mercredi 15 janvier 2025

CÉLÉBRATION VAILLANT EN JANVIER

                                                                                                                

Dimanche 26 janvier 2025 
à 10h










Cimetière de Vierzon Ville
puis permanence du député


Notre célébration de la naissance d'Edouard Vaillant:
10h : allocution devant la tombe
10h 30 : Edouard Vaillant et l'éducation. Contexte, actions et programmes d'autres  communeuses et communeux : Louise Michel, Jean Rama, Pauline Reclus-Kergomard,...

  






Très bon accueil et très riches interventions lors de la célébration Edouard Vaillant à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance, le thème de l'éducation en fil rouge.


Le texte de Michel Pinglaut sur Jean Rama:

JEAN RAMA, LE PEDAGOGUE LIBRE-PENSEUR

Jean Rama dit Joanny naît le 25 juillet 1828 à Lyon.  En 1850, il s’oppose à la loi Falloux. Il est un des instituteurs révoqués par l’Empire. Après le métier de fondeur, il devient employé du chemin de fer. Il réside  alors dans le Cher, à Bourges, dans une rue animée, avant de s’installer à Paris, 11, rue Caroline,dans le XVIIe. Le Journal du Cher, le samedi 29 avril 1871, écrira : «  Encore un citoyen bien connu à Bourges qui figure parmi les auxiliaires de la Commune de Paris. C’est M. Rama, lequel habitait la rue d’ Auron il y a peu de temps encore. Ce patriote qui professe l’athéisme le plus pur, vient d’être nommé membre de la commission d’enseignement, par le citoyen Vaillant(de Vierzon), délégué de la Commune. » Le Journal du Cher, principal journal du département, fondé en1819, consacre en effet des échos qui concernent les personnalités du département(Félix Pyat, très célèbre à ce moment pour ses écrits théâtraux ou politiques …). Ce quatre pages ne veut pas risquer la censure ou l’interdiction. Il est hostile à la Commune, mais sans excès, pour ne pas choquer ses lecteurs.

 Rama projette de créer un internat en banlieue parisienne. Il milite pour une éducation gratuite, obligatoire et laïque. Il devient le collaborateur de «  La République des travailleurs » du 10 janvier au 4 février 1871. Pendant la Commune, il est délégué à l’instruction communale du XVIIe , désigné par la société L’ Education nouvelle. Les délégués demandent que l’éducation dogmatique ou religieuse soit laissée à l’initiative des familles. Elle doit être immédiatement supprimées pour les enfants des deux sexes, dans toutes les écoles, dans tous les établissements dont les frais sont payés par l’impôt. Le 8 avril, les enseignants des deux sexes, dans les écoles et salles d’asile publiques du XVIIe arrondissement sont invités à se conformer à ces instructions : emploi exclusif de la méthode expérimentale, scientifique, celle qui part toujours de l‘observation des faits. L’enseignement de la morale sera à la fois usuel et théorique, dégagé de tout principe religieux, pour tous sans blesser qui que ce soit. Au sein de la commission de l’enseignement, il soutient l’organisation, dans les délais les plus brefs d’un enseignement primaire et professionnel sur un modèle uniforme et laïque.

 J. Rama est traduit le 21 juillet devant le tribunal correctionnel. Il est condamné à 6 mois de prison(immixtion dans des fonctions publiques)

 En 1875, il ouvre, avec sa femme Emilie un pensionnat laïque de filles à Bourg-la Reine. Ils étaient pour la mixité scolaire. Les méthodes d’enseignement étaient particulièrement rationnelles et scientifiques. Les élèves choisissaient selon leurs goûts et leurs aptitudes. En 1881, le Ministère envoya des boursières d’État à l’institution Rama. Le couple Rama s’investit dans le domaine social. Ils contribuèrent au journal féministe La Citoyenne. Jean Rama se distingua aussi par ses discours de libre-penseur aux obsèques civiles. Il tint conférences publiques. Il mourut le 19 mai 1902. Ses obsèques furent civiles

Jean-Pierre Gilbert et Michel Pinglaut

 Sources : Archives du Cher, blog Vaillantitude du comité du Berry, le Journal du Cher, Maitron,

Jean Rama figure parmi les 215 Chériens dans le livre   La Commune & Les communards du Cher par J.-P. Gilbert , édition l’Alandier


Michel a par ailleurs attiré notre attention sur l'anniversaire Louise Michel avec l'article de notre Ami Philippe Mangion dans l'Humanité:








Intervention de Jean-Marie Favière sur Pauline Reclus (naissance), Pauline Kergomard (mariage). Eléments de documentation:

Iconographie: 
    cousin et beau-frère: Elie Reclus
    cousin: Elisée Reclus

 












Si Généanet dit vrai, Elie Reclus (31 ans puis 34 ans) a eu ses 2 enfants avec sa jeune soeur Noémie (même prénom que sa cousine) de 17 ans en 1858 (puis de 20 ans en 1861) ?? 










Textes:   

    Marie-Pauline Jeanne RECLUS
Née le 24 avril 1838 - Bordeaux, 33
Décédée le 11 février 1925 - Saint Maurice, Val de Marne, Ile de France, France, à l'âge de 86 ans
Inspectrice des écoles maternelles (qu'elle a inventées).


 Parents
Jean RECLUS 1794-1869
Jeanne Philippine Pauline DUCOS 1792-1848
 Union(s) et enfant(s)
Mariée avec Jules François Marie KERGOMARD ( DUPLESSIS de ) 1822-1901 (Parents : Auguste Guillaume Marie KERGOMARD ( DUPLESSIS de ) 1786-1857 & Marie Anne Guyonne HOMON KERDANIEL 1784-) dont

 Fratrie
o   Ferdinand RECLUS †
  Suzanne RECLUS 1826-1915
  Noémie RECLUS 1828-1905 (mariée avec Elie Reclus en 1856)



Précurseurs:




Marie Pape-Carpantier, née Marie Carpantier à La Flèche le 10 septembre 1815 et morte à Villiers-le-Bel le 31 juillet 1878, est une pédagogue et féministe française. Liée aux mouvements fouriéristes, peut-être aussi à la franc-maçonnerie, elle combat la misère et l’injustice sociale, lutte pour l’éducation des filles, milite pour la question des femmes. Elle est révoquée en 1874 à l'age de 59 ans pour libre pensée. Elle rénove l'enseignement de la petite enfance et est ainsi la pionnière de l'enseignement pré-élémentaire en France. Elle a écrit des articles dans L'Économiste français, hebdomadaire économique fondé en 1862 par Jules Duval.






Friedrich Fröbel est un pédagogue allemand, né le 21 avril 1782 à Oberweißbach (Principauté de Schwarzbourg-Rudolstadt), mort le 21 juin 1852 à Marienthal.

Fröbel, qualifié de «maître germanique de l'éducation de la petite enfance», est connu pour sa conception pédagogique qui est à l'origine des «jardins d'enfants», une idée au retentissement universeln. Fröbel appliqua aussi ses théories à l'enseignement scolaire, mettant ainsi ses idées en pratique dans l'école privée qu'il fonda, « l'Institut général allemand d'éducation » de Keilhau, près de Rudolstadt. En Angleterre et au Japon, notamment, sa pédagogie du jardin d'enfants a donné lieu à des «discussions passionnées». Ses matériels de jeu, «dons» et «occupations», ont été popularisés dans le monde entier au XIXe siècle.





HISTOIRE ET ACTUALITE
Le Directoire

Dans la discussion d'actualité qui suivit celle consacrée à l'éducation, j'ai attiré l'attention sur une époque sans doute moins cruciale pour la compréhension de notre temps que la Commune de Paris, mais qu'il est également utile de connaître pour établir d'utiles concordances des temps. Comment j'en suis venu à m'y intéresser? Par un raisonnement à rebours: 
En rencontrant la Commune de Paris sérieusement pour la première fois, j'ai constaté avec un mélange d'étonnement et de révolte à quel point elle était occultée en ce qui concerne l'accès au grand public (école, médias). Et quand elle ne pouvait l'être, elle était calomniée quasi systématiquement. 
Cela m'a donné l'idée de chercher quelle période de notre histoire, possiblement cruciale, pouvait également être ignorée. Je suis alors tombé sur le Directoire, transition forcément problématique entre ces deux pôles références que sont la Révolution et l'Empire. Ignorée, elle l'est bel et bien, au point qu'aucune pression n'est nécessaire pour la présenter même occasionnelleemnt d'un point de vue réactionnaire, comme c'est le cas pour la Commune. Question: comment est-on passé de l'une, la Révolution, à l'autre, l'Empire napoléonien? Nous qui avons hérité des progrès sociaux fondamentaux du Front populaire et du CNR, et qui nous voyons maintenant gravement menacés de vivre dans des régimes de plus en plus autoritaires, pouvons-nous en tirer des leçons utiles pour notre époque? Parmi les nombreux ouvrages dans lesquels j'ai puisé, Michel a remarqué que j'ai retenu jusqu'aux ouvrages de Thiers (eh oui!) que notre Ami regretté Michel Gouvernaire  avait dans sa bibliothèque: on apprend beaucoup des récits de ses adversaires. 

Petite bibliographie compémentaire: 




 (extraits du livre complétés parfois par des ajouts encyclopédiques de Wikipédia)

Nombreux sont même les historiens à privilégier la comparaison du Directoire avec la Ve République, parce qu’apparaît aisément, plus près de nous, ce qui fait qu’une République se délite irrémédiablement, en se séparant d’une assise sociale, d’une base populaire, et sans doute d’un idéal collectif. Non sans raison, Pierre Serna se demande si nous ne sommes pas « aujourd’hui, dans le Directoire de la Cinquième République », en s’empressant d’ajouter que « le Directoire serait le moment originel où divers aspects de la crise de légitimité du fonctionnement des institutions républicaines modernes apparaissent et peuvent, selon les périodes bien particulières, s’exprimer sous des visages différents{29}. » L’idée sous-jacente est de dire que le Directoire, en tant que première expérience d’une république libérale, demeure une origine féconde, un utile précédent, permettant de mieux saisir le contenu et les limites de notre modèle républicain actuel.

Dans sa constitution impériale, celle de l’an XII qui substituera l’Empire au Consulat, il déclare tout simplement que « le gouvernement de la République est confié à un empereur héréditaire », dernier tournant, semble-t-il, dans la longue quête d’une république d’ordre, aspiration éternelle des hommes du Directoire.

Le sénatus-consulte organique du 28 floréal an XII ( 18 mai 1804 ), dit Constitution de l'an XII, est le texte qui instaure le Premier Empire. Il sera principalement amendé par le sénatus-consulte du 19

Nouveau fondement de la souveraineté

Napoléon ne fonde pas sa légitimité que sur la grâce de Dieu selon la théorie de droit divin. Il sera sacré par le pape.

L'Empire français reste cependant une république, pour exemple les articles 53 et suivants mentionnent1 : « Je jure de maintenir l'intégrité du territoire de la République, … de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français. »

Napoléon s'inspire vraisemblablement de l'Antiquité romaine, et plus spécialement de la période d'Auguste. Cette période voit le règne « d'empereurs républicains » en ce sens que les institutions de la République romaine demeurent inchangées, sinon qu'un seul homme réunit sur sa tête un grand nombre des pouvoirs attachés à des mandats auparavant dévolus à de multiples intervenants. Le choix du titre d'Empereur des Français au lieu d'Empereur de France caractérise assez cette orientation. C'est ainsi qu'il peut continuer à se réclamer du peuple.

Empereur

Selon l'article 1, « Le gouvernement de la République est confié à un Empereur qui prend le titre d'Empereur des Français. »1.

 

Napoléon a choisi le titre d'empereur, et non celui de roi, pour ménager la susceptibilité des révolutionnaires. Il est l’empereur d'une république à l'instar de la République romaine à compter du principat d'Auguste.

Le choix du titre d'Empereur des Français au lieu d'Empereur de France caractérise assez cette orientation à une période où aucun empereur ne porte ce titre : il n'y a pas d'empereur des Russes ou d'empereur des Autrichiens. Ayant été le défenseur armé de la République et des idées de la Révolution, cette conception avait le mérite de ménager la satisfaction de sa recherche personnelle du pouvoir avec les idées de la Révolution.

L'article 2 désigne le titulaire Napoléon Bonaparte, sans préciser l'essence de son pouvoir1.

Paul Barras assure la défense de la Convention lors de la mise en place du Directoire.

Jean-François Reubell est l'un des cinq Directeurs qui inaugurent le nouveau pouvoir exécutif.

Philippe-Antoine Merlin de Douai, nouvellement nommé Directeur, joue un rôle prépondérant dans la préparation des élections de l'an VI.

Il s'agit ensuite de nommer les cinq Directeurs, qui doivent être choisis par le Conseil des Anciens sur proposition du Conseil des Cinq-Cents. Ce dernier réussit à imposer son choix parmi les hommes qui détiennent le pouvoir depuis un peu plus d'un an. Le 31 octobre, outre Barras, sont choisis Jean-François Reubell, Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux, Étienne-François Le Tourneur et Emmanuel-Joseph Sieyès. Ce dernier, réticent, démissionne aussitôt, et est remplacé par Lazare Carnot.

Première République
Directoire

26 octobre 1795 – 9 novembre 1799
(4 ans et 14 jours)

Après la chute de Robespierre, le 10 thermidor an II (28 juillet 1794), le régime de la Convention nationale prend un nouveau tour : sa dernière année, nommée Convention thermidorienne, est marquée par un retour progressif de la bourgeoisie au pouvoir après la Terreur.

 

Le coup d'État du 18 brumaire an VIII (samedi 9 novembre 1799), souvent abrégé en coup d'État du 18 Brumaire, organisé par Emmanuel-Joseph Sieyès et exécuté par Napoléon Bonaparte, avec l'aide décisive de son frère Lucien, marque la fin du Directoire et de la Révolution française, et le début du Consulat.

 

Siéyès ostracisme

La théorie du contrat social rejoint ici la stratégie de monopolisation de la représentation nationale et il en découle l’identification des nobles et des privilégiés à des non-contractants qui refusent la loi commune et se placent d’eux-mêmes hors de la société. Les conséquences de cet argument se situent sur plusieurs plans. Son effet le plus spectaculaire intervient du 15 au 17 juin 1789 lorsque les députés du Tiers se déclarent Assemblée nationale. Mais l’on peut aussi y voir le ferment d’un antagonisme virulent au sein duquel la noblesse, refusant le pacte social, ne bénéficie pas de la protection de la loi et s’inscrit dans un cadre d’exception. Après tout, Sieyès la compare bel et bien dans les dernières pages de Qu’est-ce que le Tiers-État ? à une maladie qu’il faut éliminer du corps social{606}. À cette première racine de la position de Sieyès le 18 fructidor an V s’ajoute une seconde logique qui concerne plus directement l’ostracisme. Ce thème parcourt en effet toute son œuvre de 1789 à l’an VIII et cette continuité – masquée par des reformulations propres à divers contextes – n’a pas suffisamment retenu l’attention. La notion apparaît ainsi dans les très importantes Observations sur le rapport du Comité de constitution concernant la nouvelle organisation de la France en octobre 1789, qui introduisent une idée clé appelée à jouer un rôle considérable dix ans plus tard sous une forme différente – les tristement célèbres listes de notabilité –, à savoir le « tableau des éligibles ». Ces tableaux sont composés par les assemblées primaires, qui peuvent y inscrire à la majorité simple les citoyens dignes d’êtres élus dans l’ensemble des instances représentatives à tous les échelons du territoire et les en retirer à la majorité des deux tiers. L’objectif est double : il s’agit de sélectionner les candidats dignes de confiance et de se prémunir contre les fièvres démagogiques ou les abus. Ainsi, seuls ceux qui sont présents depuis un an sur le tableau peuvent être élus – ce qui évite les enthousiasmes passagers pour les tribuns –, tandis que la radiation équivaut à une exclusion temporaire du droit d’éligibilité. D’où la remarque formulée par Sieyès : « Nul ostracisme sur la terre n’a été aussi doux{607}. »



Application variables des mêmes lois (on ferme carrément les yeux, on laisse faire, ou au contraire on réprime avec la plus grande brutalité, en fonction du danger ressenti par le pouvoir).

 

Séparation Eglise/Etat (7 fructidor an IV, 24 août 1796)

La neutralité religieuse de l’espace public et des autorités La religion est donc une affaire privée. Toute pratique cultuelle doit rester confinée dans les chaumières et dans les murs des lieux de culte. C’est un exercice religieux limité que les autorités se doivent de surveiller. En séparant les cultes de l’État, la Révolution promeut un concept nouveau : la neutralité religieuse. C’est en se fondant sur ce principe que les pouvoirs locaux règlent leur attitude à l’égard des cultes tant qu’il n’y a pas la constatation d’un risque de perturbation de la tranquillité publique. Mais face au réel, que faire des lois que le législateur a promulguées ? Le pouvoir exécutif local doit alors faire preuve de pragmatisme pour composer avec les problématiques politiques, sociales et religieuses de leur ressort.


Extrême centre

 

En fait, la majorité conventionnelle du Directoire a peur : peur des journalistes, peur des députés, peur des élections, peur des juges, peur de l’armée. Cette peur est la cause du désir d’ordre du gouvernement. Ce schéma, explique l’historien italien Ferrero, est classique des gouvernements qui se maintiennent en partie par la force au pouvoir. Leur peur d’être renversés les conduit à renforcer chaque jour leur autorité{274}. L’exercice du pouvoir par le parti directorial doit alors être perçu comme une « modération...feinte ». Ce qui lui importe le plus est la préservation de l’ordre public parce qu’elle lui assure le maintien au pouvoir, le monopole de son magistère d’opinion et même l’impunité{275}.

 

{275} Pierre Serna a souligné la radicalité du parti directorial qui serait un « extrême centre ». Ce parti a le désir de « construire, au nom du repos de tous, les formes les plus rigoureuses d’utilisation de la force publique et par extension de tout le monopole de la violence d’État pour se maintenir au pouvoir ». Cf. Pierre Serna, « Radicalités et modérations, postures, modèles, théories. Naissance du cadre politique contemporain », AHRF, 357, Juillet/septembre 2009, p. 3-19.







Dans quel régime vivons-nous depuis le printemps 2017 ? La question est légitime tant l'interprétation que fait le nouveau président des institutions de la Ve République vise à renforcer le pouvoir exécutif et le système de l'état d'urgence quasi permanent. En se plaçant au-dessus des partis, Emmanuel Macron abuse d'une formule éprouvée depuis 1790 puis 1793, et lors de chaque crise politique française grave, en 1795, 1799, 1815, 1851, 1940, 1958 et finalement en 2017-2019. Le pouvoir exécutif, en la personne d'un sauveur, tente de supplanter le pouvoir législatif que l'on décrédibilise en exagérant son inefficacité ou son éloignement du peuple, au risque de fragiliser la démocratie représentative. En adoptant la modération, celle du juste milieu, qui est censée réparer les excès des députés, un centre politique, semblable et différent selon les générations, s'invente lors de chaque crise. La saison des tourne-veste répète les mêmes recettes depuis deux cent trente ans, de 1789 à 2019. La vie politique française, malgré ce qu'en dit toute une tradition historiographique, n'est pas bloquée par une lutte handicapante entre droite et gauche, mais par un poison : celui d'un extrême centre, flexible, prétendu modéré mais implacable qui vide de sa substance démocratique la République en la faisant irrémédiablement basculer vers la république autoritaire. Le macronisme n'est pas une Révolution : c'est une vieille histoire.


  Cf. aussi: 

https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/emmanuel-macron/le-macronisme-est-il-un-extreme-centre-comme-les-autres

 







Il est deux hommes, en ce moment, dont la situation doit attirer, quoique d’une manière différente, les regards des amis de la Révolution. Ces deux hommes sont l’ invincible Buonaparte et cet illustre maire d’Arles, le toujours lui-même, l’ imperturbable et sensible Antonelle […]. Buonaparte triomphe au nom de la Liberté, de la République, mais le temps tient encore dans ses mains la plus belle partie de sa gloire ; c’est le temps qui mettra le sceau à ses vertus […]. Antonelle combat aussi pour la Liberté, pour la République, mais il peut être irrévocablement jugé. L’ illusion des honneurs, un grand pouvoir, n’entraîne pas sur ses pas les flatteries ni l’espoir d’en tirer parti. La pauvreté, l’ honorable pauvreté et les fers, voilà le seul prisme à traverser pour l’œil de qui voudra l’approcher. Ce prisme-là fascine peu la vue ; plus souvent il repousse les cœurs égoïstes et corrompus. Journal des hommes libres, no 194, 29 germinal an V (18 avril 1797).


L’histoire commence par une rafle policière. Le 22 floréal an IV (12 mai 1796), en plein coup de filet contre les complices de Gracchus Babeuf dont le ministère exagère à dessein la dangerosité. Les inspecteurs font irruption dans le meublé de Pierre Antoine Antonelle. La police se méfie de cet Arlésien à Paris, en qui elle voit une des têtes pensantes de la gauche radicale en cette fin de XVIIIe siècle.


Pierre Antoine Antonelle vient de rendre son dernier souffle. Il a été le premier maire de la ville en 1790, député à l’Assemblée législative en 1792, juré au Tribunal révolutionnaire en 1793, puis enfermé sur les ordres de Robespierre en 1794, militant de la cause du peuple en 1795, compagnon de Babeuf en 1796 et journaliste brillant sous le Directoire entre 1797 et 1799, imaginant le fonctionnement de la démocratie représentative. De retour à Arles après le coup d’État de Bonaparte, résistant solitaire à la dictature napoléonienne, avant de subir la Restauration, comme ultime échec d’une vie par ailleurs consacrée aux modestes, aux sans-paroles, aux sans-culottes, aux sans-fortunes, aux sans-dents de la République…

Une génération meurt en ces années 1815, comme vaincue par l’histoire et son retour exaspérant, triste, tueuse à gages de l’utopie de 1789. Avec Louis XVIII, l’ancien monde est restauré, la France recule d’un quart de siècle et s’endort comme une province balzacienne. Cette génération, qui est née entre 1740 et 1750, a tout vu, tout connu, tout fait et finalement beaucoup raté… Ces hommes et ces femmes des Lumières qui ont cru à la raison, à la perfectibilité, au progrès, à la souveraineté du peuple, à la citoyenneté pour tous, qui ont inventé la république, puis ont voulu fonder la république démocratique, ont vu tous leurs rêves s’effondrer dans la république des riches, dans la dictature du général au pouvoir, dans le délire expansionniste et belliqueux de l’empereur. Pire, ils doivent supporter le retour des rois, de la monarchie dans sa face la plus détestable, celle des frères du roi Louis XVI, avec leur rêve de retour à une monarchie glacée, figée sur le passé, tétanisée dans son deuil de la Terreur, avec ses oripeaux qu’elle veut faire croire sacrés, avec son ordre féodal qu’elle désire restaurer en vain.





 






Si le balancier historiographique a réévalué les approches politique, idéologique et culturelle de la Révolution, leurs acquis ne contredisent pas plus la dimension sociale de l’événement que sa portée en la matière. Au-delà de la suppression des privilèges et de la vente des biens nationaux, coups de boutoir portés à l’ancienne pyramide sociale, le compromis historique qui clôt la phase la plus mouvante de la Révolution débouche sur la reconfiguration socioéconomique du pays autour de la propriété-sécurité chère aux classes moyennes.


S’agissant des acteurs collectifs, la nouveauté révolutionnaire réside dans l’irruption du petit peuple, tant rural qu’urbain, sur le devant de la scène publique.


Permanence de l'esprit de la Révolution même après l'Empire et sous la Restauration, dans la modération ou dans la radicalité:

 
À Vierzon (Cher), en décembre 1833, l’élite des porcelainiers de la principale entreprise locale pétitionne, puis quitte le travail en compagnie des auxiliaires qu’elle rétribue, pour revendiquer une réorganisation des tarifs et protester contre un projet de reprise en main patronale de la formation des apprentis. L’enquête ouverte met au jour la correspondance entretenue avec des ouvriers parisiens et limougeauds croisés au hasard de mobilités courantes dans la profession. Sept ans plus tard, les lamineurs d’un important établissement métallurgique vierzonnais refusent d’obtempérer à la décision patronale de remettre en cause le repos dominical. « Je ne suis pas un esclave ! » proteste l’instigateur du mouvement circonscrit à une équipe à forte composante familiale dont l’un des membres aurait participé à l’émeute provoquée à Fourchambault (Nièvre), en 1837, par l’arrivée d’ouvriers anglais. À des dizaines de kilomètres de là, les centaines de salariés de la fonderie de Torteron vivent, dans les années 1860, au rythme des adjudications qui président à la distribution des fabrications entre des équipes jouissant d’une large autonomie. La négociation s’accompagne de tensions que le maire assimile à des coalitions « assez fréquentes », mais sans « conséquences fâcheuses ».

Aube ou crépuscule ? Mal dégagé d’une approche téléologique de l’histoire des mouvements sociaux, le débat mené à propos de la Commune de Paris pourrait l’être à propos de chaque protestation sociale de la période, dont les causes n’évoluent que lentement. Jusqu’au milieu du siècle, les troubles de subsistances restent d’une gravité exceptionnelle. En 1847, à Buzançais (Indre), un propriétaire à l’origine de coups de feu tirés contre une foule en colère contre le prix des grains est massacré, tandis que des domaines sont pillés. À partir de cette date, les protestations vont s’atténuant à mesure que les progrès de la production, les importations et le développement du chemin de fer viennent à bout des disettes, sinon de la « vie chère ». L’exode des ruraux les plus pauvres a pareillement raison de l’opposition à la réglementation des biens communaux indispensables aux journaliers sans terre et aux plus petits paysans auxquels ils offrent un terrain de parcours et l’accès au bois, combustible de base. Les logiques sociales et économiques qui s’affrontent mettent aux prises les communautés attachées aux « usages » et l’État « modernisateur ». Récurrent dans la première moitié du siècle, le conflit est particulièrement vif dans les forêts de montagne où les populations profitent de chaque crise politique pour reconquérir le terrain cédé. En Ariège, il alimente une « guerre des demoiselles » qui, débutée en 1827, se poursuit jusque dans les années 1860. Plus anciennes, les résistances au fisc sont à la mesure des attentes déçues lorsque, au lendemain de 1830, les droits sur les boissons s’alourdissent. Propice à toutes les rumeurs, la méfiance latente tourne à l’hostilité ouverte quand, en 1841, le recensement des portes et des fenêtres fait craindre une hausse de la fiscalité directe dont la spectaculaire augmentation de 45 % déclenche, sept ans plus tard, une levée de boucliers ponctuée de pétitions et d’actions plus brutales à l’encontre des percepteurs, voire des préfectures. Son abandon l’année suivante n’efface pas le souvenir du traumatisme associé à l’avènement de la République. Avec d’autres, il pèse sur la tragédie de Hautefaye (Dordogne) où, en 1870, les paysans tuent de façon horrible un noble soupçonné de sympathies républicaines et prussiennes… Les observateurs s’en émeuvent qui invoquent une « sauvagerie » rurale que Versailles utilisera à son profit, en mai 1871, pour en finir avec les « monstres » de la Commune. Hautefaye et Buzançais le rappellent, l’État et ses agents ne sont pas l’unique cible des coups de colère sociale. Les marchands, les nobles et, ici ou là, les juifs sont visés en tant qu’« étrangers » réputés vivre aux dépens de la communauté. Le moindre signe d’affaiblissement de l’autorité donne lieu à des désordres dont leurs biens, sinon leur personne, sont les premiers à souffrir.


Voir aussi:

COMMENT L'EXTRÊME CENTRE A PORTÉ LES NAZIS AU POUVOIR | JOHANN CHAPOUTOT, JULIEN THÉRY

Toujours intéressantes pour comprendre notre actualité, les périodes occultées dans l'enseignement: 








LA COMMUNE DE PARIS
(on n'étudie pas comment vit et meurt un gouvernement dirigé par le peuple)

LE DIRECTOIRE
(on n'étudie pas comment on passe des valeurs de la Révolution au régime impérial)

LA REPUBLIQUE DE WEIMAR
(on n'étudie pas comment meurt une démocratie au coeur de l'Europe moderne pour laisser place au nazisme)
(la constitution de Weimar de 1919 a inspiré les constituants de 1958 - de l'utilisation extensive de l'article 48.2 à l'article 16)






 Ce qui s'est passé un
15 janvier
pendant la vie d'Edouard Vaillant








Pour adhérer:





Les 200 000 vues atteintes le 28 août 2021




Les pays qui regardent le plus VAILLANTITUDE









Rentrée littéraire de septembre 2016 
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
560g  
les 2 volumes 1044g 

















vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 

Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 





Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.



374 p.  18,80 €
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Henrichemont 

 Maison de la Presse "Le Jardin des Fées"(10 place Henri IV)










COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

29 2 16  HENRICHEMONT GIBLOG

1 11 15  MAGAZINE A VIERZON

20 10 15    DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE

28 08 15    BLOG VIERZONITUDE




DOSSIER DE PRESSE







La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.

                                                                                                              (Vaillantitude)













La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 


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