mardi 23 avril 2019

VAILLANTISONS JEAN RAMA


proche de Vaillant à l’enseignement




et qui fut un temps Berruyer (rue d’Auron)





La genèse de cette recherche montre que, pour nous du moins, un inconnu qui n’aurait pas dû l’être a été remis dans sa lumière d’origine. 
Tout commence par Gilbert, l’auteur du blog d'Henrichemont "Gilblog", qui enquête sur les communards du Cher. Il annonce :

Je viens de trouver ça en parcourant Le Journal du Cher :

Le Journal du Cher Mardi 2 mai 1871. 
Nouvelles locales. 
"Encore un citoyen bien connu à Bourges qui figure parmi les auxiliaires de la Commune de Paris. C’est M. Rama, lequel habitait la rue d’Auron il y a peu de temps encore. Ce patriote qui professe l’athéisme le plus pur, vient d’être nommé membre de la commission d’enseignement, par le citoyen Vaillant (de Vierzon), délégué de la Commune."

Il en arrive à cette première notice :

Rama, Bourges.
Rama (prénom inconnu), instituteur révoqué par l’Empire, connu comme athée, habitait rue d'Auron à Bourges avant la Commune. Délégué à l'instruction communale du XVIIe arrondissement. Lors d’une réunion à l’école Turgot, la Société de l’Éducation nouvelle, nomme ses délégués, dont Rama, à la Commission d'organisation de l'enseignement de la Commune. L'arrêté créant cette commission est signé par Édouard Vaillant le 28 avril 1871. (Journal du Cher et sources diverses).

Puis soudain cette révélation dont le résultat est résolument positif malgré l’aspect mitigé de la première réaction : 

Satisfaction et déception… Je croyais avoir fait une trouvaille, mais Jean dit Joanny Rama (et non Rama tout court) a déjà une longue fiche biographique dans le Maitron !  
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article7897



En effet, avant qu’on ne le découvre ici, il était déjà une vedette dans le Maitron:




L'article: 

Fils de Marie, Jeanne Rama, née à Jonage (Isère) le 17 novembre 1800, ouvrière tailleuse, et de Félix, Charles, Auguste Jouglas, né à Berlin (Prusse) et décédé à Paris, homme de lettres et professeur, Jean Rama naquit à Lyon le 25 juillet 1828.

En 1850, il faisait partie des instituteurs protestant contre l’adoption de la loi Falloux qui plaçait l’enseignement sous le contrôle de l’Église. Il fut privé de ses droits civiques pour avoir proposé un programme scolaire dont l’enseignement religieux était exclu, et probablement révoqué. Il exerça dès lors différentes professions : fondeur au moment de la naissance de sa fille Emma Jeger le 7 avril 1855 à Aubervilliers (qu’il reconnaîtrait seulement par la suite, le 20 avril 1874), il créa ensuite une entreprise commerciale qui fit faillite en 1857. Il devint alors employé au chemin de fer de Bourges et dans la compagnie du Midi.
En 1870, il s’installa 11 rue Caroline, dans le XVIIe arrondissement, et envisagea d’ouvrir un grand internat en banlieue. L’éclatement de la Guerre de 1870 le contraignit à différer son projet, mais la Commune lui offrit l’occasion de renouer avec ses préoccupations pédagogiques, à une autre échelle : le 26 mars 1871, il fut nommé délégué par la société l’éducation nouvelle avec Henriette Garoste, Louise Lafitte, J. Manier, Rheims et Maria Verdure. Il appartenait à la sous-commission dite « d’organisation de l’enseignement », créée par Édouard Vaillant, avec J. Manier, Eugène André, E. Da Costa, E. Sanglier. Il touchait un traitement de 100 francs par décade. Il rédigea un manifeste publié au JO du 13 avril 1870 dans lequel il défendait le principe d’une éducation gratuite, obligatoire et laïque, en se fondant sur des principes qui « se résument dans la justice, dans l’inviolabilité, le respect de la personne humaine, sans distinction de race, de nationalité, de croyance, de position sociale, de sexe ni d’âge », lesquels sont « distincts de tout culte, de toute religion, de tout système philosophique ». Fort de ces principes, il interdisit aux instituteurs et institutrices de conduire les enfants à l’église sous peine de révocation : c’était aux parents qu’il revenait de donner un enseignement religieux à leurs enfants s’ils le souhaitaient. Cette application de la laïcité au nom de la liberté de conscience ne l’empêcha pas de secourir deux frères des écoles chrétiennes qui étaient dans la gêne. Grâce à lui, le développement de l’Instruction publique fut favorisé dans le XVIIe arrondissement.
Auparavant il avait été, avec André-Léo, Élie et Élisée Reclus, Benjamin et Ferdinand Buisson, Benoît Malon et d’autres, l’un des principaux collaborateurs de La République des Travailleurs, hebdomadaire de la section des Batignolles et Ternes de l’AIT du 8 janvier au 4 février 1871.
Après la répression de la Commune, il fut traduit le 21 juillet 1871 devant la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour immixion dans des fonctions publiques. Il se défendit en affirmant qu’il n’avait pas souhaité pas se mêler de politique, mais d’enseignement. Cette distinction est toutefois artificielle, car Rama considérait l’enseignement comme le plus solide fondement de la République. Son avocat Me Desmarest s’appuya sur des témoignages en sa faveur d’hommes honorables et hauts placés. Au vu de sa probité et de son honorabilité reconnues, Rama bénéficia de circonstances atténuantes. Il fut toutefois condamné à six mois de prison.
En 1875, il ouvrit avec sa femme, Émilie Rama, née Jouglas, institutrice titulaire d’un brevet de capacité second ordre, un pensionnat libre laïque de filles à Bourg-la-Reine, où naquit leur fils Pol, le 7 avril 1880. Rama a décrit cette institution dans une brochure publiée à compte d’auteur, L’Éducation pratique selon la science pour les deux sexes et la liberté de l’enseignement, qu’il rédigea pour compléter sa présentation à l’Exposition internationale des sciences appliquées de 1879. Le lieu avait été soigneusement choisi : l’institution Rama (5 rue de la Gare) était stratégiquement située à proximité de la capitale — à 22 minutes de Paris par le chemin de fer de Sceaux, lisait-on dans les annonces publicitaires régulièrement publiées dans la presse — dans un cadre favorable aux préoccupations hygiéniques de ses initiateurs : « dans cette partie de la banlieue restée tout à fait campagne », épargnée par « la fumée des usines » comme par « les inconvénients dangereux des égouts de Paris ». Car le fondement de toute éducation est l’hygiène physique et morale. Le pensionnat bénéficiait en outre d’un « beau jardin ombragé de grands arbres, avec gymnase ». Le corps enseignant se composait de plusieurs institutrices (cinq logeaient sur place, selon le recensement de 1881, en plus du couple Rama) d’une doctoresse, Mlle Verneuil, et d’un licencié es sciences, Charles Delon, auteur de nombreux ouvrages d’éducation. L’institution Rama se déclarait prête à accueillir des élèves de tous âges et de tous profils, y compris les sourdes-muettes et les arriérées, mais ne recevait pas d’externes : il importait d’éviter que les élèves fussent soumises à des influences extérieures, au point que les grandes vacances étaient facultatives. Les pensionnaires ne portaient pas d’uniforme et les plus âgées pouvaient disposer d’une chambre individuelle. Les élèves choisissaient, en fonction de leurs aptitudes et de leurs goûts, parmi les matières enseignées (langues, arts et sciences, économie domestique, législation usuelle, gymnastique…) et pouvaient se préparer à tous les diplômes, y compris le baccalauréat. La pédagogie s’appuyait sur « une méthode rationnelle, scientifique », fondée sur l’observation et l’expérimentation. Elle visait à former des individus responsables, donc libres. En 1880, le Conseil général de la Seine vota un crédit de 3600 francs pour l’entretien de trois boursières. L’année suivante, après un rapport d’inspection particulièrement élogieux, le ministre de l’Instruction publique décida d’envoyer des boursières de l’État à l’institution Rama. C’était la première fois qu’une école libre féminine bénéficiait d’une telle mesure. Mais l’année suivante, suite à des accusations d’anticléricalisme formulées contre l’institution, le Conseil général décida de transférer les trois bourses octroyées à l’institution Rama à celle de Mlle Robert, et Emilie Rama fut traduite devant le Conseil départemental. L’institution survécut cependant au moins jusqu’en 1886, mais on ne trouve plus sa trace dans le recensement de 1891. Rama lui-même était périodiquement attaqué, accusé d’anticléricalisme, comme l’atteste, en dépit de la modération de ses propos, la polémique qui l’opposa à Armand Ferrand en 1884 dans les colonnes du Bon citoyen de Malakoff. 
Le couple Rama s’investissait également dans le domaine social. En 1879, Rama fut élu à la commission du canton de Sceaux chargée de favoriser l’application de la loi du 19 mai 1874 relative au travail des enfants employés dans l’industrie. Sa femme siégeait à la commission féminine. Il participa en outre aux travaux de la Société républicaine d’économie sociale (il était présent à la séance du 27 août 1887, assesseur à celle du 29 octobre et présida l’assemblée générale du 31 mars 1888 dont l’ordre du jour était l’organisation d’un congrès international d’économie sociale). En dehors d’un projet de candidature au conseil général dans le canton de Bagneux à laquelle il renonça lors de la réunion du comité cantonal républicain le 9 avril 1884 pour se désister en faveur de Martin, maire de Montrouge, il ne semble pas avoir nourri d’ambitions politiques.
Les Rama partageaient aussi un engagement féministe : tous deux collaborèrent à La Citoyenne, le journal suffragiste d’Hubertine Auclert. Rama exprima ses convictions sur l’égalité des sexes le 24 février 1881, à l’occasion du banquet organisé au parc Montsouris pour célébrer l’anniversaire de la proclamation de la IIe République. Il porta un toast « à l’égalité politique de la femme, qui, étant la compagne de l’homme, doit avoir les mêmes droits, puisqu’elle remplit les mêmes devoirs sociaux ». Il était aussi un fervent partisan de la coéducation, ainsi appelait-on alors la mixité. Il soutint des groupes féministes modérés, l’ADF (Association pour le droit des femmes) puis la LFDF (Ligue française pour le droit des femmes) de Léon Richer et siégea au conseil d’administration de la SASF (Société pour l’amélioration du sort des femmes) dirigée par Maria Deraismes. Il s’engagea aussi auprès de mouvements plus radicaux, comme ceux fondés par Astié de Valsayre qui l’admirait et le considérait comme son initiateur au socialisme. Ainsi, en 1889, il soutint son éphémère Ligue des femmes socialistes, puis, en 1890, la Ligue de l’affranchissement des femmes, un mouvement résolument mixte, patronné par cinq personnalités masculines, Joseph de Gasté, Daumas (conseiller municipal radical socialiste du XIe arrondissement), Benoit Malon, Cipriani, Eugène Chatelain. Astié pressentit Rama pour assumer la présidence de la quatrième réunion publique, rue Saint-Antoine, le 24 mars 1891. Dix ans plus tard, la participation de Rama à une fête du Groupe des femmes socialistes lors de laquelle il parla de « l’idéal que nous voulons représenter » atteste de la pérennité de ses convictions.
Entretemps, Rama avait quitté Bourg-la-Reine pour s’établir à Fontenay-sous-Bois, où il résidait en 1894, 14 rue du Fort selon le Bulletin de la fédération française de la libre pensée. Comme libre penseur, il prononça maints discours lors de funérailles civiles (Jean Lemoine, ancien instituteur, L’Hay, 1881 ; la fille du citoyen Louchard, Fontenay-sous-Bois, 1895 ; la citoyenne Dodet, Vincennes, 1900). Rama publia celui concernant Maria Dodet, 22 ans, féministe, socialiste et libre penseuse que la misère emporta prématurément, dans l’unique numéro de la Fraternité universelle. Ces discours étaient jugés « excellents » dans la presse libre penseuse et radicale. Mais la proposition de Rama, lors de la réunion du 14 novembre 1898 au nom de l’office Abaca, fondé en 1892 en vue de faciliter les formalités du mariage, d’insérer dans le Bulletin de la libre pensée d’annonces matrimoniales pour favoriser le mariage entre les libres-penseurs ne souleva guère l’enthousiasme. Son auteur fut invité à réitérer sa demande lors la prochaine Assemblée générale, seule habilitée à se prononcer sur un sujet aussi délicat… 
Enfin, Rama multiplia, avec un succès variable, les prises de parole publiques : le 20 avril 1884, il prononça une conférence, « La République, ce qu’elle est et ce qu’elle doit être », devant l’alliance des travailleurs républicains du XIIe arrondissement, au bénéfice de sa caisse de prévoyance contre le chômage. Le 5 octobre 1884, il participa à l’inauguration à Malakoff des conférences contradictoires présidées par Charles Laisant, député républicain progressiste de Nantes, qui visaient à « rapprocher les citoyens par l’étude des questions politiques et sociales ». Il commença son discours par l’adresse « Citoyennes, citoyens ». Ce discours lui valut d’être vivement attaqué par Armand Ferrand qui rappela son passé de communard et l’accusa de saper l’ordre social en combattant l’influence de l’Église. Le 13 décembre 1887, il prononça une conférence publique gratuite et contradictoire sur « la question sociale par et pour la liberté » au cercle républicain du Rhône (dont il était originaire), à la brasserie Gruber, Boulevard Saint-Denis. Le 20 janvier 1888, il fut chahuté lors d’une réunion anarchiste à la salle Rivoli, rue Saint-Antoine, pour avoir protesté contre un appel à la violence :

« "Emparons-nous de l’usine, qui appartient à l’ouvrier, mais ne la brûlons pas. Des actes pareils amèneraient une épouvantable réaction qui nous retirerait jusqu’à la liberté de réunion dont nous jouissons aujourd’hui". 
Les jeunes compagnons ont protesté à leur tour contre le socialisme à l’eau de Cologne du citoyen Rama, et pendant quelques minutes ça a été un vacarme infernal. 
—  Préconisez tant que vous voulez des actes individuels, clamait le pauvre Rama, mais qu’ils soient intelligents.
—  Va donc ! raseur romantique, ont riposté les jeunes compagnons ».

Le 20 février 1891 il parla du « mouvement social » à la bibliothèque socialiste rue de la Clé. Le 11 septembre 1898, il participa à une conférence causerie contradictoire sur la question sociale au café Jules, Boulevard Magenta, organisée par le groupe des universalistes de Paris, et le 24 novembre 1901, à une discussion sur les droits de l’homme, rue des Partants. Enfin, le 16 février 1902, il fit une communication à l’Émancipation de Vincennes.
Il mourut quelques semaines plus tard à Paris, à son domicile 9 avenue Reille, le 19 mai 1902, à l’âge de 73 ans. Son acte de décès indique qu’il était publiciste, et marié en troisièmes noces à Gilberte Pinet, 48 ans, également publiciste. Ses obsèques civiles eurent lieu le 22 mai 1902.
Joanny Ram après avoir eu une fille (Emma) avec une demoiselle Jeger, avait épousé une demoiselle Jouglas, avec laquelle il a eu deux enfants : 
- Pol, né à Bourg la Reine le 9 avril 1880

- Albert, né à Paris VIe arr.le 11 juillet 1889, typographe.






POUR CITER CET ARTICLE :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article7897, notice RAMA Joanny [RAMA Jean, dit Joanny] par Nicole Cadène, Jean Maitron, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 24 décembre 2017.




Et sur le site des Amies et Amis de la Commune de Paris, on peut le retrouver partiellement, ce qui est aussi l'occasion de relire ce qu'écrivait Marcel Cerf en 2012:




http://www.commune1871.org/?La-Commune-et-la-separation-de-l



La Commune et la séparation de l’Église et de l’État...
samedi 24 mars 2012 

LA LAÏCISATION DE L’ENSEIGNEMENT

La Convention, quelques mois avant de se séparer, a proclamé l’indépendance des cultes, le 3 Ventôse de l’An III (21 février 1795) : « Nul ne pourra être empêché d’exercer, en se conformant aux lois, le culte qu’il a choisi; la République n’en salarie aucun ».

C’était l’amorce de « La séparation des Églises et de l’État ». Mais la réaction thermidorienne a disloqué le gouvernement révolutionnaire. La République est en­core fragile. Le haut clergé catholique en profite pour se réorganiser. Le 30 mai 1795, les églises sont rendues aux cultes.

Napoléon Bonaparte, Premier Consul, dit au clergé de Milan, quelques jours avant Marengo : « Nulle société ne peut exister sans morale, et il n’y a pas de bonne morale sans religion. Il n’y a donc que la religion qui donne à l’État un appui ferme et durable ».

Napoléon, en signant avec le Pape le Concordat du 15 juillet 1801, va catholiciser la France et achever de détruire l’œuvre de la Révolution. Pendant un siècle, l’Église va pouvoir inculquer au peuple la soumission à la classe dirigeante et le respect de l’ordre établi. Avec la Restauration, l’alliance du trône et de l’autel est encore renforcée : L’Église répand les thèses du Pape Grégoire XVI, dans son encyclique « Mirare Vos » (1832), « qualifiant la liberté de conscience de fausse et absurde, la liberté de la presse de funeste, exécrable ».

Vers les années 1830, Lamennais, Lacordaire et Montalembert sont à l’origine d’un catholicisme libéral favorable à la séparation de l’Église et de l’État, mais ils ne sont pas de force à lutter contre l’Église, obscurantisme qui les condamne.

En 1849, une commission se réunit pour préparer un nouveau statut de l’Enseignement. Thiers se déchaîne contre les instituteurs, ces « anti-curés ». «Qu’on ferme les écoles normales, glapit Thiers, que le curé de la paroisse se charge de l’instruction primaire. Aussi bien il apprendra toujours au peuple qu’il a plus besoin de moralité que de savoir », et Thiers nous avoue ses préférences: «J’aime mieux l’instituteur sonneur de cloches que l’instituteur mathématicien».




Utilisant au maximum les dispositions de la Loi Falloux (Mars 1850), les congrégations s’infiltrent dans les différentes branches de l’enseignement. Après le coup d’état (sic) du 2 décembre 1851, l’Église se rallie rapide­ment au régime de Louis-Napoléon Bonaparte : L’évêque de Rennes salue en Napoléon III, « de tous les monarques français depuis Saint-Louis, le plus dévoué à l’Église et à son œuvre de civilisation et de progrès ». L’Empereur augmente généreusement les salaires des ministres du culte car l’Église est un des meilleurs soutiens du Régime. Louis Fiaux, qui n’est pas un extrémiste, constate que : « L’Église ne s’est point seulement associée à tous les coups de force tentées contre la souveraineté populaire, mais il n’est pas une conquête de l’esprit humain dans l’ordre social, politique, philosophique, scientifique qu’elle n’ait anathémisée et combattue ».

Révoltés par les compromissions de L’Église avec le Second Empire, les opposants à Badinguet sont des partisans convaincus de la séparation de l’Église et de l’État. En 1869, lors des élections législatives, Gambetta dans son programme radical dit « de Belleville », inclut dans ses réformes « La séparation de l’Église et de l’État ».




Jean Macé


En Octobre 1870, le professeur Jean Macé, fondateur de la Ligue de l’Enseignement avec Emmanuel Vauchez, secrétaire général du Cercle Parisien de la Ligue, lance une pétition pour la laïcité de l’école qui recueille rapidement 1 267 267 signatures.

A la même époque, plusieurs écoles laïques sont ouvertes dans Paris. Elie Ducoudray, avocat, membre de la Société des Amis de l’Enseignement et Maire du XIVe arrondissement, prend les premières mesures pour assurer l’enseignement laïc (sic) gratuit. Sous la Commune, avec Maria Verdure, il propose un projet d’organisation des crèches. L’administration municipale du IIe arrondissement ouvre, le lundi 9 novembre 1870, une école laïque de garçons, 49, rue Montorgueil et trois écoles laïques de filles 41, rue Greneta, 22 rue Saint-Sauveur et 23, rue Beauregard. Louis Asseline, journaliste et historien qui a succédé à Elie Ducoudray dans le XIVe arrondissement, émet le vœu que les écoles congréganistes dudit arrondissement soient immédiatement remises entre les mains d’instituteurs et d’institutrices laïcs (sic) (29 novembre 1870).

Pour les élections à l’Assemblée nationale, en Février (sic) 1871, tous les Comités électoraux républicains, radicaux et socialistes révolutionnaires insèrent dans leurs revendications « La séparation des Églises et de l’État », mot d’ordre populaire que l’on retrouve dans les déclarations des candidats aux élections de la Commune.

Dans leur séance de nuit du 23 mars 1871, les délégués de l’Association internationale des Travailleurs et de la Chambre fédérale des Sociétés ouvrières lancent un appel aux travailleurs pour les élections à la Commune et ils rappellent leurs revendications dont « l’instruction gratuite, laïque et intégrale ». On ne doit donc pas s’étonner si un des premiers décrets promulgués par la Commune est ce­lui de la séparation de l’Église et de l’État. A la séance du 2 avril 1871 de la Commune, le projet est présenté par le citoyen Pyat, au nom de la Commission exécutive. Le décret est adopté à l’unanimité (J.O. du 3 avril 1871) : « Art. 1. L’Église est séparée de l’État. Art. 2. Le budget des cultes est supprimé. Art. 3. Les biens dits de mainmorte appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales ». Lefrançais, élu à la Commune dans le IVe arrondissement, répond aux adversaires qui accusent la Commune de spolier les congrégations : « Quant à la reprise des biens de mainmorte, et de tous les biens appartenant aux corporations religieuses, il suffit de remonter à la source originelle de ces biens pour comprendre que le décret ne faisait que restituer à la Nation ce qui lui appartenait de droit et que détenaient indûment les corporations dépossédées ».

Les réactionnaires ne pouvaient admettre un tel décret. Il faut cependant signaler une exception : le pasteur Edmond de Pressensé, bien que profondément hostile à la Commune, reconnaît pourtant le bien-fondé du décret du 2 avril 1871 : « La séparation de l’Église et de l’État a beau avoir été proclamée par la Commune, elle n’en demeure pas moins le seul moyen effica­ce de rétablir la paix dans le monde de la pensée, d’assurer le droit des consciences, d’en finir avec les fictions religieuses, d’arracher de notre sol tout ce qui subsiste de la confusion du spirituel et du temporel ( ...). ».

De la séparation de l’Église et de l’État découle tout naturellement la laïcisation des écoles. Les délégués de la Société « L’éducation nouvelle » ont remis le 1er avril une requête aux membres de la Commune. Ils demandent que l’instruction religieuse ou dogmatique soit laissée toute (sic) entière à l’initiative et à la direction des familles et qu’elle soit immédiatement et radicalement supprimée pour les deux sexes, dans toutes les écoles, dans tous les établissements dont les frais sont payés par l’impôt (J.O. du 2 avril 1871). Le 8 avril, Rama le délégué à l’instruction communale du XVIIe arrondissement, fait savoir que les instituteurs et institutrices des écoles et salles d’asiles publiques de l’arrondissement sont invités à se conformer aux instructions suivantes : ils emploieront exclusivement la méthode expérimentale ou scientifique, celle qui part toujours de l’observation des faits, quelle qu’en soit la nature, physique, morale, intellectuelle. L’enseignement de la morale sera à la fois usuel et théorique, dégagé de tout principe religieux ou dogmatique, afin de pouvoir être donné à tous, sans blesser qui que ce soit (J.O. du 13 avril 1871). Le 28 avril, une Commission d’organisation de l’enseignement est instituée par le délégué de la Commune à l’enseignement, Edouard Vaillant.





Edouard Vaillant


Elle est composée des citoyens André, Da Costa (père), Manier, Rama, Sanglier. Elle a pour objet : 1. D’organiser dans le plus bref délai, l’enseignement primaire et professionnel sur un modèle uniforme dans les divers arrondissements de Paris ; 2. De hâter partout où elle n’est pas encore effectuée la transformation de l’enseignement religieux en enseignement laïc (sic) (J.O. du 29 avril 1871).

La municipalité du IIIe arrondissement avertit ses administrés congréganistes que leurs trois écoles des rues Ferdinand Berthoud, Neuve Bourg-l’Abbé et de Béarn sont à partir du 23 avril 1871, confiés à des instituteurs laïcs. (sic) Au cours du mois d’avril, les frères et les sœurs des écoles chrétiennes du XIIe arrondissement ont abandonné leur poste. Un appel est fait à tous les instituteurs laïcs (sic) pour que cet abandon soit comblé afin « d’inaugurer définitivement l’instruction laïque, gratuite et obligatoire ».






Jules Allix (1818-1897)


Le 25 avril, Jules Allix, membre de la Commune et faisant fonction de maire du VIIIe arrondissement, s’adresse aux parents, aux amis de l’enseignement, aux enfants pour leur exposer la situation dans l’arrondissement. Après avoir constaté que les écoles congréganistes ont suspendu leur engagement, il jette les bases de l’école nouvelle dont les cours seront publics afin que les parents et les professeurs puissent y assister à leur gré. La Société « La Commune sociale de Paris », dont il est le fondateur, le secondera de ses lumières et de ses membres. Tous les enfants de trois à douze ans devront être bon gré, mal gré, mis à l’école immédiatement. Les enfants de cinq à sept ans devront avoir assimilé la lecture, l’écriture, le calcul et l’orthographe. Il crée une école normale de gymnastique et veut en créer d’autres pour la musique et le dessin. Jules Allix n’est peut-être pas aussi « toqué » qu’on veut bien le dire quand il avertit « que les instituteurs ne pourront sous aucun prétexte faire payer des fournitures aux élèves ». Dans le IVe arrondissement, les écoles sont exclusivement dirigées par des instituteurs et des institutrices laïcs (sic) et la municipalité veille scrupuleusement à l’aide de fréquentes inspections, à ce que tout enseignement religieux sans exception en soit complètement banni (J.O. du 12 mai 1871).

Quelques arrondissements ont négligé de procéder à la laïcisation et le 18 mai 1871, sur la proposition de la Délégation à l’Enseignement, la Commune de Paris décide « Dans les 48 heures, un état sera dressé de tous les établissements d’enseignement tenus encore malgré les ordres de la Commune par des congréganistes. Les noms des membres de la Commune, délégués à la municipalité de l’arrondissement où les ordres de la Commune relatifs à l’établissement de l’enseignement exclusivement laïc, n’auront pas été exécutés, seront publiés chaque jour dans l’Officiel » (J.O. du 19 mai 1871). La Commune entendait laïciser non seulement l’enseignement mais aussi d’autres services municipaux, tels que l’Assistance publique et les bureaux de bienfaisance. Camille Treillard, ancien proscrit de Décembre 1851, a été un bon gestionnaire de cette importante administration. Évidemment, il ne put, du jour au lendemain, remplacer les infirmières religieuses par des infirmières laïques, mais il prit des mesures pour humaniser les hôpitaux et assurer leur salubrité. Il réorganisa les bureaux de bienfaisance en leur donnant une direction exclusivement laïque.

La politique religieuse des Communards a été parfois critiquée en raison de quelques excès d’un anticléricalisme grossier, mais nous ne devons pas oublier que les auteurs du décret du 2 avril 1871 furent les hardis précurseurs des Républicains qui votèrent la Loi du 7 juillet 1904 supprimant l’enseignement congréganis­te et la Loi du 9 décembre 1905 instaurant la séparation des Églises et de l’État.

Marcel Cerf

Jean Annequin:

Pour info, Rama est cité à plusieurs reprises - dont les commissions - et a une notice dans l'ouvrage "La Commune de Paris et la démocratisation de l'école".

Le livre est mentionné dans l'article suivant:
http://www.commune1871.org/?La-Commune-l-education-et-la


























Cliquez sur le calendrier pour découvrir
 ce qui s'est passé un
23 avril
pendant la vie d'Edouard Vaillant




NOTRE PRESENCE (EVENTUELLE) DANS LES SALONS DU LIVRE 
OU LIEUX DE DEDICACE




Souesmes (41)
Clairière aux livres entre Sologne et Berry
(dimanche 6 octobre, 10h-18h)














Rentrée littéraire de septembre 2016 
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
560g  
les 2 volumes 1044g 





















vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 

Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




TOUTES NOS DATES IMPORTANTES




Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.



374 p.  18,80 €
484g  
les 2 volumes 1044g 








L'EDITEUR







LES POINTS DE VENTE LOCAUX


18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud  (9 rue Voltaire)
(hélas fermé depuis le 21 juillet, malgré un grand soutien local, dont le nôtre)


 Espace culturel Leclerc  (48 avenue de la République)




 Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)


Bourges 

 La Poterne (41 rue Moyenne)



 Point Virgule (46 rue d'Auron)



Cultura Saint-Doulchard
(mystérieusement exclu depuis 2016)


 Centre commercial Carrefour Bourges (Chaussée de la Chappe)

Référencement national - partout en France - dans les magasins Carrefour.
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).













Henrichemont 

 Maison de la Presse "Le Jardin des Fées"(10 place Henri IV)








36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur (Zone Commerciale Cap Sud, 10 Boulevard du Franc)





Aussi recommandés et également présents, le dictionnaire berrichon de Michel Pinglaut, le "Edouard Vaillant" de Gilles Candar, le "La face cachée de la Commune" d'Hélène Lewandowski. 





Issoudun 


 Centre commercial Leclerc(Rue de la Limoise)





Il y a aussi le livre sur le berrichon de notre président Michel Pinglaut 


COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

29 2 16  HENRICHEMONT GIBLOG

1 11 15  MAGAZINE A VIERZON

20 10 15    DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE

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DOSSIER DE PRESSE





La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.



                                                                                                              (Vaillantitude)



La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 



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