lundi 29 avril 2019

SACRÉ… SACRÉ-COEUR


Un point de vue suisse




Michel Bühler




Comment gagner de l’argent? Un moyen est de vendre quelque chose plus cher que cela vous a coûté. Dans ce domaine, comment faire fortune? Il suffit de vendre ce quelque chose à un prix beaucoup plus élevé que son coût de production, ou d’en augmenter faiblement le prix tout en réussissant à multiplier les ventes. L’idéal étant de combiner les deux options, donc de réaliser un gros bénéfice à d’innombrables reprises. Evidemment il faut convaincre l’acheteur que le prix demandé n’est pas surfait! En omettant de lui signaler que ce qu’il paie est à peine – ou très – exagéré. En somme, il faut le berner. Ou, pour parler clair, le voler. Même un tout petit peu à chaque fois.

A la suite de l’incendie de Notre-Dame de Paris, on a vu les plus riches de France jouer des coudes, rivaliser de générosité, et s’empresser de promettre, qui cent, qui deux cents millions d’euros pour reconstruire le monument. Ces personnages, à la tête de fortunes inimaginables rapidement accumulées, ont montré qu’ils étaient plus émus par le sort de vieilles pierres que par la détresse de leurs compatriotes, ceux qui, sur les ronds-points, demandent depuis des semaines trois sous pour vivre dignement. En mettant des sommes qui peuvent paraître considérables à la disposition de la communauté, ils n’ont fait en fin de compte que lui rendre une toute petite partie de ce qu’ils lui volent depuis des années.

Les hasards de l’existence ont fait que je me suis retrouvé, le lendemain du sinistre, dans un cimetière de banlieue. Quelques centaines de personnes étaient venues rendre hommage à l’une des figures de la chanson populaire parisienne, Vania Adrien Sens. Joueur d’orgue de barbarie, connaissant mille chansons, Vania était de ces chanteurs qui ne baissent pas les bras, qui croient que leur art est porteur de poésie et d’espoir. On a entendu des témoignages soulignant sa droiture et sa fidélité, on a écouté des rengaines parlant de Paris et de ses petites gens, on a fini par tous entonner, en guise d’au revoir, «L’âge d’or» de Léo Ferré.

Sur le chemin qui nous ramenait au métro, on a évoqué bien sûr le disparu, dont la voix et la musique vont désormais manquer au coin de la rue Mouffetard, comme sur les rares scènes où l’on entend encore de la chanson. Puis, après quelques pas, après un silence, l’un de nous a laissé tomber, rappelant l’incendie de la veille:

– Dommage que ce ne soit pas arrivé au Sacré Cœur…

Des sourires ont alors fleuri sur les lèvres, on a hoché la tête, tous en connivence.

C’est que la basilique qui couronne la butte Montmartre, le blanc chou à la crème qui domine tout Paris, n’est pas seulement un quelconque édifice religieux, pas que l’un des monuments les plus visités de France. C’est surtout, pour le peuple de gauche, pour les anars, pour les cocos, pour tous les amis de Vania, un symbole qui fait renaître un souvenir douloureux.

1870: la France est vaincue par la Prusse. Paris a subi un long siège, sans se soumettre. Le 4 septembre, après une journée d’émeutes, le Second Empire est renversé. Un gouvernement est élu, qui conclut au début 1871 un armistice avec la Prusse. A majorité monarchiste, clérical, dirigé par Adolphe Thiers, il se réfugie à Versailles, fuyant la capitale, pour se soustraire à la pression de la populace qui n’accepte pas de reconnaître la défaite. Le 18 mars, les Parisiens, les fédérés, prennent les armes et, dans les jours suivants, proclament la Commune de Paris. Visant à établir un nouvel ordre social favorable aux couches populaires, elle prône la démocratie directe, l’émancipation des femmes. Thiers envoie l’armée pour mater la révolte. Barricades, farouches combats, les Communards se défendent pied à pied, jusqu’à la Semaine sanglante: entrés dans Paris, les Versaillais massacrent à tour de bras du 21 au 28 mai. La Commune est vaincue, l’espoir d’un gouvernement réellement par le peuple et pour le peuple est noyé dans le sang: on parle de 20 000 à 30 000 victimes!

Quelques années passent puis, à l’endroit même où a éclaté l’insurrection du 18 mars, on commence à bâtir le Sacré Cœur pour, affirment ses pieux constructeurs, «expier les crimes des fédérés». Cette basilique devient à jamais pour la gauche le rappel du massacre de milliers de camarades. Elle est surtout un symbole de victoire pour la droite. Ce qui fait dire à certains, parmi les plus radicaux: «Il faut détruire le Sacré Cœur!»

Plus tard, verra-t-on dans Notre-Dame reconstruite le rappel du règne des voleurs et du capitalisme flibustier?



Eléments de biographie:





Une autre chronique du même, avec Jean-Baptiste Clément en référence: https://lecourrier.ch/2018/01/09/les-mauvais-jours-finiront/


Les mauvais jours finiront
MARDI 9 JANVIER 2018 MICHEL BÜHLER

A REBROUSSE-POIL 
Premier jour de l’année, à l’heure du café. Peu à peu émergent de leur lit les amies et les amis avec qui nous avons fait la fête hier soir. Les enfants mal réveillés sont devant leur cacao, une jeune grand-mère berce doucement sa petite-fille encore endormie. Sylvia, levée la première, rapporte de la boulangerie une brassée de croissants. Elle les dépose sur la table, tout en sifflotant.

Qu’est-ce qui lui passe par la tête? La mélodie qu’elle fait renaître a été écrite par Jean-Baptiste Clément, tandis que la Commune de Paris se faisait écraser par les Versaillais. Et les paroles disent, nous le savons:

Oui mais ça branle dans le manche

Les mauvais jours finiront

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s’y mettront!

Lointain écho, dans notre cuisine, d’un temps où l’on pouvait espérer que les opprimés s’uniraient un jour, et se battraient ensemble contre l’adversaire commun. Ils s’appelaient par des noms de fraternité: camarades, compagnons, citoyens. Ils avaient la conviction qu’un monde juste était possible, et qu’ils le verraient naître bientôt.

Et aujourd’hui?

Aujourd’hui…

Signe des temps:

Le mois dernier dans ma radio, un journal du matin s’ouvre joyeusement sur l’augmentation de près de 13% du nombre de milliardaires sur la planète. Il se conclut par l’annonce du prochain durcissement des mesures de contrainte à l’égard des chômeurs. Aucune question sur l’origine des fortunes des premiers, mais un ton réprobateur pour parler des allocations que reçoivent les seconds.

L’ennemi, ce n’est pas l’exploiteur, pas celui qui s’enrichit d’une façon inimaginable sur le dos de la planète et des autres humains. Non. Celui que l’on couvre d’opprobre, que l’on désigne à la vindicte du bon peuple, c’est le faible, le plus pauvre que soi. Les milliards amassés par quelques spéculateurs, on les admet. Mais il faut poursuivre impitoyablement les «profiteurs» qui survivent chichement de maigres aides.

Il ne s’est pourtant pas passé une semaine, pendant l’année écoulée, sans que viennent au jour de nouvelles forfaitures. «Paradise» après «Panama Papers», trucage des tests antipollution par de grands groupes automobiles, nouvelle forme d’esclavage pratiquée par telle entreprise de vente en ligne, obsolescence programmée de certaines imprimantes, fonctions ralenties de téléphones provoquées par de prétendues mises à jour, usage des «fake news» élevé au rang de sport international.

On sait. On s’est accoutumé. Et pire: maintenant, au lieu de penser à leur faire rendre gorge, on admire et on envie les accapareurs.

Signe des temps encore:

Je me rappelais que Balzac disait: «A l’origine de toute grande fortune, il y a un crime.» Voulant vérifier l’exactitude de la citation, je la tape sur mon moteur de recherche. Avec la page qui confirme le bon état de ma mémoire apparaît une publicité:

«Swiss investissement, rendement 8% ou plus par année. Risque faible. 100% libre d’impôt.»

Ben voilà.

L’amoralité est devenue la norme, elle s’affiche publiquement, sans vergogne.

Nous nous sommes laissé dépouiller de nos espoirs, nous avons cessé de nous considérer comme des camarades, nous voilà réduits au statut de clients, de consommateurs.

Et Warren Buffett, l’un des hommes les plus riches du monde, peut affirmer haut et fort: «La lutte des classe existe, nous l’avons gagnée.»

Mais gare à la revanche?…



On trouvera ici (dans ce numéro  du 24 avril 2019) un complément d'actualité.


















Cliquez sur le calendrier pour découvrir
 ce qui s'est passé un
29 avril
pendant la vie d'Edouard Vaillant




NOTRE PRESENCE (EVENTUELLE) DANS LES SALONS DU LIVRE 
OU LIEUX DE DEDICACE




Souesmes (41)
Clairière aux livres entre Sologne et Berry
(dimanche 6 octobre, 10h-18h)














Rentrée littéraire de septembre 2016 
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
560g  
les 2 volumes 1044g 





















vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 

Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




TOUTES NOS DATES IMPORTANTES




Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.



374 p.  18,80 €
484g  
les 2 volumes 1044g 








L'EDITEUR







LES POINTS DE VENTE LOCAUX


18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud  (9 rue Voltaire)
(hélas fermé depuis le 21 juillet, malgré un grand soutien local, dont le nôtre)


 Espace culturel Leclerc  (48 avenue de la République)




 Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)


Bourges 

 La Poterne (41 rue Moyenne)



 Point Virgule (46 rue d'Auron)



Cultura Saint-Doulchard
(mystérieusement exclu depuis 2016)


 Centre commercial Carrefour Bourges (Chaussée de la Chappe)

Référencement national - partout en France - dans les magasins Carrefour.
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).













Henrichemont 

 Maison de la Presse "Le Jardin des Fées"(10 place Henri IV)








36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur (Zone Commerciale Cap Sud, 10 Boulevard du Franc)





Aussi recommandés et également présents, le dictionnaire berrichon de Michel Pinglaut, le "Edouard Vaillant" de Gilles Candar, le "La face cachée de la Commune" d'Hélène Lewandowski. 





Issoudun 


 Centre commercial Leclerc(Rue de la Limoise)





Il y a aussi le livre sur le berrichon de notre président Michel Pinglaut 


COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

29 2 16  HENRICHEMONT GIBLOG

1 11 15  MAGAZINE A VIERZON

20 10 15    DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE

28 08 15    BLOG VIERZONITUDE




DOSSIER DE PRESSE





La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.



                                                                                                              (Vaillantitude)



La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 



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