JEUDI 8 DECEMBRE 2022
RÉUNION DE BUREAU
OUVERTE À REZAY
Comité
du Berry des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871
JEUDI 8
DECEMBRE 2022 REZAY (Cher)
INVITATION
Le comité du
Berry des Amies et Amis de la Commune de Paris a le plaisir
de vous inviter à
sa REUNION DE BUREAU OUVERTE
qui se tiendra à REZAY le JEUDI 8
DECEMBRE 2022 à partir de 10h.
Merci
de confirmer votre présence en utilisant le coupon fourni.
MODALITÉS
PRATIQUES
1-Le
déplacement :
Le
plus collectif possible en se contactant mutuellement et avec le suivi des
Ami-es du bureau pour faciliter la venue (voir contacts sur coupon).
2- Situation
de Rezay :
à 10
km au sud de Lignières sur la D80.
3-
Lieu :
Le
Bourg 18170 Rezay (Canton de Châteaumeillant – Arrondissement de Saint-Amand-Montrond
– Département du Cher). Voir plan annexe.
4-Début
de la réunion :
à 10
h (accueil).
5-Ordre
du jour :
(10h-12h/12h30)
A-
Vie du comité du Berry
fonctionnement-
finances- activités -communication -archives –relations avec le National.
B-
Actualité de la Commune
« Sur
les traces de la Commune » : projection de représentations dans l’espace public
faisant référence à la Commune de Paris (dossier « Actualité de la Commune »).
6- La
restauration :
(12h/12H30-14h)
repas
fraternel
au
même endroit que le lieu de la réunion.
Suivant la tradition historique et populaire, cette réunion
sera ponctuée vers midi d'un repas fraternel et communeux.
20€. Règlement sur place.
Communard
en apéro (payé par le comité). Entrée poissonnière avec salade. Rôti avec sauce
forestière et petits légumes (les grosses légumes sont indésirables,
d'ailleurs, ils vont en Suisse- MP). Plateau de fromages. Dessert maison.
Chateaumeillant,
Reuilly, Venesmes (blanc ou rouge) : 12 € la bouteille (payée par le comité
tout ou partie?).
7-Après-midi :
(14h-17h)
Projet
de Colloque national d’histoire porté par le comité du Berry.
-esprit,
groupe en charge, état des avancées ;
-présentations
par les ami-e-s des thématiques historiques des possibles intervenants/tes ;
-projections
et calendrier.
8-fin
de la réunion :
à 17h.
Comité du Berry des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 Compte rendu de la réunion du Bureau Jeudi 08 décembre 2023 - Rezay |
Conformément aux décisions de l’AG de Graçay, ce
bureau est élargi à tout.e volontaire.
Adhérents/tes présent(e)s :
Jean Annequin – Michel Pinglaut – Jean-Marie Favière – Marie-Thérèse Kuntz (trésorière) - Danièle Annequin - Eliane Aubert Colombani - Denis Bonnet - Sylvie Bonnet - Marie-Annick Bourguignon – Jean-Claude Bourguignon - Christiane Carlut – Bernard Evenot - Mireille Langlois – Robert Langlois - Caroline Maigne-Neveu – Edwige Sallé
Excusé(e)s :
Georges Chatain- Manuel Félix – Lucette Lecointe - Ginette Gérard - Jean-Claude Cammas - Marie-Jo Cammas - Alain Garaude- Jacques Pallas.
Introduction – Michel Pingaut
Des nouvelles de
Michel Gouvernaire. Un mot de sympathie signé par chacun lui sera envoyé.
Évocation des
réunions de coordination avec le national qui se font maintenant par visio.
Participation de Michel à ces réunions avec le souhait de rendre bien visible
l’activité du Comité du Berry.
Critiques sur
l’AG 2022 de l’association nationale et propositions pour apporter des
améliorations pour celle de l’année 2023.
Contacts avec la
FOL pour avoir une aide sur le budget de subvention pour l’événement « histoire »
prévu pour l’année 2024.
Points évoqués le matin :
®
AG
2023 du Comité du Berry des AACP :
-
Date
prévue : le samedi 4 mars 2023
-
Lieu
prévue : Issoudun ou Buxeuil.
®
Commémoration
Edouard Vaillant : le dimanche 18 décembre à 10h30 – cimetière du
centre-ville de Vierzon – discours et achat de la gerbe assurés par le Parti
Socialiste de Vierzon.
®
Différents
questionnements :
Sur
l’organisation des réunions du bureau élargi :
-
Les
réunions se déroulent des jours en semaine donc impossibilité de participation
pour les ami.es qui travaillent -> proposition : tenter de faire les
réunions le samedi.
- La question du secrétariat, et des prises de notes avec comptes rendus de ces réunions. -> proposition : faire un rapide relevé de notes sur les grands axes évoqués lors de la réunion, les intervenants sur les différents sujets pouvant envoyer une synthèse écrite de leur contribution qui sera annexée au relevé de notes.
®
Point financier- Marie-Thérèse Kuntz présente
le solde de compte bancaire à fin octobre 2022
- Une assurance a été souscrite à l’APAC, assurance en lien avec la FOL – légèrement inférieure aux tarifs connus à la MAIF ou MACIF.
- Point sur les factures à faire pour des prestations de Michel Pinglaut à Saint-Florent et à Bourges (au Hublot) et encore pour des livres vendus à la médiathèque de Bourges.
®
Présentation par Jean-Marie d’un PowerPoint
de Sylvain Neveu :
« Sur les traces de la Commune » : projection de
représentations dans l’espace public faisant référence à la Commune de Paris
(dossier « Actualité de la Commune ») ; photos et visuels qui montrent la
présence et l’actualité de la Commune de Paris dans les mots d’ordre lors de
différents mouvements sociaux récents.
Points
évoqués l’après-midi :
® Suite de la réflexion sur le projet de
Colloque national d’histoire porté par le comité du Berry.
Date prévue : 2024.
Objectifs : transmission de savoirs et de
connaissances sur le sujet de la Commune de Paris.
Forme du projet ?
-
Quels thèmes ?
-
Quelle forme : colloque sur un seul temps
donné ou avec plusieurs événements répartis dans l’année – quelles
fréquences ?
Quels moyens ?
Présentations de divers sujets et approches historiques du projet :
- Présentation générale de nouvelles pistes historiographiques. Jean Annequin
- Démocratie directe par le bas. Jean Annequin
- Les femmes. Sylvie Bonnet
- L’instruction J.-M. Dupeyron. Jean-Marie Favière
- Le travail. Jean Annequin
- Science et communication. Sylvain Neveu
- Les arts et l’histoire contrefactuelle. Christiane Carlut
- La province et le communalisme. Jean Annequin.
- La Commune dans le monde. Marie-Annick Bourguignon
- L’exil. Denis Bonnet
- L’amnistie. Jean Annequin
- Les femmes. Caroline Maigne-Neveu
- La culture de guerre au moment de la Commune. Sylvain Neveu.
Prochaine réunion de bureau ouvert le
vendredi 20 janvier 2023 sur la journée de 10h à 17 h, conditions
pratiques
- lieu : Sainte-Lizaigne (36100), commune
proche d'Issoudun
- réunion : salle municipale mise à
disposition aimablement par M. le Maire
- restauration : Café l'Atelier du village -
repas à 3 plats autour de 20 € (nombre maxi 20)
Contribution: Jean Annequin
SYNTHÈSE DES PRÉSENTATIONS
HISTORIQUES
I-(intro) Hors thématiques : présentation générale
des nouvelles pistes
auteurs: Deluermoz-Dupeyron-César-Cordillot
les contributions : synthèse des contributions
« Perspectives » des actes colloques/ouvrages bilans
Etat général des recherches et travaux
Retour à l’histoire de la Commune par les faits, les
perceptions des acteurs, l’exploitation d’archives nouvelles, les expériences
au ras du sol, le moment Commune 1870-1871, les formes narratives- nouveaux
regards sur les femmes, le genre, l’exil -références aux luttes sociales
Réinvestissement de l’objet Commune (politisation, province)
par des champs aussi non universitaires
Recherche de dialogue philosophie/ histoire pour aborder la
vie révolutionnaire de la Commune : mise en lumière du praxis populaire,
de la politique sociale et éducative de la Commune, du concept plus riche de
République-redécouverte d’écrits
Liste de nouvelles pistes liées aux constats et aux manques
Micro histoire dans les quartiers de Paris et dans la
province et les campagnes
Le rapport Commune et communalisme
Sortir du cadre parisien
Besoin d’élargissement temporel
Multiplicité de lectures et d’usages, projections contemporaines
(expositions, œuvres, …), croisement des échelles de tailles différentes
Massifs d’archives à exploiter : des groupes d’acteurs
peu étudiés (Garde Nationale, métiers qualifiés, journalistes, « petites Communes »,
dimensions de la Commune de Paris, dynamique des crises
révolutionnaires, insertion sur le temps long, l’après Commune et les reconquêtes réactionnaire et religieuse
(espaces, population), sens donné à la Commune après l’amnistie de 1880
II-Thématique : Démocratie par le bas et directe
1-autrice : Gauthier
la contribution : article lien Province-pays rural « La culture
populaire politique donne sa forme à la Commune »/ colloque
Intérêt 1 : comprendre que la conception de la société
politique que la Commune cherche à construire est issue de la culture politique
populaire vivante dès le Moyen-Âge et transmis des campagnes (assemblées
d’habitants) aux villes autour du commis de confiance ou mandataire- / caractère
rural original de cette conception
Intérêt 2 : décorticage du système électoral de la
Commune qui s’est construit sur le principe du commis de confiance - référence
par la proclamation du 25 mars du comité central de la Garde nationale
Intérêt 3 : étude de la démocratie communale entre démocratie
directe et démocratie représentative
Intérêt 4 : regard sur les femmes et le droit de vote
Intérêt 5 : culture politique populaire n’entendant pas
séparer l’Etat de la société (contraire à aujourd’hui)
2-auteur: Dupeyron
la contribution : son introduction de présentation
sur la Commune en actes /colloque
Intérêt : la pensée populaire en actes au ras du sol et
des quartiers, fil rouge du colloque : « Penser la
Commune »
3-auteur : Deluermoz
la contribution : chapitres de son ouvrage
« Commune(s) »
Intérêt : ses apports nouveaux en lien direct avec les
groupes populaires, les stratégies par le bas et les logiques d’actions menées
dans les arrondissements de Paris
4-autrice : Léger
la contribution : article « Les clubs
populaires, la passion des débats »/revue 150ième
Intérêt : une plongée dans la démocratie populaire des Clubs
et leur rôle central dans la pression sur le Conseil général de la Commune et
l’interpellation des élus
5-savoir autre
auteur: Peynot
la contribution : article « Des laboratoires
pour changer le monde »/revue 150ième
Intérêt : la démocratie populaire par les
arrondissements et leurs spécificités suivant les espaces et les élus
-créativité des bases
III-Thématique : micro-histoire/Province et
fédéralisme-communalisme
1-auteurs : Deluermoz-César -Ben Slama
les contributions : synthèse de leurs apports
respectifs
Intérêt : des regards provinciaux généraux partant des
villes urbaines vers les espaces ruraux et l’idée de Fédération de communes-
(Deluermoz) au sujet du projet fédéraliste -(César) un regard complet sur
1870-1871, des communes urbaines aux résonances en campagnes, l’originalité des
Ligues créées avec leur programme radical - les raisons des échecs - (Ben
Slama) ciblé sur Lyon et le réseau des villes du Sud avec regard sur les ligues
provinciales
2-auteurs : Quaretti -Le Gall-Frayssance
les
contributuions : micro histoire provinciale
Intérêt: une micro histoire
départementale et locale - des pertinents comparatifs avec le Berry dans
la spécificité des espaces (éloignement, terres, …) et la réalité des faits
(dimension des événements, peurs, …) : entre un Roussillon politisé mais
ayant eu une Commune rurale, seul cas ; un Morbihan conservateur et religieux comparable ; un Aveyron conservateur et
très clérical à dominante rurale identique- d’où des ressemblances et des différences porteuses de comparaison et
une forme de synthèse provinciale rurale apportant des réalités nouvelles
3-autrice : Pauline Cossart
la contribution : « Le communalisme naît-il de
la Commune »
Intérêt : explications sur le sens du communalisme souhaité
(se fédérer entre communes), son origine bien avant la Commune et son actualité
avec le néo municipalisme- apport important des réflexions critiques de Murray
Boockchin,à la pensée reprise par les kurdes du confédéralisme démocratique en
Rojava.
IV-Thématique : le travail
1-auteur: Chuzeville
la contribution : synthèse de l’ouvrage « Léo
Frankël »
Intérêt : pratique d’un militant d’origine étrangère, responsable
de la commission travail et échange de la Commune, pleinement pour la classe
ouvrière, véritablement révolutionnaire, laissant agir les bases populaires par
l’autogestion dans les arrondissements et soutenant les femmes pour leur
émancipation économique
2-autrice : Colombani
la contribution : article « La Commune comme
expérience de travail »/ colloque
Intérêt : la question sociale centrale (place des
producteurs/productrices) - questionnement du lien des communards avec le
travail : travail qui doit être bien fait (nombreux métiers qualifiés) /
faut-il réglementer le travail et comment ? l’exemple des décrets
(interdiction du travail de nuit des boulangers) et l’insertion des droits dans une époque de
transition des formes de travail- Le travail valeur forte : forme
d’éthique du travail par la contribution à la société, fierté- réflexion :
comment organiser démocratiquement la production et produire ? place de
l’autogestion. -au final le travail comme activité faisant partie de
l’émancipation.
V-Thématique : Exil, déportation, amnistie
-autrice : Anne Simonin
la contribution : article « La Commune n’a pas
été amnistiée »/ revue 150ième
Intérêt : remise en cause de la nature et de la réalité
effective des amnisties de 1879 et 1880.
Création d’un monstre juridique, la grâce amnistiante, couplant
un acte exécutif -la grâce (le pardon) - et un acte législatif -l’amnistie
(l’oubli).
Constat accablant : des communards en nombre non
grâciés donc non amnistiés (passés par les armes, massacrés, condamnés à mort et
exécutés- sans commutation de peine, …).
Résolution de 2016 n’ayant aucune valeur car n’étant pas une
loi mémorielle
Contribution: Sylvie Bonnet
Carolyn J. Eichner
Pas de révolution sans les femmes
"Hystérisées, diabolisées, accusées de conduite et de moralité mauvaises, de sauvages ou de monstres, altérées de sang qui n'ont plus de femme que le nom; accusées de se faire recruter pour concubinage, démoralisation et débauche auprès des soldats."
Celles qui
survécurent aux batailles de rue et échappèrent aux exécutions sommaires furent
jugées, déportées, condamnées aux travaux forcés, emprisonnées, souvent
internées au couvent où, même dans ce lieu, "on craignait que leur simple
présence ne corrompe cet espace masculinisé et que d'un lieu de déportation, on
en fasse un lieu de prostitution."
C'est parce
qu'elles ont toujours été surexploitées, subissant brimades, harcèlements et
une misère noire, que ces femmes pauvres et humiliées se sont mobilisées et ont
joué un rôle déterminant dans la Commune de Paris qui ne dura que 72 jours.
Elles ont
largement fait leur part.
Au côté des
hommes, ouvrières, couturières, paysannes, se rallièrent à des institutrices,
journalistes, romancières ou oratrices, montèrent des barricades, prenant les
armes pour affronter les troupes de Versailles, suscitant là encore -
décidément - des réactions hostiles de la part des officiers de la garde
nationale. Elles soignèrent également les blessés, endossèrent le rôle de
cantinière ou d'ambulancière.
En dehors de
toute structure gouvernementale officielle, dès le début, elles prirent la
parole lors de réunions de clubs et dans les comités de vigilance, défendirent
vivement les droits à la liberté et à l'égalité; demandèrent de bannir la
prostitution, de valider le droit au divorce et la reconnaissance de l'union
libre, l'équivalence des salaires avec ceux des hommes, l'ouverture des écoles
laïques pour les filles. Leurs idées progressistes expérimentant le socialisme
féministe, menées de façon démocratique, et leurs combats sur tous les fronts,
n'ont guère inspiré les historiens. Est-ce parce qu'elles étaient des femmes?
Est-ce parce que la Commune les a libérées, émancipées, et que les hommes ont
douté voire eu peur?
Contrairement
aux détracteurs de la Commune qui ont souvent restreint la place des
communardes au rôle de "pétroleuses", Carolyn J. Eichner, professeure
à l'université états-unienne du Wisconsin, a regroupé ses recherches dans un
livre paru en 2020: "Franchir les barricades. Les femmes dans la Commune
de Paris". Elle y a analysé et développé les thèmes dont je me suis
inspirée pour élaborer ce résumé et met en lumière les noms de nombreuses
"oubliées". De Françoise Gacoin-Marty à Marguerite Guindaire-Prévost,
de Paule Minck à Elisabeth Dmitrieff, cette dernière fondatrice de l'Union des
femmes pour la défense de Paris, et de tant d'autres.
Notre
société est secouée par une crise économique, sociale et sociétale, politique,
gouvernementale. La guerre tue en Ukraine, au Yémen, au Darfour... Au risque de
leur vie, les femmes iraniennes défient le pouvoir théocratique, les Chinois
manifestent leur exaspération, les femmes afghanes se dressent face aux
"fous de Dieu". La vigilance et la lutte sont et seront toujours
d'actualité.
Comme l'a dit
Boileau: Hâtez-vous lentement et sans perdre courage
Vingt
fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez
Ajoutez
quelquefois et souvent effacez.
Contribution: Jean-Marie Favière
Thématique : l’instruction
auteur: Dupeyron
la contribution : synthèse
de l’esprit de l’ouvrage « A l’école de la Commune de Paris »
Jean-François
Dupeyron À l’école de la Commune de Paris L’histoire d’une autre école
Editions
Raison et Passions (2020, pour le 150e de 2021)
L’auteur
est enseignant chercheur en philosophie de l’éducation à l’Université de
Bordeaux.
J.-F.
Dupeyron met l’accent sur deux antithèses majeures dont l’action éducative de
la Commune de Paris est le centre d’intérêt.
S’agissant
des faits, l’auteur suit avec une grande attention les efforts éducatifs pour
« une école émancipée construite par et pour le peuple » depuis les
années 1830 jusqu’au début de la Grande Guerre en 1914. On pourrait imager sa
vision de cette éducation populaire comme une eau souterraine qui court sous la
surface visible des organisations scolaires gouvernementales, qui affleure une
seule fois à l’occasion de la Commune de Paris, avant de retourner sous terre
aussitôt après, et ce n’est pas la période Jules Ferry qui lui permettra
d’affleurer à nouveau, bien au contraire.
Comme
le disait en effet dès 1991 le chercheur en éducation et inspecteur de
l’Education nationale Jean Foucambert, dans son livre dont le titre dit tout (L’École
de Jules Ferry, un mythe qui a la vie dure), ces lois scolaires, qui font
partie du roman national, sont, en réalité, des lois versaillaises visant à
empêcher les projets scolaires authentiquement républicains, projets
d’émancipation du peuple, qui menaçaient d’émerger à nouveau, et, au contraire,
faites pour soumettre les travailleurs aux exigences du patronat de l’époque.
Le projet éducatif de Ferry n’est pas la translation dix ans après du projet
communard, il en est la négation. Il ne s’affranchit - et d’ailleurs que
partiellement - de la tutelle ecclésiastique que pour mieux se donner à celle des
patrons et des financiers. C’est souterrainement que la Commune a bénéficié des
expériences éducatives libératrices du passé, c’est souterrainement qu’elle
passe le relais aux organisations ouvrières qui vont la suivre, à la CGT
principalement. Après Jean Villar pour le TNP, Dupeyron aurait pu reprendre à
son compte, pour définir l’action éducative si originale de la Commune, le mot
d’ordre de Maïakovski : « L’élitisme pour tous. » Il est clair qu'après 140 ans d'école ferrienne de plus en plus inégalitaire, on est aux antipodes de cela.
S’agissant
maintenant de la connaissance de ces faits et de leur diffusion dans la société
par le moyen de l’école et des médias dominants, il va de soi qu’un seul mot
résume la situation : c’est l’occultation, occultation systématique de ce que furent
réellement les enjeux et les actions.
Contribution: Sylvain Neveu
Sur quelques travaux d’Éric Fournier.
Éric Fournier a notamment travaillé sur les « Ruines de Paris », titre de sa thèse de doctorat dans laquelle il applique à l’expérience communaliste la notion de « culture de guerre », concept développé par les historiens Stéphane Audouin-Rouzeau et Annette Becker. Il a également travaillé sur les aspects mémoriels de la Commune. Il est aussi l’un des rares sinon le seul chercheur à avoir montré le rôle de la Délégation scientifique, dirigée par Parisel, dans les imaginaires tant communards que versaillais.
Au moment de l’investissement de la ville par les troupes de Thiers, les fédérés sont dans l’attente de la mise en œuvre des armes promises par Parisel, qu’il s’agisse de canons à pétrole, de mines explosant à chaque coin de rue et autres feux grégeois. Pour les versaillais, la crainte est réelle : toute barricade est censée sauter à l’approche des troupes et les incendies sont la preuve manifeste d’une volonté délibérée et planifiée par les hommes de la Délégation scientifique ayant engagé femmes et enfants dans le complot.
Pour
Éric Fournier, la Délégation dirigée par Parisel est avant tout liée à une
tentative de concrétiser des rêves qu’il qualifie de « verniens », en
référence à l’auteur des romans d’anticipation. On sait que rien n’est jamais
sorti de concret de l’officine de Parisel et qu’aucune des promesses tant
vantées ne se sont réalisées. Certains y ont cru, comme Jules Vallès ou Paschal
Grousset, mais d’autres ont toujours été réticents et dénonçaient régulièrement
l’inutilité de la démarche, comme Jules Andrieux ou Gustave Lefrançais. Dans
son article sur Parisel dans « La Commune de 1871, une relecture », Éric
Fournier s’interroge sur l’oubli dont a fait l’objet le chef de la Délégation
scientifique alors qu’il aurait pu symboliser toute la volonté destructrice
prêtée aux communards. Il résume la situation par la formule
suivante : « Les deux camps espèrent ou redoutent donc quelque
chose qui n’existe pas, mais dont l’inexistence même, paradoxalement, est une
des causes de la violence effective des combats, des massacres et des
incendies ». Ce sont toutes ces articulations qui peuvent nous éclairer
sur l’un des aspects les plus tragiques de la fin de la Commune.
I / ERIC
FOURNIER
Historien spécialiste de la Commune de Paris et de
son enjeu mémoriel, de l'imaginaire social et révolutionnaire du XIXe siècle.
Maître de conférences à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre du
Centre de recherche d'histoire du XIXème siècle.
La
commune de 1871 : un sphinx face à ses images
–
Commune :
très abondante production discursive, nombreuse images sur supports variés
(photographie, photomontages, lithographies, gravures, esquisses, peintures à
l'huile, cartes postales, vues stéréoscopiques, caricatures, gisants,
sculptures). Fin XXème : films et B.
–
Après Tillier
(Commune, une révolution sans images?), Fournier note une absence
majeure : des images sans révolutionnaires ?
–
3 temps sont
repérés :
–
occultation
de la Commune par la troisième
république en une damnatio memoriae : lois de décembre 1871
interdisent de s'exprimer sur la Commune, sauf à la honnir résolument. Cesse
avec lois sur la liberté de la presse de 1881
–
damnatio
memoriae : châtiment rare
frappant les pires ennemis de l'état romain : après leur mort, leurs noms
étaient effacés des monuments, leurs statues renversées, leurs anniversaires
déclarés jour néfaste.
–
Versaillais,
pétris de culture latine, cont onscience que la damnatio memoriae est une arme mémorielle de destruction
massive : un effacement infamant où la dignité d'acteur politique n'est
jamais accordée aux insurgés.
–
La corporation
photographique fait le choix des ruines de Paris, se concentrant sur une
approche purement esthétique : ruines pompéiennes, détails pittoresques,
gommant toute trace de contemporanéité. Une entreprise de damnation de la
mémoire.
–
commune
représentée comme une barbare transgression des normes, normes du genre notamment, dévoilant le caractère
contre-nature des insurgés : communards représentés de manière
monstrueuses (voir Paul Lidsky : « les écrivains contre la
commune), » les « pétroleuses » déshumanisées, furies impudiques
(« le sabbat rouge » de Jules Raundnitz[1])
–
la faible
densité narrative des images est,
entre ces deux extrêmes un dernier procédé permettant de dénier aux communards
le statut d'acteur politique, afin de les figer leurs « crimes ».
Représentations de scènes figées ou de tragédies inéluctables, pour la
représentation des incendies et les épisodes sur les otages. Les photomontages
d'Appert[2]
(« Les crimes de la Commune ») éludent la confusion, présentant des
scènes montrant une froide détermination des insurgés aux exécutions et aux
crimes.
–
Appert,
accrédité par les autorités versaillaises, a constitué un fichier
photographiques des communard.e.s incarcéré.e.s. A réalisé ses photomontages à
partir de ces photos. Les vends aux communards, aux versaillais, vend les
photomontages : un sens commercial affirmé. La corporation photographique
a tendance, depuis le second empire, à se légitimer comme auxiliaire de
l'ordre.
–
mémoire
révolutionnaire : autour de la semaine sanglante
–
Manet ne réussit
pas à peindre le tableau prévu pour le salon de 73, à partir de ses
esquisses : « Barricade » et « Guerre civile »
–
Courbet et la
truite (meurtrie mais vivante) représentant la fin de la Commune.
–
Aux monstres et
aux effacements versaillais répondent les spectres de la Commune (imaginaire
révolutionnaire européen). Manifeste du parti communiste : « un
spectre hante l'europe, le spectre du communisme ».
–
Commune :
culte des morts au mur des fédérés. Louise michel : « Nous
reviendrons (…) spectres vengeurs sortant de l'ombre ».
–
Le
spectre : ce qui ne peut disparaître et porte la promesse d'un retour.
–
3 formes :
le mourant, l'idée, le mort-vivant.
–
Le
mourant :
–
« le
triomphe de l'ordre » de Pichio : mort stoïque et exemplaire
–
« Vive la Commune »
de Maximilien Luce, insurgé ouvre sa chemise et défie les vainqueurs.
–
L'idée
invincible :
–
« L'année
terrible » de Hugo : « Les morts sont des vivants mêlés à nos
combats ».
–
Absence des
communards : traces de sang, impacts de balles, couronnes mortuaires :
procédés iconographiques dominants des images de la mémoire des vaincus.
–
Le mur des
fédérés comme page vierge où s'écrit et se réécrit le martyr de la commune.
–
Le
mort-vivant :
–
Steinlen :
« Au mur des fédérés, il faut des régiments pour garder ces
morts-là » 1894
–
Paul Moreau
Vauthier : « Mur des révolutions » 1907 : tente de
réconcilier toutes les victoire, de Mg Darboy aux communards : opposition
des partisans du mur authentique
–
Ernest Pignon
Ernest : « Gisants de la Commune de paris », 1971
- La commune vivante : films et BD
–
Armand Guerra
1914 « La commune »
–
Grigori
Kozintsev et Leonid Trauberg, "La nouvelle baylone" 1929
–
Peter Watkins
« La commune » 2000
–
Castex et Milo,
la commune dans « histoire de France en BD », 1978
–
Charras et
Montellier, « le sang de la commune » 1982
–
Tardy etc...
[1]https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Sabbat_rouge
[2]https://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_de_la_Commune
II /BERTRAND
TILLIER
« La
Commune de Paris Révolution sans images ? Politique et représentations
dans la France républicaine (1871-1914) », Seyssel, Champ vallon
Historien des images, des objets médiatiques et un historien de
l'art français
Maître de conférences en histoire de l'art contemporain à
l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- L’étude des relations entretenues par
la Commune avec les arts, les images et les artistes n’avait pas fait l’objet
d’une recherche spécifique. Cette lacune peut étonner au regard de l’abondante
bibliographie concernant la Commune
- Les représentations picturales
rattachées à la Commune ont plus souvent été utilisées comme illustrations de
textes qu’elles n’ont été examinées pour elles-mêmes.
- Plusieurs raisons à ce
phénomène :
- persistance de vieux clichés : la
Commune, en raison de sa brièveté, n’aurait pas été un événement propice à la
création artistique et à la fabrication d’images : Tillier prouve le
contraire et insiste sur la diversité des supports, des styles et des
significations des œuvres produites au moment même et dans les décennies qui
suivirent la révolution communarde.
–
tentatives
de mise à l’écart des images de la Commune qui prouve l’efficacité des décrets
de censure de la Troisième République au lendemain de la Commune posé comme
condition nécessaire à l'amnistie de 1881
- Tillier convoque différentes
disciplines : histoire, histoire de l’art, sociologie, des champs
d'investigation distincts : politique, esthétique, diffusion médiatique,
et de nombreuses sources d'archives : archives de police, archives de la
Fédération des artistes, correspondances d’artistes, œuvres dont il faut
retracer la genèse, etc.).
–
Il
reste ainsi toujours très attentif à restituer le contexte de création des
œuvres examinées afin de mesurer son impact sur les pratiques artistiques
(communardes ou anti-communardes ; au moment de la Commune, de la période
d’exil, du retour de l’amnistie ou de la vague des attentats anarchistes
fin-de-siècle) et sur l’évolution des discours et de l’imaginaire suscités par
la Commune.
–
Les
artistes, reconnus (Jules Dalou, Gustave Courbet, Edouard Manet, Maximilien
Luce) ou oubliés, sont d’abord envisagés dans la diversité de leurs attitudes
et de leurs engagements : la majorité se tient à l’écart de Paris pendant
les événements, ce qui implique déjà une distance dans le ressenti du phénomène
communard ; d’autres sont résolument versaillais (Ernest Meissonnier,
Jean-Paul Laurens ou Jean-Baptiste Carpeaux), et c’est donc une minorité qui
participe à la Commune notamment au sein de la Fédération des artistes ou de la
Garde nationale.
–
Tiller
montre l'ambiguïté des engagements artistiques dans la Commune, entre
l’héritage de la figure de l’artiste-citoyen issue de 1789, la diversité des
parcours préalables des artistes engagés, et la dimension corporatiste d’un
mouvement qui entend que les arts soient administrés par les artistes eux-mêmes
dans la lignée de la Commission artistique pour la sauvegarde des musées
nationaux créée en 1870.
–
Le
sort réservé à Courbet au sujet de le colonne Vendôme résume la manière dont
les artistes ont été l’objet d’une manipulation sémantique dans les discours de
la répression versaillaise : la fonction de préservation du patrimoine,
l'une des missions de la Fédération des artistes est totalement occultée pour
ne laisser place qu'à la représentation d’une force destructrice (les incendies
et ruines dans Paris (voir le rôle de la photographie de « Paris
brûlé »)
- La thèse centrale de l’ouvrage est de
montrer comment la Commune semble s’être toujours soustraite à la
représentation comme un « point aveugle » de notre histoire :
une révolution sans images ? D'un côté les censures du pouvoir républicain
sur l’imaginaire communard, mais de l'autre, l'auto-censure des artistes
pro-communards (les truites de Courbet, les croquis des barricades de Manet
jamais achevés en peinture), échouent à rendre compte de l’événement ou sont
condamnés à une diffusion marginale
–
Le
grand intérêt de l'étude de Tillier est de croiser le politique, le social et
le culturel. Il fait dialoguer des représentations complexes, parfois
contradictoires et souvent paradoxales : les caricatures, les
photomontages d’Appert, les panoramas, des motifs visuels comme la ruine,
l’incendie, le sang, Louise Michel, le mur etc., des modes de figuration (le
portrait) ou des courants esthétiques (l’impressionnisme, le symbolisme).
–
Il s'agit de la mise en place d’une
configuration historique et esthétique, analytique et sensible, de tous les
modes visuels par lesquels la Commune a été présente (et souvent présente par
son absence et son éloignement mêmes) dans la société française de la fin du
dix-neuvième siècle.
III / HISTOIRE CONTREFACTUELLE OU UCHRONIE
L'HISTOIRE CONTREFACTUELLE OU UCHRONIE, émerge au milieu du XIXème siècle avec l’essor du roman et l’intérêt croissant pour l’histoire. Il s’agit d’une « œuvre de fiction qui part de l’histoire telle qu’elle s’est déroulée pour présenter une histoire alternative à partir d’un point de bifurcation 1». C'est le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification du passé. Elle a un « caractère ludique, ironique, distancié ».
La
période actuelle est caractérisée par la confusion croissante entre réel et
fiction et un puissant désir d’autres horizons. Ce contexte est
particulièrement propice aux expériences contrefactuelles4.
Le
premier auteur d’une « histoire alternative » est Louis Geoffroy qui publie en
1836 « Napoléon et la conquête du
monde 1812-1832 - Histoire de la monarchie universelle », dans laquelle
Napoléon soumet la Russie et la Grande-Bretagne, achève la conquête égyptienne,
puis s’attaque à l’Asie pour finir empereur du monde.
Charles
Renouvier publie ensuite son «
Uchronie » en 1857. Il « démontre le rôle de la liberté face au fatalisme
historique, au déterminisme, au rôle de la Prédestination et de la Providence.
Du point de vue méthodologique, l’Uchronie assume sa forme fictionnelle et ses
ambitions philosophiques5 ».
L’usage
de la démarche contrefactuelle traverse les sciences sociales, l’histoire bien
sûr, mais aussi les relations internationales, l’économie, l’art et la
littérature. Tite Live, Blaise Pascal, Louis-Auguste Blanqui, William Morris,
Max Weber, Winston Churchill, Fernand Braudel, Pierre Bourdieu, Robert Vobel,
Mona Ozouf, Jared Diamond en ont emprunté les outils, dans un sens scientifique
ou littéraire.
Max
Weber avançait, dans ses « Essais
sur la théorie de la science6 » en 1906, que seule l’analyse contrefactuelle
peut conférer à l’histoire le statut d’une véritable science, en identifiant et
en hiérarchisant les causes en histoire, et donc en mesurant la signification
historique d’un événement.
Il
faut sélectionner une cause parmi une infinité d’autres, puis, pour prouver
l’existence d’une relation causale entre la cause sélectionnée et les effets
constatés par l’historien, le chercheur doit faire abstraction de cette cause
ou bien la modifier. Cette expérience imaginaire doit pouvoir déterminer des «
possibilités objectives » qui vont permettre de hiérarchiser les causes7.
Fernand
Braudel a également utilisé la
méthode pour « mesurer l’impact des grands hommes et l‘importance des
structures 8».
Robert
Vobel a appliqué au champ
économique l’analyse contrefactuelle dans une étude sur l’importance du chemin
du chemin de fer dans la croissance économique des USA au XIXème.
>>
En substituant au chemin de fer les canaux de navigation et en projetant des
statistiques fictives, il a pu identifier avec certitude des facteurs de
causalité et établir une équivalence de ce niveau de croissance. Cette approche
s’est institutionnalisée dans la Cliométrie9.
Dans
le champ des relations internationales, la démarche contrefactuelle permet
d’analyser les crises, en particulier les crises militaires qui permettent de
définir des événements décisifs, sujets à la définition claire d’un avant et
d’un après.
La
relation entre fiction et histoire est précisée par l’historien Carlo
Ginzburg, qui rappelle que la connaissance historique est indirecte,
indiciaire et conjecturale :
-
indirecte car l’historien n’a pas vécu l’époque qu’il étudie, et doit donc
recourir à l’imagination ;
-
indiciaire, la connaissance historique l’est par définition : elle est trouée,
incomplète, par trace, et fondée sur les archives. Ses conditions de production
confèrent à cette discipline un statut flou, ambigu, entre la science et la
littérature ;
-
conjecturale : le chercheur recourt à l’imagination pour formuler des
hypothèses de travail10...
Mona
Ozouf, dans « Varenne », emprunte
la méthode contrefactuelle pour tenter de se situer en dehors de la certitude
que confère à l’historien la connaissance de la suite des événements. La
posture téléologique qui consiste à expliquer un fait historique en fonction
d’évènements postérieurs ou d’une finalité, donne l’impression que ce qui est
advenu était inévitable. Le raisonnement contrefactuel permet d’y échapper.
Cette
analyse, dit Pierre Singaravelou, « permet de montrer que les processus
sociaux ne sont pas univoques, que l’histoire est aussi l’opportunité de choix,
d’opportunités plurielles. Le contrefactuel permet d’éprouver un devenir
historique moins linéaire, plus irrégulier, il peut bousculer les continuités
et les déterminismes trop lisses [...] et appréhender dans les archives les
futurs craints, les futurs espérés du passé, pour saisir plus finement les
moments d’ouverture des possibles : les révoltes, les révolutions»11.
Pour
Quentin Deluermoz et Pierre Singaravelou, l’histoire contrefactuelle
peut rendre la parole aux perdants de l’histoire, « histoire souvent écrite par
les vainqueurs et qui a tendance à écraser les potentialités ». « L’histoire
ferme l’éventail des possibles à chaque instant » écrivait Bourdieu.
Tous
les possibles, pour Bourdieu, sont révoqués une fois pour toutes par
l’histoire, et pire, deviennent impensables a posteriori. C’est peut-être le
rôle du chercheur en sciences sociales de retrouver ces possibles du passé, de
les documenter afin de restituer les luttes et les horizons de l’époque
étudiée.
On
aborde ici la dimension politique de l’histoire contrefactuelle en rouvrant les
potentialités du passé. Cette démarche peut permettre de libérer les possibles
du futur et donc de réarmer notre capacité d’action dans le présent12.
_____________________________________
1
- Pour une histoire des possibles : analyses contrefactuelles et futurs non
advenus, conférence de Pierre Singaravelou, Maison des sciences de l’homme,
https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=-WIoWiITV- c
2
- Régimes d'historicité - Présentisme et expériences du temps, Sciences
humaines, Histoire, La Librairie du XXIème siècle, 2003
3
- Les éléments présentés ici sur la démarche contrefactuelle, sont tirés de
Singaravelou et Deluermoz :
https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2012-3-page-70.htm
et https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=-wiowiitv-c
4
- Ibidem.
5
- Ibidem
6
- éd. Plon, 1965
7
- Pierre Singaravelou, ibidem.
8
- Ibidem
9
- Réconciliation de l'histoire et de la science économique.
10
- Singaravelou, Ibidem
11
- Ibidem
12
- Ibidem
72 jours qui ont changé le monde
(d’après article de Quentin Deluermoz)
Le fait que seul Paris ait fait l’expérience d’une forme
d’auto-gouvernement de plusieurs semaines pose la question la Commune est-elle parisienne ou
mondiale ?
Deluermoz propose une lecture multiple à travers les points
suivants.
Des luttes existaient déjà avant la Commune. En effet, si des
Italiens tels que Garibaldi, des Polonais, Espagnols, Belges jusqu’à des
Etats-Uniens ou Uruguayens se sont engagés dans la Commune de Paris, c’est
parce que ces hommes ont déjà connu et participé à des luttes politiques dans
leurs pays.
Il faut également
préciser le rôle très important, dans la diffusion des informations à
l’international de nouvelles techniques telles que le câble transatlantique mis
en place en 1866 . Ainsi, la Commune est suivie par les journaux européens mais
aussi ceux de l’influence Britannique (Canada, Inde, Australie) et l’espace
Atlantique (Brésil, Mexique, Etats-Unis)
En parallèle, il faut souligner l’importance de l’AIT
créée en 1864 à Londres, qui participe
du partage des idéaux de la Commune à travers des manifestations à Londres,
Genève, Bruxelles, New-York, Hambourg. On peut remarquer que jusqu’aux
Etats-Unis, la Commune alimente certaines luttes ouvrières contre les
politiques patronales. Toutes ces manifestations sont d’ailleurs relayées dans
la rubrique « Nouvelles Etrangères » au sein du Journal officiel de la
Commune.
A travers ces informations, le sentiment international a été
en premier lieu d’horreur face à « l’anarchie qui a réussi à détruire la
plus belle partie de grande capitale….. ».Puis, la Commune devint
l’incarnation des martyres des luttes sociales et un haut lieu de mémoire
révolutionnaire.
Malgré une vision différente, Marx et Bakounine s’accordent
sur le fait que : « la Commune serait un temps fort de la lutte des
classes, une autre vision appelée à durer, qui se solidifie peu à peu au sein
des nouvelles organisations politiques et syndicales. »
La référence à la Commune sera d’ailleurs reprise lors de la
Révolution Cantonale Espagnole en 1873.
En Argentine, au Brésil, en Bolivie, dans les années 1870, se
créent des journaux appelés La Comuna. Un autre exemple d’appropriation
s’observe aux Etats-Unis, en 1879, lors du festival célébrant l’anniversaire de
la Commune par le Social Labor Party, réunissant plus de 40000 personnes
On peut donc affirmer que la lutte parisienne aboutit à une nouvelle
catégorie, « la Commune » qui va marquer durablement les consciences
et la perception de l’histoire. D’ailleurs, elle refait surface aujourd’hui au
sein de conflits sociaux dans des pays tels que la France mais aussi l’Espagne,
le Mexique et les Etats-Unis.
Contribution: Denis Bonnet
Laure Godineau
L'exil, la déportation
Au vu de ce qui m'a été présenté, me sont venus des
sentiments contrastés. D'abord de contentement de parcourir des lignes qui,
même dans leur sécheresse, m'ont appris l'intérêt porté à cette période de
l'histoire nationale par une génération motivée de chercheuses et de
chercheurs. Puis d'étonnement relatif de devoir admettre que leurs dossiers,
d'un éclairage nouveau, n'aient pas une émergence au moins sinon un étalage
conséquent pendant les récentes années 2020-2021, au cours du 150ème
anniversaire de la défaite impériale face à la Prusse et de l'irruption de la
Commune, essentiellement à Paris.
Quant à Laure Godineau, en m'appuyant sur le dossier
fourni et après un coup d'oeil sur le réseau Internet, il s'agit d'une
dix-neuvièmiste (c'est-à-dire une spécialiste du XIXème siècle) qui affiche une
dilection pour les soubresauts de la Commune, assortie d'une extension
concernant la bohème parisienne. Autrice de nombreux ouvrages seule ou en
collaboration, c'est surtout "La Commune de Paris, une relecture",
écrit en 2019 avec Marc César, qui aurait dû lui valoir une publicité certaine
- qui n'est sûrement parvenue qu'à une stricte minorité épiant ce genre de
sortie d'imprimerie. En cours, Laure Godineau s'attache à faire renaître
"Générations et contestations - 1840-1900 - fin du Second Empire".
Précisons que Laure Godineau est maître de conférence à l'université de la
Sorbonne (Paris Nord).
Les suites procédurales de la "Semaine
sanglante" que Laure Godineau pourrait venir nous détailler se résument
par ces chiffres: 251 prisonniers condamnés aux travaux forcés en métropole et
plus de 4500 à la déportation vers la Nouvelle Calédonie à partir de 1872; vers
l'île des Pins pour la déportation simple, dans la presqu'île Ducos pour un
enfermement en enceinte fortifiée; et au bagne de l'île de Nou. Bien des
communards ont pris le chemin de l'exil, en un nombre fluctuant entre 5000 à
6000 - en Grande-Bretagne, Suisse, Belgique, et jusqu'aux Etats-Unis.
Ce qui importe, c'est le souvenir écrit ou oral des
survivants de la répression. Ce besoin de raconter a suscité des mémoires et,
principalement avec Pierre-OIivier Lissagaray, un rapport visuel et documenté,
incontestable. Des noms illustres, même aux yeux du peuple, vont apparaître et
demeurent: ceux du journaliste Henri Rochefort, de l'institutrice Louise
Michel, du romancier Jules Vallès et du parolier Jean-Baptiste Clément. Henri
Brissac fut connu par ses "Souvenirs de la prison et du bagne" (1880)
et ses poèmes titrés "Quand j'étais au bagne" (1887).
Mais bien d'autres, gens simples, auront une postérité
qu'ils n'auraient jamais pensé obtenir, tels ces anciens rencontrés de manière
intime par Lucien Descaves, dont les propos ont été regroupés dans
"Philémon, vieux de la vieille". A l'occasion des funérailles de
communards, des témoignages furent recueillis, fort heureusement. Tout comme
ceux de l'ouvrier bronzier Zéphirin Camélinat, l'un des fondateurs de "l'Internationale",
directeur de la monnaie sous la Commune, et du forgeron Pierre Malzieu, insurgé
de 1848 (déjà!), qui connaît la misère et se suicide à son retour de
déportation.
La chape de peur et d'oubli qu'aurait pu
provoquer l'éloignement des protagonistes détestés par le pouvoir ultra lançant
une chasse à l'homme à long terme butant toutefois sur une loi d'amnistie
n'aura pas pu empêcher que s'établisse une vérité qui devrait mieux apparaître
dans l'enseignement de notre histoire comme dans la fiction
cinématographique contemporaine. Pour que nous soyons légitimement fiers des
modes de pensée, de l'action politique, incitant à un sursaut républicain et
social déployé par la partie la plus défavorisée et non moins la plus noble du
peuple français pendant 72 jours perçus à l'échelle du monde comme étant
cruciaux et dignes d'être perpétués dans les mémoires et dans nos gestes
quotidiens.
Contribution: Caroline Maigne-Neveu
Sur les femmes par Mathilde Larrère
<
Article 2021 « Les pétroleuses des XXè et XXiè siècles »
<
Interview 2019 sur libération : « Les féministes actuelles
devraient se revendiquer de la Commune »
<
Wikipédia
<
Journaux d’époque : le Figaro (2 juin 1871, 5 juin 1871, 9 juin 1871),
Courrier Saône et Loire (15 juin 1871), Paris-journal (27 mai 1871), Le Petit
Courrier de Bar-sur-Seine (2 juin 1871), Le Gaulois (7 juin 1871), Gazette
nationale ou le Moniteur universel (8 juin 1871)
Présentation de Mathilde Larrère :
Mathilde
Larrère, historienne française, née en 1970, maîtresse de conférences depuis 20
ans à Paris 13ème puis à Paris-Est Marne la Vallée.
Ses
recherches portent sur :
-
l’histoire de la Citoyenneté (rapports
du Citoyen à l’Etat)
- l’histoire du maintien de l’ordre et de la
révolution 1830
-
la garde nationale de Paris : milice citoyenne qui s’est retrouvée de part
et d’autre des barricades – elle mène sa réflexion sur l’ordre public et les
politiques de son maintien dans un contexte politiquement et socialement agité.
Membre
du Comité d’histoire de la ville de Paris.
2017-2018 :
chroniqueuse sur les sites d’Arrêt sur images pour la chronique « Les
détricoteuses ».
Revendique
une approche politisée de l’histoire
Son Article de 2021 « Les
pétroleuses des XXè et XXiè siècles »
Elle constate que pour le 1er
centenaire de la Commune en mars 1971, les féministes inscrivent leur combat
dans le pas des insurgés communards sur tract datant du 28 mars 1971 ;
elles rendent ainsi hommage aux communardes :
« Femmes de Paris en
avant »
« Les 3 mois de la Commune ont
été un moment privilégié pendant lesquels les femmes se sont battues pour leurs
droits. Aujourd’hui nous voulons faire que ce qui a été un moment soit
la réalité de tous les jours ».
En
mars 1974, il y a la création d’un nouveau journal féministe : « Les
Pétroleuses : le journal des femmes qui luttent » (seulement 9
numéros jusqu’en 1976) :
-Elles y dénoncent les
oppressions, les violences, les discriminations.
-Elles appellent à l’organisation
autonome des femmes à la grève du travail domestique, salarié…
En
1975 un groupe de libérations des femmes de Marseille crée la « chanson
des pétroleuses » sur l’air de la Carmagnole.
Il est intéressant ici que le
terme de « Pétroleuse » soit utilisée positivement et exprime cette
volonté de lutte des femmes.
Pourquoi ce titre de
« Pétroleuses » ?
C’est une référence au nom que la
Bourgeoisie donnait aux femmes communardes qui auraient allumé les incendies
avec du pétrole à lampe : les communardes sont réduites alors à des
seules incendiaires.
L’utilisation du terme de
« Pétroleuse » dans les journaux de l’époque :
Il est utilisé la première
fois le 27 mai 1871 et témoigne de la grande peur que leur inspire la lutte
des femmes.
Ces femmes sont comparées à des
« infâmes créatures », « des gueuses », « des furies
enrôlées sous le drapeau de la commune », « un monstre hideux et
repoussant » ; « elles glissent plutôt qu’elles ne marchent le
long des maisons » ; on parle de « bacchante impure » pour
l’opposer à la femme chrétienne.
Pendant la commune, le rôle des
femmes a été réduit au seul mythe des pétroleuses.
Selon Mathilde Larrère, « il
y a un tel refus de la femme en politique et pire de la femme révolutionnaire
qu’on la rend responsable de tout »
Cela peut se vérifier à la
lecture d’un article de Francis Magnard dans le Figaro, juin 1871, intitulé
« femme libre » : il cherche à démontrer que la femme en voulant
devenir l’égale de l’homme, l’a égalé également en ses vices les plus bas. Il
critique alors les mauvaises influences des romancières telles que André Léo et
George Sand. Selon lui, une femme affranchie ne peut être que l’égale de
l’homme en scélératesse.
Ce mythe des pétroleuses gomme ce
que faisaient réellement les femmes pendant la commune :
-
création de clubs féminins refusant d’accepter leurs conditions de femmes
opprimées
- elles se battaient en tant que
travailleuses et voulaient établir l’égalité sociale
-
mobilisées pour la reconnaissance des concubines et des enfants illégitimes,
pour l’interdiction de la prostitution, pour l’instruction mixte.
Mathilde Larrère constate que les
féministes actuelles font peu référence aux anciennes luttes des communardes et
elle regrette qu’elles ne se revendiquent pas de la commune, de ce pourquoi
elles ont lutté.
Lorsqu’elles le font en revanche c’est
par radicalité et on peut trouver lors d’une manifestation féministe (7 mars
2020) des pancartes telles que « descendante de pétroleuse » ou
« j’ai hésité entre une pancarte et un lance-flamme ».
Ces nouvelles féministes ne
gardent finalement que l’idée de violence contenue dans l’usage du terme
« pétroleuse », celle-là même qui leur était reprochée pendant la
Commune ; elles occultent ainsi l’ensemble des luttes que les femmes ont
menées dès cette époque-là et sur lesquelles elles pourraient encore s’appuyer.
(activités du comité du Berry/Indre)
-différenciations entre les deux départements de par l’histoire et de par les approches possibles-ouverture pour intégration dans des programmations de structures permettant de développer le temps long et d’évoquer la Commune évitant par ailleurs de l’isoler - recherche de sensibilisation vers des publics divers avec permanence des partenariats dans la suite du 150ième : des mises à disposition et des apports matériels qui n’ont pas de prix.
Actions :
(histoire locale et populaire) suite du travail de terrain canton par canton de l’Indre pour une synthèse finale- 9ième conférence itinérante prévue au printemps 2023 à Aigurande en partenariat avec la municipalité, la médiathèque et l’association de Sauvegarde du Patrimoine
(histoire provinciale) nouvelle étude de la Province par un article dans le prochain bulletin sur un nouvel espace : le Dauphiné et l’Isère aux caractéristiques parlantes
(des partenariats à thématiques)
-laïcité : à l’initiative de deux actions le 9 décembre, journée nationale de la laïcité, rassemblant municipalités et écoles ainsi que des partenaires (Femmes Solidaires, la Ligue de l’Enseignement de l’Indre) : à Sainte Sévère et Sassierges Saint Germain avec un travail scolaire des élèves sur la Commune/2023 : notre intervention proposée par la Ligue dans le cadre de ses formations
-ruralité : engagement pour des interventions avec la Maison des Traditions de Chassignolles
-travail : lien avec l’IHS-CGT dans le combat mené pour la défense de la Maison des syndicats Louise Michel- intégration au collectif et action d’histoire pour rappeler la naissance des syndicats succédant aux chambres fédérales de la Commune-
- étude d’une corporation : intervention sur l’histoire des maçons migrants avec le regard sous la Commune (apport d’une exposition des Archives départementales de la Creuse)/ envisagée à Cuzion, un lieu d’origine des maçons, avec l’association artistique et culturelle
-d’autres projets ouverts et renouvelés vers des partenaires (La Marmite, …)
(communication interne)
Réflexions sur la référenciation du blog « Vaillantitude », l’utilité d’une entrée « comité du Berry » et l’insertion en ligne des textes d’histoire
(National) interrogation sur la possibilité ou pas d’articles d’histoire en ligne sur le site (vrai en 2018) -deux expositions données par le National au comité du Berry : besoin de deux attestations de dons -point sur le bulletin national/rappel de l’esprit permanent pour le contenu de notre article « Vie associative » : un tour d’horizon de toutes nos activités et non une seule action ciblée/pour le bulletin n°93, illustration se rapportant à la journée de la laïcité -index des bulletins transmis par le National.
(notes colloque) les différentes interventions et informations émises allant être l’objet d’un état complet de la situation lors du prochain bureau
Les 200 000 vues atteintes le 28 août 2021
Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant".
Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin vaillantise."
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