle dépend de la DRAC Ile de France. Il faut que quelqu’un ait formellement fait une proposition. Je pense qu’il faudrait que quelqu’un monte au créneau pour leur poser la question et leur demander quelques comptes, puis diffuser ces informations. Les Amis, mieux non ? Sinon, je veux bien m’y coller.  Avons-nous des infos de ce côté ? 
Aussi, pouvons-nous envoyer le lien de la pétition à une liste large des amis ? Lorsque la pétition aura pris un peu de poids, nous pourrions demander un RV avec un représentant de cette commission ?  
Qu’en pensez-vous ? 
Happy samedi, Christiane



Réactions (approbations unanimes et adhésion sans réserves!):
[Jean (co-président pour l'Indre) exprime le mieux notre position à tous.]


 Christiane, tu as carte Blanche pour notre comité du Berry étant aussi la mieux désignée pour ce faire. C'est l'Association Nationale  -et Françoise Bazire- qu'il faut mettre dans le coup vu la dimension nationale et Île de France de la votation: informer de ta pétition et de son esprit;  du souhait qu'elle soit diffusée au niveau des ami-e-s nationaux et des idées pour la suite, indiquant ta disponibilité si besoin, bien sûr avec tout le soutien du comité du Berry.
> On te suit !  A plus  Jean




Notre adhérent Jean-Pierre, auteur de Gilblog:








La pétition du national:




Chère amie, cher ami,
La décision de la commission régionale de la culture est pour nous une provocation insupportable si près du 150e anniversaire de la Commune.
Nous avons décidé de lancer cette pétition que nous vous invitons à signer et à faire signer autour de vous.
Le lien est indiqué à la fin de notre texte :
NON À L’INSCRIPTION DU SACRÉ-CŒUR AUX MONUMENTS HISTORIQUES
La commission régionale du patrimoine et de l’architecture d’Île-de-France vient de voter l’inscription du Sacré-Cœur de Montmartre aux monuments historiques, avec le soutien de Madame Bachelot. Alors que nous sommes à quelques mois du 150e anniversaire de la Commune, cette décision apparaît comme une véritable provocation.
Dans l’esprit de ses promoteurs, la basilique dite du « Vœu national » avait pour objectif avéré d’expier la « déchéance morale » provoquée par les révolutions égrenées depuis 1789. Après les massacres de la Semaine sanglante, en 1871, sa construction fut soutenue par la majorité monarchiste et catholique de l’Assemblée qui y voyait un édifice de la revanche et non de la réconciliation. Le Sacré-Cœur est donc tout à la fois le signe tangible de « l’ordre moral », le symbole par excellence de « l’anti-Commune » et une insulte à la République lancée par ceux qui la combattent. Qu’un lieu de culte soit choisi pour ce déni démocratique n’est digne ni de la République, ni d’une part non négligeable du monde chrétien qui aujourd’hui se reconnaît dans les valeurs humanistes de la Commune.
Le 29 novembre 2016, l’Assemblée nationale a voté une résolution réhabilitant les communardes et communards condamné-e-s et demandant que des efforts soient consentis pour faire connaître les réalisations et les valeurs de la Commune. Fin 2020, la réponse est donnée : ce sont les massacreurs que l’on veut mettre en valeur ; c’est toujours l’anti-Commune que l’on entend commémorer. Dans ces temps de trouble de la conscience républicaine et démocratique, cette décision fait peur.
Que tous les héritiers de la Commune, sans exception aucune, que les républicains se retrouvent donc dans son refus le plus total. 
La commission communication


Commentaire
Pierre LAURENT
il y a 23 heures




J’ai attiré l’attention de Mme Bachelot, ministre de la culture sur le classement en monument historique de la basilique du Sacré Cœur à Paris en 2021.

Une résolution adoptée par l’Assemblée nationale en 2016 avait pour objet de rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871. Elle souhaitait notamment que la République rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté au prix d’exécutions sommaires et de condamnations iniques ainsi que soient réhabilitées les victimes de la répression de la Commune de Paris.

Le classement comme monument historique du Sacré Cœur, symbole s’il en est de cette répression et du retour au pouvoir des forces les plus réactionnaires, ne peut qu’être perçu comme contradictoire avec cette logique.

Il apparaît aux yeux de beaucoup comme une concession faite aux forces les plus rétrogrades du pays.

C’est pourquoi, je lui ai demandé ce qu’elle compte faire en vue d’une annulation de cette mesure.
Je lui ai demandé également d’agir pour qu’une station du métro parisien soit nommée « Commune de Paris-1871 ».




Réactions médiatiques


On dit pratiquement comme nous.












Un point de vue qui nous agrée pleinement (ce qui n’étonnera personne !) même si nous ajoutons une (petite) remarque…
Cette remarque concerne la citation de Zola : positive en elle-même, elle ne nous fait pas oublier sa détestable attitude au moment de la Commune. 
Tout est dit à ce sujet avec cet échange entre nos deux co-présidents (du Cher puis de l’Indre) : 



Michel Pinglaut, 29 octobre 2020


L'huma consacre ce jeudi consacre une page au S...-C ...: mémoire, les sacrées polémiques du S...-C...(C'est moi qui censure, comme quand j'écris L. P...-père, fille et st-esprit)
Citation d'E.Zola: " Je ne connais pas de non-sens plus imbécile, Paris couronné, dominé par ce temple idolâtre bâti à la glorification de l'absurde. "
Fin de l'article:
« La pierre utilisée, le calcaire de Château-Landon, possède des vertus autonettoyantes grâce à la pluie. D'où la blancheur permanente de la coupole. Mais de là à laver plus blanc que blanc l'origine de l'édifice, il y a un fossé de sang. »
 Aurélien Soucheyre
Pas de références aux Amies et Amis.
Michel Pinglaut


Il est bien surprenant et très ennuyeux de voir l'Humanité afficher une pensée de Zola pour dénoncer l'inscription du Sacré Coeur aux monuments historiques. Pensée qui ne survient qu'après 1890 dans un de ces romans. S'il avait un esprit plutôt conciliateur au moment de la Commune, il a hélas écrit des choses horribles en juin 1871 dont le fameux "bain de sang bien nécessaire pour calmer certaines fièvres" qui empêche toute indulgence à moins d'en avoir pour tous les autres.
Jean Annequin






Pour La Croix, l'heure de la reconnaissance a sonné.






Enfin! s'écrie Le Parisien





Pas en odeur de sainteté, note Libération. 






Une (fausse) ligne de crête.




La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris vient d'être inscrite aux monuments historiques. Cela devrait lui permettre d'être classée au premier semestre 2021. Cette distinction de l'église parisienne, qui domine le paysage parisien et est un symbole de la capitale, ne fait toutefois pas l'unanimité. 

"Une provocation et une insulte à la mémoire des 30.000 morts de la Commune, a réagi sur Twitter l’ex-grand maître du Grand-Orient de France, Philippe Foussier. Érigé pour faire payer aux Parisiens leur résistance aux Prussiens puis aux Versaillais, ce monument mériterait au contraire un "déboulonnage". On lui réserve une consécration."

"Une insulte à l'histoire de France et aux morts de la Commune", a commenté de son côté l'Union des familles laïques dans un communiqué, selon qui "la mémoire des dominants efface l'histoire", et pour quoi cela constitue "une deuxième mort pour les révolutionnaires de 1871"


En 2013, le communiste Ian Brossat dans une vidéo pour le JDD avait même proposé de "changer" le Sacré-Cœur pour le "remplacer par un espace de solidarité, un monument qu'il "n'aime pas". En 2017, un Parisien avait proposé la destruction du monument à l'occasion du vote du budget participatif.


Comme le montrent les quelques exemples cités précédemment, la haine contre le Sacré-Cœur vient principalement de l'extrême-gauche et des militants d'une laïcité très stricte. 150 ans après le lancement de sa construction, la mémoire autour de Montmartre reste douloureuse et la querelle mémorielle est loin d'être éteinte. 

Rappelons tout d'abord que la colline de Montmartre est chère aux chrétiens depuis le IVe siècle puisque c'est là que le premier évêque de Paris, Denis, aurait été martyrisé. Une première chapelle a été construite, selon la tradition rapportée sur le site de la basilique, par sainte Geneviève, dès le Ve siècle. L'église Saint-Pierre-de-Montmartre a été construite au XIIe siècle, et reste, à l'ombre du Sacré-Cœur, l'une des plus anciennes églises de Paris, comme le rappelle la Fondation Avenir du patrimoine à Paris. 

Les massacres des Communards
Toutefois, au XIXe siècle, c'est le sang d'autres "martyrs", républicains ceux-là, qui a ruisselé sur la colline. Alors que la France est défaite à Sedan et que la République est proclamée sur les ruines du Second Empire, un armistice est signé. Une grande partie des Parisiens refusèrent cette décision et entrèrent en insurrection contre le gouvernement de Versailles, issu de l'Assemblée nationale à majorité monarchiste récemment élu. 

Un gouvernement se met en place à Paris, républicain et inspiré des idées socialistes : la séparation de l'Église et de l'État est actée à Paris, laïcisation de l'enseignement, prémices de l'autogestion, remise en place du calendrier républicain... L'expérience de la Commune reste une référence déterminante pour une partie de la gauche jusqu'à nos jours. 

Toutefois, la Commune de Paris est réprimée dans le sang. Les "Versaillais", le gouvernement français, mettent le siège sur Paris. Lors de la "Semaine sanglante", les Communards sont durement réprimés. Le chiffre des morts est difficile à établir, mais il serait de plusieurs milliers. Or, durant toute la période, Montmartre est au cœur de l'insurrection de la Commune. 

Une basilique pour expier les péchés des Communards ?
Or, l'idée de construire une grande église sur la colline de Montmartre vient dans la foulée de cet épisode historique tragique. Avant les événements de la Commune, deux notables parisiens, Alexandre Legentil et Rohault de Fleury, ont fait le vœu de construire une basilique en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus, symbole selon les catholiques de l'amour de Dieu pour les hommes et dévotion très important au XIXe siècle. 

Si le "Vœu national" ne mentionne pas directement la Commune de Paris - le site de Montmartre refuse d'ailleurs tout lien avec les événements de la Commune - la construction de cette basilique a été pour beaucoup une manière "d'expier 'les crimes de la Commune'", comme le notait un rapport d'information parlementaire de 2008. Comme le rappelle Le Point, Hubert de Fleury fait référence à la Commune lors de la pose de la première pierre. 

De fait, l'Assemblée nationale vote une loi en juillet 1873 - 32 ans avant la loi de 1905 - qui fait de la construction de la basilique un projet d'utilité publique. Le Parlement conservateur permet ainsi des expropriations pour la construction de cette église, bien qu'elle ne "sera construite exclusivement avec des dons provenant de souscriptions". La basilique de Montmartre, qui surplombe Paris, est vue comme une volonté des catholiques de s'imposer face à la République. 

Un classement pour réconcilier les mémoires ?
Longtemps occultée par le "roman national", la mémoire de la Commune a été peu à peu réhabilitée ces dernières années, notamment pour ses avancées sociales visionnaires à l'époque. En 2004, le square que traversent les grands escaliers qui permettent à la Basilique est renommé "Louise-Michel" par le Conseil de Paris, du nom d'une des figures de la Commune. 

Ce square sera classé au même titre que la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Ce nouveau statut a une signification symbolique de réconciliation, puisqu'il protège en même temps un lieu du culte catholique et le théâtre de la révolte du peuple de Paris, a souligné le ministère de la Culture auprès de l'AFP. 

"Si la Ville de Paris a émis un avis favorable à l'inscription de l'édifice au titre des monuments historiques, c'est que nous voyons là l'occasion de réconcilier ces deux histoires", défend aussi Karen Taïeb, adjointe à la maire de Paris en charge du patrimoine, auprès du Point. "Notre préoccupation est strictement patrimoniale et vise à s'assurer de la transmission de ce symbole de Paris aux générations futures", explique pour sa part le préfet Marc Guillaume. 



Une tribune par un expert de la Commune





TRIBUNE
La bataille du Sacré-Cœur, un combat d’arrière-garde
Par Eric Fournier , maître de conférences habilité en histoire contemporaine. Centre d’histoire du XIXe siècle, université Paris-I Panthéon-Sorbonne — 4 novembre 2020 à 17:06
Le Sacré-Cœur en construction (années 1880).  Keystone 
En 2021, cette basilique doit être classée aux Monuments historiques. Pour les tenants de l’Ordre moral, qui l’édifièrent, elle symbolisait l’expiation de la Commune et de toutes les révolutions depuis 1789. Mais aujourd’hui, le monument n’est plus qu’une carte postale dans un Paris en voie de muséification.

  La bataille du Sacré-Cœur, un combat d’arrière-garde

Tribune. Affirmer avec aplomb qu’associer la basilique du Sacré-Cœur à la répression de la Commune de 1871 relève d’une «mauvaise lecture de l’histoire» ou assurer que le classement du bâtiment et de ses abords aux monuments historiques œuvre à une «réconciliation» mémorielle entre Versaillais et Communards, semblaient, cela semble a priori, hautement improbable tant de telles assertions confinent au ridicule. C’est pourtant ce que viennent de faire respectivement le ministère de la Culture et la Mairie de Paris. Cette contre-vérité assourdissante d’une et cette mobilisation incongrue du passé de l’autre ont en commun de souligner les usages de l’histoire par le pouvoir : un roman national ordonné par le fétichisme des dates, par une linéarité trompeuse et figée, au service d’une brutale pacification mémorielle de «l’année terrible», écrasant les antagonismes de notre histoire pour consacrer une République libérale «toujours déjà consensuelle» en effaçant la mémoire vive de la Commune, cette autre république - mais sociale.

Ecoutons d’abord ce que serait une «bonne lecture» gouvernementale de l’histoire : la décision de construire le Sacré-Cœur a été prise juste avant la Commune, lit-on ici ou là, et c’est donc bien la preuve qu’il ne peut être réduit à cette insurrection, mais appelle surtout à un relèvement national après la défaite contre l’Allemagne, bref, à un louable sursaut patriotique.

Le Sacré-Cœur ne peut être réduit à la seule répression de la Commune, en effet. Associé à Louis XVI, qui lui vouait un culte privé, le priant pour son rétablissement comme roi de droit divin, le culte du Sacré-Cœur de Jésus est l’expression, au XIXe siècle, d’un monarchisme réactionnaire voulant expier non seulement 1871 mais aussi toutes les révolutions depuis 1789. Sous le Second Empire, il est également associé à la défense des Etats pontificaux par les catholiques ultramontains, intransigeants sur cette question, comme sur tant d’autres. Alexandre Legentil, à l’origine du projet, est l’un d’eux. Ce notable parisien, qui a fui la capitale à l’approche des Prussiens, fait le vœu, début 1871, de construire à Paris un «sanctuaire dédié au Sacré-Cœur [si] Dieu sauve Paris et la France, et délivre le souverain pontife». En février, le très conservateur pape Pie IX lui accorde sa bénédiction. Mais, si l’on admet qu’en histoire rien n’est joué d’avance, il y a fort à parier que, sans la Commune de Paris, ce vœu pieux serait resté lettre morte. Car c’est au lendemain de l’insurrection parisienne, le 19 mars, que Legentil publie un argumentaire détaillé qui se révèle, note avec humour le géographe David Harvey, «fortuitement prophétique» après l’incendie de Paris durant la Semaine sanglante : «Paris fût-il réduit en cendres, nous voudrions encore sur ces ruines avouer nos fautes nationales et proclamer la justice de Dieu.»

Après la Commune, vue par les conservateurs comme une apocalypse rouge d’une violence inouïe, le projet s’accélère sous l’égide de «l’Ordre moral», cette majorité monarchiste et cléricale de la république versaillaise. Plus le vœu de Legentil se concrétise, plus il est associé à l’expiation de la Commune. Alexandre Legentil souhaitait initialement l’ériger sur le site de l’opéra Garnier, dont la seule façade, inaugurée en 1867, avait suscité l’ire des ultracatholiques à cause des statues de Carpeaux, jugées obscènes par ces derniers. Les autorités religieuses préfèrent le site de Montmartre, à l’endroit précis où furent tués le 18 mars les généraux Clément-Thomas et Lecomte, les premiers martyrs versaillais. Mais le terrain appartient à l’Etat, lequel envisage une installation militaire, une moderne Bastille menaçant en permanence le Nord parisien. En 1873, le gouvernement de Mac-Mahon, en déclarant le projet du Sacré-Cœur d’utilité publique, opte pour la domination symbolique plus que pour le quadrillage militaire, déjà dense dans une ville encore en état de siège. La première pierre est posée peu après.

Répétons-le : en histoire, rien n’est linéaire, rien n’est joué d’avance. La construction du bâtiment accumule retards et déboires, et a failli être abandonnée. Seule la persévérance des puissants réseaux de la France cléricale, influents même après 1877 lorsqu’ils ne sont plus au pouvoir, explique l’aboutissement du projet. Ainsi, en 1882, les députés radicaux-socialistes - plus portés par un anticléricalisme sans concessions que par la stricte mémoire communarde - échouent de peu à arrêter l’édification d’un monument devenu quelque peu incongru, et ce d’autant plus que, depuis la loi d’amnistie des communards en 1880, la IIIe République prône un apaisement par l’oubli et l’effacement, qui s’accorde mal avec la lourde monumentalité de la basilique. Cependant, il est décidé d’achever le chantier, notamment parce qu’il serait plus coûteux de le démolir que de le finir. Le Sacré-Cœur encombre les républicains de gouvernement, mais ils s’en accommodent.

Aujourd’hui aussi, entretenir le bâtiment est assurément moins coûteux que de l’araser. Le démolir, provocation qui revient périodiquement, n’aurait évidemment aucun sens. Insistons : le classement aux Monuments historiques n’est pas choquant en soi - son imposante présence est depuis longtemps familière aux Parisiens et aux touristes - mais ce sont les arguments invoqués qui sont consternants ou inexacts. Néanmoins, tout cela n’est-il pas finalement un combat d’arrière-garde ? Le Sacré-Cœur peut, certes, rappeler la violence symbolique de l’Ordre moral, mais son classement peut aussi interpeller sur la muséification touristique d’un Paris de carte postale voué à la gentrification, ce qui est un enjeu politique et social autrement plus impératif. Ainsi, si l’on élargit le regard, raviver les querelles autour de ce lieu relève d’une mémoire froide de la Commune, figée et non réactualisée. Plus que dans le patrimoine parisien, auquel appartient bien sûr le Sacré-Cœur, la mémoire vive de la Commune s’exprime, depuis quelques années, dans les espaces des luttes sociales les plus déterminées, dans les ZAD, dans les cortèges de têtes, dans l’université de Tolbiac occupée (2018), et, parfois, au dos de gilets jaunes. Et là, il n’est ni patrimonialisation ni réconciliation possibles.

Eric Fournier maître de conférences habilité en histoire contemporaine. Centre d’histoire du XIXe siècle, université Paris-I Panthéon-Sorbonne


Eric Fournier ? Souvenez-vous…


Commentaire personnel à la suite de cette conclusion:
Pour moi, il ne saurait y avoir de mémoire froide de la Commune. Il n'y en a que de chaudes, et même de brûlantes, et il est de notre devoir de les rendre, ces mémoires, carrément incandescentes. 
Car dans le cadre de l'entreprise d'oubli institutionnel qui prétend la frapper depuis l'amnistie conditionnelle de 1880, toute occasion est bonne à saisir pour manifester aux yeux du plus grand nombre son existence, sa grandeur et son utilité au coeur de notre plus pressante actualité. 
Admettons même que ce classement inique soit en effet un combat d'arrière garde. 
"Si on élargit le regard" (pour reprendre l'expression de la conclusion), cette querelle qui médiatise bruyamment un événement que l'histoire officielle s'efforce de maintenir sous le tapis - avec de moins en moins de succès, heureusement pour nous, pour la vérité historique et pour la santé de notre République - cette querelle, dis-je, nous sert de point d'appui pour mener encore plus fortement des combats qui sont, eux, clairement progressistes et qui nous sont plus que jamais nécessaires dans le contexte douteux qui est actuellement le nôtre. 
C'est bien là une occasion précieuse à saisir aux cheveux, et il n'est pas question de commettre l'erreur de la laisser passer sans réagir, ni sans l'exploiter au mieux de nos efforts militants. 
Pour une fois que les médias dominants (à leur corps défendant, bien sûr) nous servent au lieu de nous nuire, il serait criminel de ne pas se mobiliser de toutes nos énergies.  

















Texte par :
Lou Roméo

Alors que la Commune de Paris s’apprête à célébrer ses 150 ans en mars prochain, la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Ile-de-France et la Ville de Paris ont annoncé l’inscription prochaine du Sacré-Cœur aux monuments historiques. Une décision qui fait polémique, puisque la basilique symbolise encore pour beaucoup la revanche prise par les contre-révolutionnaires sur le peuple en quête de souveraineté populaire et de justice sociale.  

Une « mauvaise lecture de l’histoire » enfin réparée ? Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, s’est félicitée dans les pages du Parisien de l’inscription du Sacré-Cœur au patrimoine. Lors de l’aboutissement de la procédure de classement, prévu en 2021, il sera protégé et pris en charge par l’État. Il rejoindra alors les 45 500 bâtiments inscrits ou classés en France monuments historiques. 

Mais la décision fait polémique. Plusieurs pétitions ont été publiées pour protester contre ce choix de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), avec l'accord de la Ville de Paris. Le Sacré-Cœur est en effet pour beaucoup un symbole contre-révolutionnaire. Construit peu de temps après la fin sanglante de la Commune de Paris, dernière insurrection populaire et autogestionnaire du XIXe siècle, il aurait été érigé afin « d’expier les crimes » des révolutionnaires.

Une interprétation erronée de l’histoire, d’après Laurent Roturier, le président de la Drac d’Ile-de-France. « Le vœu à l’origine de la construction du Sacré-Cœur a été formulé à la fin de l’année 1870, rappelle-t-il. Soit plusieurs mois avant que n’éclate la Commune de Paris. Cette décision de classement cherche à réunir. Il ne faut pas la prendre comme un jugement. »

Une basilique pour « expier les révolutions depuis 1789 »

Éric Fournier, maitre de conférence en histoire à l’université Paris-1 Panthéon- Sorbonne et au Centre d’histoire du XIXe siècle, nuance cependant cette analyse, également portée par Roselyne Bachelot. « Le vœu de construire le Sacré-Cœur a certes été lancé quelques mois avant le déclenchement de la Commune de Paris, reconnaît-il. Mais ce sanctuaire est pensé dès le départ pour expier les révolutions ayant eu lieu en France depuis 1789, considérées comme responsables de la défaite de la France face à la Prusse en 1870. Il symbolise la revanche des notables monarchistes après un siècle de révolutions et d’incursions du peuple sur la scène politique. »

Pour l’historien, le Sacré-Cœur a ainsi été associé dès sa construction à la répression de la Commune et à la Contre-Révolution. L’érection du monument est en effet décidée par le gouvernement de l’Ordre moral, l’un des régimes les plus réactionnaires connus par la France. À majorité monarchiste, ses membres cherchent à réintroduire le religieux dans un Paris sécularisé et populaire.

Un symbole contre-révolutionnaire depuis sa création

« Au XIXe siècle, personne ne se trompe sur ce que représente le Sacré-Cœur, » poursuit Éric Fournier. Le lieu choisi pour ériger le bâtiment est symbolique : la Butte Montmartre a vu le déclenchement de la Commune, le 18 mars 1871, suite au meurtre de deux généraux. Le point culminant de Paris est également l’un des lieux de la « Semaine Sanglante ». Entre le 21 et le 28 mai 1871, de 8000 à 15 000 communards ont été massacrés par les troupes du gouvernement élu, réfugié à Versailles.

Une performance de l’artiste Ernest Pignon-Ernest fut d’ailleurs organisée sur les marches menant au Sacré-Coeur lors du centenaire de la Commune, en 1971, afin de rappeler ce massacre de civils, le plus meurtrier du XIXe siècle. Son ampleur marque alors l’arrêt du mouvement ouvrier en France et en Europe pour plusieurs années.

Le choix même de la dévotion au « Sacré Cœur » est politique : il fait référence à un culte rendu par Louis XVI durant la Révolution, afin d’être rétabli sur le trône comme monarque de droit divin. La basilique est donc immédiatement associée à une idéologie anti-républicaine et ultra catholique.

« De plus, ajoute Éric Fournier, sans le traumatisme laissé par la Commune chez les élites françaises, le bâtiment n’aurait sans doute pas été construit. Il s’agissait alors pour le gouvernement de réimprimer sa marque dans une ville de Paris qui lui avait échappé pendant près de deux mois, entre mars et mai 1871. » Le Sacré-Cœur divise donc dès la pose de sa première pierre, en 1874. Le Conseil de Paris, siège des socialistes et des radicaux dans la capitale, tente de son côté de bloquer la construction à plusieurs reprises, sans y parvenir.

Une opposition mémorielle qui perdure

Le conflit autour du bâtiment perdure encore aujourd’hui, opposant les mémoires. Les Amies et Amis de la Commune de Paris est l’auteure d’une des pétitions exigeant l’arrêt de la procédure de classement. Pour cette association, fondée en 1882 par les communards revenus d’exil, l’inscription du Sacré-Cœur au patrimoine est une provocation, quand les traces de la Commune sont souvent effacées de la mémoire parisienne.


 « On inscrit le Sacré-Cœur au patrimoine, alors que la Commune ne dispose toujours pas d’un musée à Paris », s’insurge Françoise Bazire, sa secrétaire générale. Malgré les demandes répétées de l’association, les objets liés à cette période révolutionnaire, aux mesures sociales et laïques (séparation de l’Église et de l’État, autogestion des entreprises, moratoire sur les loyers, école mixte et laïque, entre autres…), sont dispersés entre Saint-Denis et de Montreuil, villes de banlieue parisienne ancrées politiquement à gauche depuis 1945.

L’association réclame également en vain depuis plusieurs années qu’une station de métro – pourquoi pas celle de Belleville, l’un des faubourgs au centre de l’insurrection – comporte la mention « Commune de Paris – 1871 ». « Il y a deux poids, deux mesures, accuse Françoise Bazire. Le Conseil de Paris et la mairie de Belleville sont d’accord. Mais la RATP bloque. Tout est fait pour nier la mémoire des communards. »

Réconcilier les mémoires ?

La DRAC d’Ile de France se défend cependant de toute prise de partie : « Nous protégeons dans un même ensemble la basilique et le square Louise Michel [du nom d’une des figures les plus emblématiques de la Commune de Paris], rappelle Laurent Roturier. Le patrimoine cherche à réconcilier les mémoires, pour les générations futures. » Selon lui, le caractère tardif du classement du Sacré-Cœur s’explique par cette mémoire conflictuelle, mais également par un mépris qui a longtemps pesé sur l’architecture du XIXe siècle. Le très bon état du bâtiment ne demandait pas non plus des soins urgents.   

Mais comment « réconcilier » communards et Versaillais, idéaux socialistes libertaires et ultra-catholicisme réactionnaire ? Pour Françoise Bazire et Éric Fournier, ce n’est pas possible. « On est dans l’idée d’une histoire lissée, réécrite pour le consensus, soupire Eric Fournier. Mais au-delà du roman national, l’histoire n’est pas linéaire. À part pour consacrer un Paris muséifié, cela n’a pas beaucoup de sens de réunir Louise Michel et le Sacré-Cœur. » Le monument est le plus visité de Paris, après la cathédrale Notre-Dame. Il accueille en moyenne 10 millions de visiteurs chaque année.









https://www.lavantgarde.fr/le-sacre-coeur-la-basilique-sanglante/





L’association “Les amies et amis de la Commune de Paris 1871” a publié une pétition pour demander l’abandon du projet. Face aux tentatives de faire mentir l’histoire, la pétition précise que “la basilique dite du « Vœu national » avait pour objectif avéré d’expier la « déchéance morale » provoquée par les révolutions égrenées depuis 1789”. 

NÉGATION DE L’HISTOIRE 
Par son histoire, la basilique reflète un « ordre moral » conservateur, rétrograde et profondément religieux dont le pouvoir s’étend suite à l’écrasement de la Commune. La construction du bâtiment s’inscrit également dans le cadre de ce qui a été appelé la « recharge sacrale », programme engagé en réaction à la désacralisation des pratiques cultuelles opérée par la Révolution Française. 

Aujourd’hui, le gouvernement semble pourtant tenter un numéro d’équilibriste pour estomper, par le discours, le lien consubstantiel unissant l’histoire du bâtiment au déchaînement abject de violence que fut l’écrasement de la Commune. Pour Roselyne Bachelot, ce lien mémoriel pourtant indéniable, relève d’une « mauvaise lecture de l’histoire ». Pour la Ville, le classement de la basilique au monuments historiques se justifierait du point de vue du « geste architectural », selon les propos de l’adjointe chargée du patrimoine de la Ville de Paris rapportés par le magazine Marianne. Pour le journal le Monde, le lien historique entre la Commune de Paris et la basilique du Sacré-coeur relève tout bonnement de la croyance ! Le bâtiment ayant « longtemps été associé à la Commune de Paris », la « croyance publique » (autant dire l’ignorance) aurait retardé son classement aux monuments historique qui allait pourtant de soi. Cette affirmation s’appuie sur un seul argument, à savoir que la décision d’édifier la basilique aurait été prise dès 1870. On voit mal comment ceci empêcherait la Basilique d’être dotée de la portée idéologique et symbolique explicite qui est sienne depuis les lendemains de l’écrasement de la Commune de Paris. C’est dire la faiblesse de l’argumentaire du grand quotidien national. 


QUELLE JUSTICE POUR LES VICTIMES ? 
Au-dessus du choeur de la basilique, partie de la nef où se trouve le maître-autel, le visiteur peut lire une inscription latine : « Gallia poenitens » (La France repentante), gravée dans la pierre. Il est entendu par là que la France aurait eu à expier l’expérience révolutionnaire et démocratique extraordinaire que fut la Commune de Paris et qui marqua non seulement la France, mais le monde entier. Sa brève durée (35 jours) n’enlève rien aux avancées sociales qu’elle a léguées à l’histoire : création d’un véritable code du travail, séparation de l’Eglise et de l’Etat, instruction gratuite et accessible à toutes et tous… 

Il est curieux par ailleurs de se rappeler aujourd’hui qu’une résolution adoptée par l’Assemblée nationale en 2016 avait pour objet de rendre justice aux victimes de la répression sanglante de la Commune de Paris de 1871 ! Ceci ne cadre à l’évidence d’aucune façon avec la volonté actuelle de classer la Basilique du Sacré-coeur aux Monuments historiques, lui conférant ainsi un statut « d’intérêt général » sur fond de rejet ministériel de toute approche critique de l’histoire. L’insulte faite à la mémoire des victimes de la répression de la Commune culmine véritablement dans l’abject lorsqu’on lit que le site du Sacré-Coeur sera « associé au 150e anniversaire des événements de la Commune, commémoré en mars 2021 » selon “Le Monde”. “Fin 2020, la réponse est donnée : ce sont les massacreurs que l’on veut mettre en valeur ; c’est toujours l’anti-Commune que l’on entend commémorer” conclut la pétition lancée par Les amies et amis de la Commune. 

L’ATTRACTIVITÉ TOURISTIQUE 
Le fait que la basilique soit le « deuxième lieu le plus visité de la capitale, après la cathédrale Notre-Dame », devant le Louvre et la Tour Eiffel, est sans doute pour quelque chose dans la volonté des pouvoirs publics de classer le bâtiment. Les quelques dix millions de visiteurs et de pèlerins représentent sans doute aux yeux du gouvernement une manne économique dont il convient d’entretenir la flamme. De plus, le gouvernement actuel semble se montrer particulièrement réceptif à l’argument de l’attractivité touristique comme en témoigne l’importante enveloppe allouée au patrimoine dans le dernier budget de la Culture. Grâce à son inscription aux monuments historiques, l’archidiocèse de Paris, gestionnaire du bâtiment, pourra « bénéficier de subventions de l’Etat en cas de travaux de restauration (jusqu’à 30 % du montant pour les immeubles inscrits, 50 % pour les immeubles classés) », de quoi assurer un cadre propice au tourisme. 

Dans un texte de jeunesse, « Aux Enfants Rouges », Louis Aragon écrivait en 1932 : 

« Pour faire oublier la Commune,

Le Sacré-Coeur a vu le jour.

Un beau soir, il aura son tour,

Ce gâteau blanc comme la lune! »

C’est bien tout ce qu’on lui souhaite.








Un chant d'époque

Pitié, mon Dieu ! si votre main châtie
Un peuple ingrat qui semble la braver,
Elle commande à la mort, à la vie ;
Par un miracle elle peut nous sauver !

Dieu de clémence, ô Dieu vainqueur,
Sauvez, sauvez la France – Au nom du Sacré-Cœur ;
Sauvez, sauvez la France – Au nom du Sacré-Cœur.







Aloÿs Martin Cunq dit Aloÿs Kunc (né à Cintegabelle, 1er janvier 1832, mort à Toulouse le 7 mars 1895), est un musicographe, organiste, compositeur et maître de chapelle français. Il est l'auteur du célèbre cantique « Pitié Mon Dieu, c'est pour notre Patrie », joué lors de l'inauguration de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre et qui reste depuis longtemps l'hymne des catholiques nationalistes.

Aloÿs Kunc est le compositeur de célèbres cantiques dont Pitié, mon Dieu ("Sauvez, sauvez la France") composé pour l'inauguration de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre[réf. nécessaire] :

«  Celle-ci [la construction du Sacré-Cœur de Montmartre] est inséparable de cette spiritualité ultra-montaine qui s'impose dans les années 1860 et qui prend une tonalité si particulière, marquée de messianisme et d'un climat d'apocalypse, dans la France de 1870-1871. C'est en 1872 qu'Aloys Kunc compose le « Pitié mon Dieu », dont les formules sont à jamais associées à l'époque :

Sauvez Rome et la France
Par votre Sacré-Cœur


On sait que, par la suite « Au nom du Sacré-Cœur » se substitua à la formule initiale, indice d'une certaine prudence théologique et que l'allusion à Rome disparut, remplacée par un deuxième « Sauvez », prudence politique afin de ne par rouvrir la question romaine… »

— Jacques Benoist, Le Sacré-Cœur de Montmartre, p. 232

Ce cantique remontant à 18723 avait été écrit dans le contexte de la spoliation des États Pontificaux en 1870 et de l’écrasement de la France sous la botte prussienne en 1870-1871. D'où la présence de Rome dans le texte original du refrain.






Parce que la construction de la basilique du Sacré Cœur est réputée avoir été décidée pour laver les errances barbares de la Commune une fois celle-ci écrasée au cours de la Semaine sanglante, ce classement constitue une provocation pour les défenseurs de la mémoire des Communards. Tandis que les défenseurs du classement, la Mairie de Paris et le Ministère de la Culture, ont répondu que l’opération permettrait la reconnaissance de son architecture hors norme et une « réconciliation » entre Versaillais et Communards, un siècle et demi après l’évènement.  

Une hostilité bien ancienne, entretenue par un folklore inventif et créateur de de nombreux sobriquets tout à fait dévalorisants pour désigner la monumentale église néo-byzantine qui domine la Butte Montmartre :  

cette « verrue versaillaise », cet « odieux pain de sucre » ou encore ce « chou à la crème criard » semblait avoir perdu de son aura subversive, son projet punitif et expiatoire n’intéressait plus vraiment les promeneurs et les promeneuses, englouti par le décor de carte postale du quartier, avec ses commerces et ses bistrots-terrasses.  

Dans les pages de L’Humanité l’historien Olivier Le Trocquer, interrogé par Aurélien Soucheyre, rappelle que la construction d’un édifice religieux était déjà dans les tuyaux bien avant 1871, avec un objectif antirévolutionnaire déjà affiché pour contribuer au redressement moral d’une France où la sécularisation des pratiques et des esprits grignotait progressivement l’autorité de l’Eglise catholique. La défaite de la Commune a donné d’autant plus de force au projet jusqu’à la pose de la première pierre du Sacré Cœur en 1875.  

L’historienne Mathilde Larrère rappelle, quant à elle, qu’il y a eu depuis des tentatives de corrections, d’équilibrage mémoriels, dans le voisinage, à l’ombre du gigantisme du bâtiment : son adresse officielle sise rue du Chevalier de La Barre, « victime et icône de l’anticléricalisme », et un square à proximité baptisé « Louise Michel », une des grandes figures de Communards.  

Pour Eric Fournier, spécialiste de la Commune, qui signe une tribune dans les pages de Libération, cette polémique n’est rien d’autre qu’un « combat d’arrière-garde » qui masquerait la vitalité bien plus actuelle et plus opérante de la mémoire de cet épisode de l’histoire : « (une) mémoire vive de la Commune s’exprime, depuis quelques années, dans les espaces des luttes sociales les plus déterminées, dans les ZAD, dans les cortèges de têtes, dans l’université de Tolbiac occupée (en 2018), et, parfois, au dos de gilets jaunes. Et là, il n’est ni patrimonialisation ni réconciliation possible ».  

Si l’actualité de la Commune ne s’exprime pas dans la célébration du Sacré Cœur, elle agit bien ailleurs.  















En ouvrant des crédits, la loi peut même être réparatrice et manifester la volonté d’effacer au moins les conséquences d’un épisode historique honni : tel est l’objet de la loi du 30 mai 1873 sur la reconstruction de la colonne Vendôme, de la loi du 26 mai 1876 prévoyant la reconstruction de la maison d’Adolphe Thiers, détruite par les communards, ou de la loi du 30 juillet 1881, dite « loi de réparation nationale », pour les victimes du coup d’État du 2 décembre 1851.

C’est encore à la loi que nous devons la construction de plusieurs monuments expiatoires ou commémoratifs, dont le moindre n’est pas la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, érigée pour expier « les crimes de la Commune » en application de la loi du 24 juillet 1873. Sous la Quatrième République, la loi du 10 août 1950 est à l’origine du monument de Chasseneuil à la mémoire des héros de la Résistance, de même que la loi du 28 février 1951 prévoit un monument des Bretons des Forces Françaises Libres à Camaret.











EXTRAITS 












Pendant ce temps, prisonnier après l’affaire du garde Turpin, le général Lecomte défie le semblant de tribunal qui s’est constitué et, assez crânement, ne renie pas ses ordres de tirer sur des femmes et des enfants. Plus tard, la foule en capturera un autre, Clément-Thomas, Jacques Léon Clément-Thomas. Elle n’a pas de peine, la foule, à se souvenir qu’il fut un des plus sanglants bouchers des répressions de juin 48, et un des plus récents de ses ennemis, puisqu’il se mit immédiatement en avant pour réprimer l’insurrection du 31 octobre dernier. Il connaît ses risques, qu’il a cru minimiser en se rendant sur place en civil. Les gardes nationaux présents tentent de s’interposer. En vain. Les deux généraux Lecomte et Clément-Thomas sont fusillés, et même, selon toute vraisemblance, par leurs propres soldats. Tout cela se passait 6 rue des Rosiers. Pour nous, c’est derrière le Sacré-Coeur qui fut construit après la Commune, et la rue en question porte aujourd’hui le nom du Chevalier-de-La-Barre; l’endroit correspond au numéro 26, mais on n’y retrouve plus l’espace d’alors entre cour et jardin.
J’entends bien, mais je suppose que dans des guerres, les morts ne sont pas rares. Pourquoi cette insistance et tous ces détails sur ceux-là, alors que tu ne me dis même pas si Vaillant y assiste?
Premièrement, parce que ces morts, comme celles des otages, serviront au gouvernement à essayer de justifier des représailles disproportionnées.






Les monarchistes voient la République, la vraie, repoussée à un horizon lointain qui leur fournira sans doute de nouvelles chances.
Et les républicains, qu’ont-ils à y gagner ?
Ils ont déjà le nom, ils pensent que l’évolution de la société, avec l’émergence de classes nouvelles et nombreuses, issues de l’industrie croissante, ira lentement mais sûrement dans leur sens. D’une façon ou d’une autre, il faut bon gré mal gré digérer la Commune. Chacun le fait à sa façon, et c’est souvent le grand écart. La majorité met le paquet dans le genre monumental. Par une loi du 24 juillet 1873, la construction du Sacré-Coeur est déclarée d’utilité publique. Une énorme pièce montée, censée expier les crimes de la Commune.
Ça, c’est plutôt fair-play, non ?
Ne t’y trompe surtout pas. Il ne s’agit pas d’expier les crimes les plus évidents vus de notre époque, ceux de la répression versaillaise. Non, il s’agissait des crimes qu’on attribuait très généreusement et très systématiquement aux seuls communards. La butte de Montmartre, d’où tout est parti le 18 mars, est désormais écrasée sous une pièce montée gigantesque, un monstre menaçant qui surveille Paris comme un dogue son coin de jardin.
C’est un monument horrible?
Pour en juger, les goûts sont déterminants. Il paraît que les architectes n’étaient pas sans mérites. Ils ont combiné, dans une base de style français, à peu près tous les monuments religieux célèbres de style romano-byzantin. Saint-Pierre de Rome, évidemment, mais aussi Saint-Marc de Venise, et Sainte-Sophie de Constantinople. Constantinople, pour Vaillant, Istambul pour nous.
Vaillant n’a pas dû apprécier.
C’est à supposer, en effet. Il ne l’aura d’ailleurs pas vue achevée, elle ne sera consacrée que quatre ans après sa mort. Mais il en a vu la coupole, et même le campanile. Il n’y a pas que l’architecture. Les écrivains, volontiers chiens de garde des régimes en place, s’y sont mis aussi.




Mais tu ne me demandes pas pour Zola ?
Mais si, évidemment.
J’aime ta sincérité. Eh bien, sache qu’il est à Paris, et qu’il travaille dans un journal qui dénonce l’insurrection dès qu’elle se déclenche. Le 10 avril, les choses se gâtent au point qu’il s’en fallut de peu qu’il ne fût pris comme otage. D’où sa fuite, avec sa femme. Le 3 juin 1871, il a ce jugement délirant sur les événements qui viennent de se produire, jugement qu’on peut lire dans Le Sémaphore de Marseille. Il parle du peuple de Paris.
« Le bain de sang qu’il vient de prendre était peut-être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez maintenant grandir en sagesse et en splendeur. »
Quelle horreur ! C’est lui, l’ami des ouvriers ? On dirait un médecin de Molière qui parle d’une saignée pour soigner un rhume.
Je partage ce jugement, mais il aura des aspects qui pourront le racheter, et déjà, lui, au moins, est capable de tableaux de Paris où se révèle un vrai sentiment de compassion à l’égard de ce peuple, notamment de ces femmes et de ces enfants, s’efforçant de vivre au milieu d’obus qui éclatent. Il est courageux déjà face à Thiers, puis contre l’Ordre moral. Ce jugement épouvantable, il le ressortira cependant dans son roman La Débâcle au début des années 90, où il parle de Vierzon, si tu veux bien t’en souvenir. Mais, à la fin de ces mêmes années, il paraîtra exprimer une certaine sympathie pour ceux qui ont envie de faire sauter le Sacré-Coeur. On lit cela dans son roman Paris, qui fait partie de sa série Trois villes, avec Lourdes et Rome. Et puis, n’oublions pas ses autres romans, en effet, ni son admirable J’accuse, au moment de l’affaire Dreyfus. Il n’est pas de ces irrécupérables que sont Théophile Gautier…
Le poète Théophile Gautier, le gilet rouge de la Bataille d’Hernani !
On a peine à le croire. C’est lui pourtant qui ne vit là que monstruosités bestiales.
Il écrit : « Des cages ouvertes s’élancent les hyènes de 93 et les gorilles de la Commune. »




N’ignorons pas non plus que la gestation de la prestigieuse construction vierzonnaise est contemporaine de la non moins prestigieuse - et c’est le moins qu’on puisse dire - construction parisienne. Vierzon, c’est le lycée…
On construit un grand monument à Paris à cette époque-là ?
On a pris la décision juste après la répression de la Commune. En 1873, un groupe de cinquante députés s’affranchissent allègrement de la neutralité républicaine et inaugurent une vague d’idolâtrie fondée sur le culte du Sacré-Coeur. On lui consacre des communes en quantité - pas des paroisses, je dis bien des communes - et on promène des drapeaux tricolores avec le Sacré-Coeur cousu dans le blanc du drapeau. La guerre est déclarée, à la fois contre la liberté de conscience et contre la République, quelle qu’elle soit : là, on ne fait pas dans la nuance. Il est vrai que les tout premiers pionniers de cette construction, en janvier 73, pensaient aux malheurs de la France vaincue en janvier 71, donc juste avant la Commune : ils pensaient aux malheurs de la France vaincue par la Prusse. Mais quand ils obtiennent le vote de la loi qui déclare que cette église est d’utilité publique, que l’archevêque peut exproprier pour la construire, qu’il choisit précisément les terrains où se trouvaient les canons de la butte Montmartre et où les généraux Lecomte et Clément-Thomas ont été fusillés, le thème de l’expiation des « crimes » de la Commune s’impose. Crimes commis par les victimes, bien entendu, parce que pour les autres… Et puisqu’on parle de gros sous, on s’empresse de faire savoir que le financement se fera par souscription. On fait donc appel à l’argent des Français, volontaires bien sûr, dans une France qui est déjà soumise au remboursement de l’énorme rançon réclamée par la Prusse. Alors déjà à cette époque, quand on parle de crise, ça n’exclut pas qu’il y ait de l’argent en abondance, mais ça signifie qu’il n’est pas disponible également pour tout le monde, ni pour toutes les destinations. A peine un an avant cette inauguration vierzonnaise, on discute à la Chambre de l’abrogation de la loi du 24 juillet 1873 qui a permis l’expropriation et la construction, ses adversaires espérant empêcher que la construction ne prenne trop d’ampleur. Plus tard ils espéreront que sa démesure même la conduise à s’écrouler dans les profondeurs d’un terrain instable. Clémenceau y dénonce la mise en cause symbolique des acquis obtenus par la République depuis la Révolution française: "On a prétendu nous signifier d’avoir à demander pardon d’avoir combattu, comme nous combattons encore, pour les droits de l’homme, d’avoir à nous repentir d’avoir fait la Révolution française." On ne le laisse pas poursuivre. Des bancs de la droite, un cri retentit pour que les choses soient bien claires : "La Commune !" Au moment de l’inauguration, le doute n’est pas permis. Même si l’architecte diocésain Paul Abadie est lui-même paradoxalement un libre penseur, le discours prononcé le 16 juin 1875 une fois la première pierre posée va bien résolument dans le sens d’un monument « expiatoire » : "Oui c’est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément-Thomas et Lecomte que s’élèvera l’église du Sacré-Coeur." Sa construction est chaotique et longue, elle ne prendra fin que l’année même de la mort de Jaurès, un an avant celle d’Edouard Vaillant. Beaucoup souhaitent qu’elle s’achève prématurément, soit naturellement, en s’engloutissant sous son propre poids dans un sol fragile, soit par des moyens plus violents. Zola, comme pour se racheter des horreurs écrites sur la Commune dans La Débâcle, présente à la fin du siècle dans son roman Paris un personnage plutôt sympathique, le savant libertaire Guillaume Froment, parti pour faire exploser à sa base le « temple bâti à la glorification de l’absurde », arrêté au dernier moment dans son projet par son frère Pierre.







(Notre logo: le fond, symboliquement les pierres d'un mur, n'est rien d'autre que le mur du cimétière de Vierzon-Ville où repose Edouard Vaillant.)












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Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
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les 2 volumes 1044g 





















vaillantiser  
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté. 



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 



N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : 

Et bien entendu le dérivé "




TOUTES NOS DATES IMPORTANTES




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L'EDITEUR







LES POINTS DE VENTE LOCAUX


18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud (9 rue Voltaire)
(hélas fermé depuis le 21 juillet, malgré un grand soutien local, dont le nôtre)


 Espace culturel Leclerc  (48 avenue de la République)




 Presse tabac Mongeot(4 rue du Mouton)

Désormais dernière Maison de la presse à Vierzon

Photo:

Bourges 

 La Poterne (41 rue Moyenne)



 Point Virgule (46 rue d'Auron)



Cultura Saint-Doulchard
(mystérieusement exclu depuis 2016)


 Centre commercial Carrefour Bourges (Chaussée de la Chappe)

Référencement national - partout en France - dans les magasins Carrefour.
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).













Henrichemont 

 Maison de la Presse "Le Jardin des Fées"(10 place Henri IV)








36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur (Zone Commerciale Cap Sud, 10 Boulevard du Franc)





Aussi recommandés et également présents, le dictionnaire berrichon de Michel Pinglaut, le "Edouard Vaillant" de Gilles Candar, le "La face cachée de la Commune" d'Hélène Lewandowski. 





Issoudun 


 Centre commercial Leclerc(Rue de la Limoise)





Il y a aussi le livre sur le berrichon de notre président Michel Pinglaut 


COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16 

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1 11 15 

20 10 15 

28 08 15 




DOSSIER DE PRESSE






La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.



                                                                                                              (Vaillantitude)







La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 


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