samedi 6 novembre 2021

SEMAINE DE LA POÉSIE À BOURGES

                     

Ouverture avec la Commune.




Le 6 novembre, jour anniversaire de la mort d'Eugène Pottier



LA COMMUNE EN POÉSIE


Les Amies et Amis du Berry de la Commune de Paris-1871 ont été sensibles à la part prise par l’association des Poètes en Berry dans le 150e anniversaire de la Commune.

Le 28 mai 2021, ils ont fait paraître une Lettre spéciale des Poètes en Berry, n° 62, intitulée pour l’occasion « Au temps des cerises ».
Cependant, une des phrases du prologue a suscité des réactions parmi les poètes, et pour nous aussi. « Notre intention n’est pas de rappeler des faits historiques encore moins de prendre position. A chacun sa position. »




Dans cette lettre de 8 pages, figurent :

Un extrait de L’orgie parisiennne ou Paris se repeuple ( avec portrait d’Arthur Rimbaud par Carjat et bref texte de présentation).


Michel Pinglaut a proposé Commune de Paris d’André Benedetto (portrait et présentation)
Un extrait de Vive la Commune d’Eugène Chatelain (avec son portrait et présentation)
L’hirondelle de Louise Michel (avec portrait et présentation)
2 chansons :
La Commune est en lutte de Jean-Roger Caussimon
La Commune de Jean Ferrat
4 quatrains de Verlaine ( avec photo en pied, peu connue et présentation)
Le moblot d’Eugène Pottier. Nous avons fait modifier la photo (c’était celle de Jules Vallès)
Un extrait de Les incendiaires d’Eugène Vermeersch ( portrait et présentation)
A qui la faute ? de Victor Hugo (photo en buste et jeune, avec présentation). Nous avons fait remarquer qu’on ne demande pas de ne pas prendre position sur des vers d’Hugo, ou quand un poète parle d’arbre pour la Planète.
Hymne à la Commune de Clovis Hugues (portrait et présentation)
2 autres chansons :
A Montmartre de Raoul Ponchon ( photo en buste et présentation)
Et bien sûr, Le temps des cerises de Jean-Baptiste Clémént (photo connue, Clément portant chapeau et présentation.



Le jeudi 7 octobre,  à 15 h, un petit groupe de Poètes en Berry et Michel Pinglaut se sont retrouvés pour «  Une heure de poésie sur la Commune » , à la bibliothèque de quartier des Gibjoncs à Bourges.
Pour les Amies et Amis du Berry de la Commune de Paris-1871, Michel Pinglaut a choisi Les mains de Jeanne-Marie d’Arthur Rimbaud et 2 lettres de Louise Michel à Victor Hugo





«  La Semaine de la poésie » des Poètes en Berry, du 25 au 31 octobre a remplacé le Printemps des poètes, qui avait été annulé pour cause de pandémie.
Le 25 octobre a vu la formule « Une heure avec ... » Marie-Annick Bourguignon pour textes et chansons et Michel Pinglaut pour les textes : «  les poètes de la Commune », de 17 h à 18h, dans les salons de l’Hôtel de ville de Bourges. La Commune évoquée, en lecture-passion dans un cadre plutôt bourgeois !








Au programme :

La Commune de Paris d’André Benedetto (extrait)
Guillaume et Paris d’Eugène Pottier(duo)
Anniversaire du 18 mars d’Eugène Pottier
L’Union Républicaine de J.A. Sénéchal
La Commune est passée par là d’Eugène Pottier, poème dédié à Edouard Vaillant
Vieux de la vieille, quatrain d’Arthur Rimbaud
André Gill de Clovis Hugues
Le 26 mars de Jules Vallès
La canaille, chanson d’Alexis Bouvier
Entrée triomphale du général Espivent à Marseille de Charles Bonnet
Lycée Thiers, maternelle Jules Ferry, pièce de théâtre en  3 Thiers-temps de Xavier Pommeret (duo)
Les mains de Jeanne Marie d’Arthur Rimbaud
Jeanne d’Eugène Châtelain(duo)
2 lettres de Louise Michel à Victor Hugo
Louise Michel et le drapeau noir d’Achille Leroy
La butte de Satory, extrait de la 3e partie : Bella et Louis Nathaniel Rossel,  de Pierre Halet(duo)
La complainte de Louis Rossel, chanson anonyme
Les trois cortèges de J.A.Sénéchal
Le coq rouge de Maurice Boukay(duo)
Pimprelette, chanson d’Emmanuel Delorme
Dans une souscription de Clovis Hugues
Les niaoulis de Louise Michel
L’internationale, 2 couplets d’Eugène Pottier, sur l’air de La Marseillaise

Notons la réaction négative d’un notable retraité, ancien directeur d’un média local et ancien président d’une association culturelle importante.
Il n’est pas venu : «  La Commune , c’est d’un commun et j’en ai par-dessus la tête de George Sand et la Commune. » !?!

En revanche, le président des Poètes en Berry nous répondu :
«  Les critiques qui me sont parvenues sont positives. Peut-être que je ne fréquente pas d’amis de la Bonne Dame de Nohant ? En tout cas, merci pour votre prestation » .
Prochain rendez-vous le 2O novembre à 20H 30 au Hublot à Bourges
à la Décale à Vierzon, le 30 novembre à 19h



L'Hirondelle de Louise Michel

Hirondelle qui vient de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,

Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.

Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.

Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime !
Je ne sais quel écho par toi m’est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.



L’Orgie parisienne ou Paris se repeuple d’Arthur Rimbaud
(extraits)

Ô lâches, la voilà ! dégorgez dans les gares !
Le soleil expia de ses poumons ardents
Les boulevards qu’un soir comblèrent les Barbares.
Voilà la Cité belle assise à l’occident !
Allez ! on préviendra les reflux d’incendie,
Voilà les quais ! voilà les boulevards ! voilà
Sur les maisons, l’azur léger qui s’irradie
Et qu’un soir la rougeur des bombes étoila.
Cachez les palais morts dans des niches de planches !
L’ancien jour effaré rafraîchit vos regards.
Voici le troupeau roux des tordeuses de hanches,
Soyez fous, vous serez drôles, étant hagards !
Tas de chiennes en rut mangeant des cataplasmes,
Le cri des maisons d’or vous réclame. Volez !
Mangez ! Voici la nuit de joie aux profonds spasmes
Qui descend dans la rue, ô buveurs désolés,
Buvez ! Quand la lumière arrive intense et folle,
Foulant à vos côtés les luxes ruisselants,
Vous n’allez pas baver, sans geste, sans parole,
Dans vos verres, les yeux perdus aux lointains blancs,
Avalez, pour la Reine aux fesses cascadantes !
Écoutez l’action des stupides hoquets
Déchirants ! Écoutez, sauter aux nuits ardentes
Les idiots râleux, vieillards, pantins, laquais !
Ô cœurs de saleté, Bouches épouvantables,
Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs !
Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables…
Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs !
Ouvrez votre narine aux superbes nausées !
Trempez de poisons forts les cordes de vos cous !
Sur vos nuques d’enfants baissant ses mains croisées
Le Poète vous dit : ô lâches, soyez fous !




Vive la Commune ! (extraits) d’Eugène Chatelain

Je suis franc et sans souci ;
Ma foi, je m’en flatte !
Le drapeau que j’ai choisi
Est rouge écarlate.
De mon sang, c’est la couleur
Qui circule dans mon cœur.
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Oui, le drapeau rouge est bien
Le plus bel emblème
De l’ouvrier citoyen ;
C’est pourquoi je l’aime.
L’étendard du travailleur
Sera toujours le meilleur. —
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Je n’aime point les méchants,
Ni les bastonnades ;
Mais j’aime tous les enfants,
Pour mes camarades.
Lorsque je joue avec eux,
Nous chantons, le cœur joyeux :
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

La Commune, savez-vous,
Petits téméraires,
Ce que c’est ? Écoutez tous :
C’est de vivre en frères,
Et lorsque nous serons grands
Nous combattrons les tyrans.
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Afin d’affirmer les droits
De la République,
Il nous faut vaincre les rois
Et toute leur clique.
Plus de bon Dieu, de Jésus !
Des prêtres… il n’en faut plus !
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Quand les temps seront venus,
Aucune famille
N’aura plus d’enfants pieds-nus,
Traînant la guenille.
Tout le monde aura du pain,
Du travail et du bon vin.
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !


La Commune est en lutte de Jean-Roger Caussimon

Sans doute mon amour, on n'a pas eu de chance,
Il y avait la guerre, et nous avions 20 ans !
L'hiver de 70 fut hiver de souffrance,
Et pire est la misère en ce nouveau printemps...
Les lilas vont fleurir les hauteurs de Belleville,
Les versants de la Butte et le bois de Meudon...
Nous irons les cueillir en des temps plus faciles...

La Commune est en lutte,
Et demain nous vaincrons !

Nous avons entendu la voix des camarades :
"Les Versaillais infâmes approchent de Paris !"
Tu m'as dit "Avec toi je vais aux barricades,
La place d'une femme est près de son mari !"
Quand le premier de nous est tombé sur les pierres,
En dernière culbute, une balle en plein front,
Sur lui tu t'es penchée pour fermer ses paupières !

La Commune est en lutte,
Et demain nous vaincrons !

Ouvriers, paysans, unissons nos colères !
Malheur à qui nous vole en nous avilissant !
Nous voulons le respect et de justes salaires,
Et le seuil des écoles ouverts à nos enfants !
Nos parents ne savaient ni lire ni écrire,
On les traitait de brutes, ils acceptaient l'affront !
L’Égalité, la vraie, est à qui la désire !

La Commune est en lutte,
Et demain nous vaincrons !

Les valets des tyrans étaient en plus grand nombre,
Il a fallu nous rendre, on va nous fusiller !
Mais notre cri d'espoir qui va jaillir de l'ombre,
Le monde va l'entendre et ne plus l'oublier !
Soldats ! Obéissez aux ordres de vos maîtres !
Que l'on nous exécute en nous visant au cœur !
De notre sang versé, la Liberté va naître !

La Commune est en lutte
Et nous sommes vainqueurs !



La Commune de Jean Ferrat

Il y a cent ans commun commune
Comme un espoir mis en chantier
Ils se levèrent pour la Commune
En écoutant chanter Pottier
Il y a cent ans commun commune
Comme une étoile au firmament
Ils faisaient vivre la Commune
En écoutant chanter Clément

C'étaient des ferronniers
Aux enseignes fragiles
C'étaient des menuisiers
Aux cent coups de rabots
Pour défendre Paris
Ils se firent mobiles
C'étaient des forgerons
Devenus des moblots

Il y a cent ans commun commune
Comme artisans et ouvriers
Ils se battaient pour la Commune
En écoutant chanter Pottier
Il y a cent ans commun commune
Comme ouvriers et artisans
Ils se battaient pour la Commune
En écoutant chanter Clément

Devenus des soldats
Aux consciences civiles
C'étaient des fédérés
Qui plantaient un drapeau
Disputant l'avenir
Aux pavés de la ville
C'étaient des forgerons
Devenus des héros

Il y a cent ans commun commune
Comme un espoir mis au charnier
Ils voyaient mourir la Commune
Ah ! laissez-moi chanter Pottier
Il y a cent ans commun commune
Comme une étoile au firmament
Ils s'éteignaient pour la Commune
Écoute bien chanter Clément.



Les vaincus de Verlaine

"Les vaincus" de Verlaine sur le web et vous tomberez sur un poème non introduit.
Par exemple:

Paul VERLAINE
1844 - 1896
Les vaincus
À Louis-Xavier de Ricard.

I

La Vie est triomphante et l'Idéal est mort,
Et voilà que, criant sa joie au vent qui passe,
Le cheval enivré du vainqueur broie et mord
Nos frères, qui du moins tombèrent avec grâce.

Et nous que la déroute a fait survivre, hélas !
Les pieds meurtris, les yeux troubles, la tête lourde,
Saignants, veules, fangeux, déshonorés et las,
Nous allons, étouffant mal une plainte sourde,

Nous allons, au hasard du soir et du chemin,
Comme les meurtriers et comme les infâmes,
Veufs, orphelins, sans toit, ni fils, ni lendemain,
Aux lueurs des forêts familières en flammes !

Ah ! puisque notre sort est bien complet, qu'enfin
L'espoir est aboli, la défaite certaine,
Et que l'effort le plus énorme serait vain,
Et puisque c'en est fait, même de notre haine,

Nous n'avons plus, à l'heure où tombera la nuit,
Abjurant tout risible espoir de funérailles,
Qu'à nous laisser mourir obscurément, sans bruit,
Comme il sied aux vaincus des suprêmes batailles.


II

Une faible lueur palpite à l'horizon
Et le vent glacial qui s'élève redresse
Le feuillage des bois et les fleurs du gazon ;
C'est l'aube ! tout renaît sous sa froide caresse.

[...]




 Pourtant, comment comprendre ces vers sans en connaître le contexte ?
Né le 30 mars 1844, Verlaine s’engage politiquement très tôt en collaborant dès 1863 à La Revue du progrès, fondée par Louis-Xavier de Ricard, poète occitan passionné d’histoire du catharisme .
Durant plusieurs années, il retrouve chaque vendredi ses amis dans le salon de Madame de Ricard : Raoul Rigault, futur procureur de la Commune de Paris en 1871, Anatole France, Sully Prudhomme, Villiers de l’Isle-Adam, François Coppée...
En 1867, Verlaine dédie à Louis-Xavier de Ricard un poème en quatre strophes "Les vaincus" à la mémoire des milliers de Parisiens massacrés en juin 1848.
Le 11 aout 1870, lors de son mariage avec Mathilde Mauté, Louise Michel est présente.
En 1871, Verlaine participe à la Commune de Paris (chef du bureau de la presse du début à la fin des évènements). Plusieurs de ses amis jouent un rôle significatif dans l’insurrection : Raoul Rigault (procureur général), Andrieu et Delezcluse (commission exécutive), Léo Maillet (commission de Justice), les écrivains et journalistes Eugène Vermersch, Louis-Xavier de Ricard (qui a combattu durant le siège au sein du bataillon commandé par Blanqui)…
Lorsque la Commune est écrasée par les soudards au service de l’oligarchie, Verlaine se cache durant une semaine pour ne pas être fusillé sommairement puis est licencié de son emploi à l’Hôtel de ville de Paris ; cela va peser lourd sur sa personnalité, déjà fragile.
En 1872, il complète son poème "Les Vaincus" par de nouvelles strophes faisant part de son expérience personnelle :


- Du combat :
Allons, debout ! allons, allons ! debout, debout !
Assez comme cela de hontes et de trêves !
Au combat, au combat ! car notre sang qui bout
A besoin de fumer sur la pointe des glaives !

- De la défaite
Les vaincus se sont dit dans la nuit de leurs geôles :
Ils nous ont enchaînés, mais nous vivons encor.
Tandis que les carcans font ployer nos épaules,
Dans nos veines le sang circule, bon trésor.

- De l'espoir d'une revanche
Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance
Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains.
La justice le veut d’abord, puis la vengeance,
Puis le besoin pressant d’opportuns lendemains.

- De l'espoir d'une nouvelle et utlime révolution
Et de nouveau bataille ! Et victoire peut-être,
Mais bataille terrible et triomphe inclément,
Et comme cette fois le Droit sera le maître,
Cette fois-là sera la dernière, vraiment !


Le Moblot d’Eugène Pottier

Refrain
Jeunesse héroïque 
Arme ton flingot 
Pour la République 
En avant, Moblot ! 

Le maire et le garde-champêtre 
Disaient Les rouges sont des loups 
Doux moutons, ne songez qu'à paître 
Notre berger veille sur nous 
Notre berger n'était qu'un lâche 
Le vieux Judas nous a trahis 
La République pris sa tâche 
On va défendre le pays 

Refrain

Si nos villes leur sont soumises 
Si ces casqués sont les plus forts 
Ils prendront nos sœurs, nos promises 
Ah ce jour-là nous serons morts 
La République c'est nous autres 
Les richards et les indigents 
Tous ceux qui s'arment sont des nôtres 
Les gens braves et les braves gens 

Refrain



Les incendiaires d’Eugène Vermeersch

Paris flambe, à travers la nuit farouche et noire ;
Le ciel est plein de sang, on brûle de l’histoire,
Théâtres et couvents, hôtels, châteaux, palais,
Qui virent les Fleurys après les Triboulets,
Se débattent parmi les tourbillons de flammes
Qui flottent sur Paris comme les oriflammes
D’un peuple qui se venge au moment de mourir…
L’incendie est partout, immense, triomphant ;
Il danse sur le toit, il rampe dans la cave ;
Le plomb en nappes coule ainsi que la lave
Et sur les pavés noirs s’étale en flots d’argent,
Puis tout à coup un feu gigantesque, émergeant
Du milieu de la ville effrayante, domine
La grandiose horreur du canon, de la mine,
Eclatant en faisant sauter tout un quartier,
Et du mur qui chancelle et s’abat tout entier
Avec le grondement prolongé du tonnerre,
Les voix, les pleurs, le bruit des pas, les cris de guerre,
La grande âme de la cité qui fut Paris…
Paris est mort !... Et sa conscience abîmée,
Et bien ! Quand l’incendie horrible triomphait,
Une voix dans mon cœur criait : ils ont bien fait !



À qui la faute de Victor Hugo

Tu viens d'incendier la Bibliothèque ? 

- Oui. 
J'ai mis le feu là.

- Mais c'est un crime inouï ! 
Crime commis par toi contre toi-même, infâme ! 
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme ! 
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler ! 
Ce que ta rage impie et folle ose brûler, 
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage 
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage. 
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi. 
Une bibliothèque est un acte de foi 
Des générations ténébreuses encore 
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore. 
Quoi ! dans ce vénérable amas des vérités, 
Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés, 
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire, 
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire, 
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir, 
Dans ce qui commença pour ne jamais finir, 
Dans les poètes ! quoi, dans ce gouffre des bibles, 
Dans le divin monceau des Eschyles terribles, 
Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon, 
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison, 
Tu jettes, misérable, une torche enflammée ! 
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée ! 
As-tu donc oublié que ton libérateur, 
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur ; 
Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine, 
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine 
Il parle, plus d'esclave et plus de paria. 
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria. 
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille 
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ; 
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ; 
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ; 
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître, 
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître 
À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant, 
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ; 
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ; 
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre, 
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs, 
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs ! 
Car la science en l'homme arrive la première. 
Puis vient la liberté. Toute cette lumière, 
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins ! 
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints. 
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle 
Les liens que l'erreur à la vérité mêle, 
Car toute conscience est un noeud gordien. 
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien. 
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte. 
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute ! 
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir, 
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir, 
Le progrès, la raison dissipant tout délire. 
Et tu détruis cela, toi ! 

- Je ne sais pas lire.


Hymne à la Commune de Clovis Hugues

Salut Commune ! Tu clamais :
« Ne coulez plus, larmes amères !
« Debout ! Faisons sur les sommets
« Rayonner les saintes chimères ! »
Tu rêvais, ô toi qu’on proscrit,
Le mal mort, la haine bridée,
Dans l’humanité fécondée
Par tous les mâles de l’Esprit.
Salut, glaneuse de l’Idée !
Salut Commune ! O jours maudits !
Contre toi, contre tes apôtres,
Se dressèrent tous les bandits
Qui mangent le pain blanc des autres.
Lorsqu’ils t’eurent collée au mur,
Foutriquet éclata de rire :
On tira sur toi comme on tire
Sur les moineaux, dans le blé mûr.
Salut, glorieuse martyre !
Salut, Commune ! Le ciel bleu
Riait aux flots baisant la rive.
Tu respirais encore un peu :
On t’enverra dans la chaux vive !
L’herbe refleurit sur les talus ;
L’effroi dispersa ton escorte ;
Et quand le vent battit ta porte,
Personne ne répondit plus.
Salut, toi qui pour nous es morte !
Mais non, tu n’es pas morte, non !
Pour déraciner le vieux monde,
Nous n’avons qu’à jeter ton nom
A l’énorme foule qui gronde.
Buvez, chantez, faites l’amour :
Le gouffre a faim, la planche glisse.
Il faut que le sort s’accomplisse !
Il faut que le peuple ait son tour !
Salut, Demain ! Salut, Justice !




Le temps des Cerises de Jean-Baptiste Clément
 
Quand nous chanterons, le temps des cerises
Et gai rossignol, et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur
 
Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on va à deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant
 
Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d'amour
Evitez les belles
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai point sans souffrir un jour
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des peines d'amour
 
J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps là que je garde au cœur
Une plaie ouverte
Et dame fortune en m'étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur.






LA COMMUNE A PASSÉ PAR LÀ !
Eugène Pottier

À Éd. Vaillant, membre de la Commune.

La Commune est un coup de foudre,
Et Paris peut en être fier ;
Ce globe inquiet sent la poudre
Tout comme si c’était hier.
Défaite attendant sa revanche,
Fracasse, Vautour, Loyola
Depuis lors branlent dans le manche…
La Commune a passé par là !

La lutte a dépavé la rue
Et décimé les bataillons ;
L’Égalité mit sa charrue
Pour fouiller au cœur des sillons.
Ce fut une hécatombe immense ;
Mais partout où le sang coula
Nous voyons germer la semence…
La Commune a passé par là !

Elle exécrait le faux grand homme
Sur une colonne planté,
Et ce culte à la guerre, comme
Une insulte à l’humanité.
Que Chauvin rugisse ou clabaude,
Le singe arriéré d’Attila
Est tombé d’une chiquenaude…
La Commune a passé par là !


Il vous souvient des Tuileries ?
Décembre y logea son bourreau ;
Il en fit par ses drôleries
Un palais à gros numéro.
En ce temps de peste et de lucre
À l’amour il donnait le la…
Un jour on y brûla du sucre.
La Commune a passé par là !

États-Unis et vieille Europe,
Le travail ouvre ses Congrès,
La Science a pris la varlope,
Les marteaux forgent le Progrès.
Au soleil l’avenir se trame,
Pas de frontières pour cela :
Les peuples n’ont plus qu’un programme !
La Commune a passé par là !

Le Congrès dit : « Je revendique
» Sols, mines, puits, canal et rail,
» Télégraphe, steamer, fabrique
« Les grands instruments de travail.
» Pour la production géante
» Socialisons tout cela,
» Biffons la classe fainéante… »
La Commune a passé par là !

Les cerveaux boivent la lumière,
Elle grandit les travailleurs ;
Dans l’atelier, dans la chaumière,
Ils sont plus instruits et meilleurs.
Lorsqu’au fond du plus pauvre bouge
On crie : « Ô grand jour, te voilà ! »
C’est qu’ils rêvent du drapeau rouge !
La Commune a passé par là !

 



LOUISE MICHEL A VICTOR HUGO




Maison d'arrêt de Versailles,
19 décembre l87l

Cher Maître,
Je vous confie Théophile Ferré, c’est le meilleur d’entre nous, le plus généreux dans le triomphe, le plus fier dans la défaite, c’est pour cela qu’on l’a condamné à mort. Il va être exécuté sous peu.

Sauvez-le, ce n'est pas le premier que vous arracherez aux bourreaux, ce ne sera pas le dernier.
Le temps presse, je le remets entre vos mains.




Poète, écoute-moi, loin d’un siècle vulgaire,
Nous irons,
Remontant le passé, chercher de la lumière.
Une seconde fois, Dieu souffla sur le monde
Et de sa parole féconde
Sortit un être étrange.

Il avait comme Dieu le pouvoir de créer.
On le vit s'élancer, orgueilleux et vainqueur,
Voguer dans l’infini, fougueux navigateur.
Ainsi, poète, je te vois,
Ainsi je crois en toi comme au Seigneur lui-même.


Quant à moi, mon séjour dans les prisons est facile. La solitude repose. Maintenant le silence nous environne, toute fatigue a disparu, on vit, on pense, on est libre.

A vous la gloire d’être seul vivant et juste dans ces ruines. Sauvez Ferré. Sauvez-le. Nous vous en supplions.
Louise Michel



Maison d'arrêt de Versailles,
23 décembre 1871
Poète,
Ferré a été exécuté.
Ecoutez plutôt.

Passez, passez, heures, journées !
Que l’herbe pousse sur les morts !
Tombez, choses à peine nées ;
Vaisseaux, éloignez-vous des ports ;
Passez, passez, ô nuits profondes.
Emiettez-vous, ô vieux monts ;
Des cachots, des tombes, des ondes,
Proscrits ou morts nous reviendrons.

Nous reviendrons, foule sans nombre ;
Nous reviendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l’ombre.
Nous viendrons, nous serrant les mains,
Les uns dans les pâles suaires,
Les autres encore sanglants,
Pâles, sous les rouges bannières,
Les trous des balles dans leur flanc.







Cliquez sur le calendrier pour découvrir
 ce qui s'est passé un
6 novembre 
pendant la vie d'Edouard Vaillant




Vierzon ville (doublement) étape
et toujours en proximité avec Le Creusot




Le Tour de France des conférences de Jean-Louis Robert


L'EVENEMENT.




VENDREDI 11 JUIN à 18H
durée: 2h30(18h-20h30)
Conférence (1h15) suivie d'une présentation du Berry sous la Commune et d'un débat.
LIEU: VIERZON 
salle de la Décale
(au lycée Henri Brisson)

Soirée dans le cadre du 150e anniversaire de la Commune de Paris 1871. Entrée libre.

« Pendant 72 jours, les Parisiens sont maîtres chez eux et fondent une Commune libre. De cette insurrection, l’histoire ne retient souvent que des images de barricades, de guerre fratricide, d’incendies et d’une répression terrible pendant la Semaine sanglante. Cette conférence visera bien davantage à montrer la résonance actuelle de ce qui fut le laboratoire d’une République démocratique et sociale. » Jean-Louis Robert


PARIS
Orléans
Salbris
Avenue Edouard Vaillant







La Décale vue de l'extérieur





La Décale, accès intérieur




(Initialement prévu le 26 mars, reporté au 11 juin)




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150e ANNIVERSAIRE DE LA COMMUNE - ROGER MARTELLI 
 LE 9 MARS 2021

A l’occasion du 150e anniversaire de la Commune de Paris, et de la sortie de son livre Commune 1871. La révolution impromptue, le co-président des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871, Roger Martelli, expose sa vision de la Commune ainsi que son extraordinaire modernité.

Lien vers la vidéo:


2:30  la Commune     
4:20  sa modernité 
(gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple: Lincoln) 
6:10 ça polémique toujours
(une haine de classe / le plus grand massacre de l'histoire contemporaine / un objet chaud)
8:52  tirer vers soi l'héritage
(un seul regard n'est pas possible / trouver un message d'espoir qui rassemble)


Amies et Amis de la Commune de Paris (1871)
Actualité de la Commune au 150e anniversaire en 2021
Mémoires convergentes et mémoires conflictuelles
Commémorations de la Commune de Paris











L'affiche: 
celle  du 150e anniversaire de la Commune 

L’affiche du 150e anniversaire réalisée par Ernest Pignon-Ernest est disponible à l’association. Elle coûte 10 euros.








 
Les Communards du Cher, notre livre du 150e



Salut Jean-Marie !
Voici les librairies où l’on pourra faire l’emplette de "La Commune et les communards du Cher”, quand elles seront ouvertes à nouveau.

Librairie La Poterne 41 rue Moyenne, Bourges. 
Librairie La plume du Sarthate 83 rue Arnaud de Vogüé à Bourges. 
L’Antidote 88 rue d’Auron à Bourges.
Maison des syndicats, 5 Boulevard Georges Clemenceau, Bourges. 
Librairie Cultura, Bourges/Saint Doulchard, route de Vierzon à côté de Décathlon. 
Librairie Espace culturel Leclerc 48 avenue de la République à Vierzon, 
Librairie Sur les chemins du livre 20 Rue Porte Mutin à Saint-Amand-Montrond. 
Jardin des fées, librairie/Presse place Henri IV, Henrichemont. 
Chez moi à La Borne, 10 Grand Route.
Il sera bientôt disponible au siège parisien des Amis de la Commune, 46 rue des Cinq Diamants dans le 13e arrondissement, après la fin du confinement.
Le prix de vente est de 18,50 euros .
On peut également se procurer le livre auprès de l’association des Amies et amis berrichons de la Commune de Paris, chez Michel Pinglaut  à Villabon.











Les 200 000 vues atteintes le 28 août 2021




Les pays qui regardent le plus VAILLANTITUDE









Rentrée littéraire de septembre 2016 
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
560g  
les 2 volumes 1044g 





















vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 

Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




TOUTES NOS DATES IMPORTANTES




Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.



374 p.  18,80 €
484g  
les 2 volumes 1044g 








L'EDITEUR







LES POINTS DE VENTE LOCAUX


18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud  (9 rue Voltaire)
(hélas fermé depuis le 21 juillet, malgré un grand soutien local, dont le nôtre)


 Espace culturel Leclerc  (48 avenue de la République)




 Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)

Bourges 

 La Poterne (41 rue Moyenne)



 Point Virgule (46 rue d'Auron)



Cultura Saint-Doulchard
(mystérieusement exclu depuis 2016)


 Centre commercial Carrefour Bourges (Chaussée de la Chappe)

Référencement national - partout en France - dans les magasins Carrefour.
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).













Henrichemont 

 Maison de la Presse "Le Jardin des Fées"(10 place Henri IV)








36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur (Zone Commerciale Cap Sud, 10 Boulevard du Franc)





Aussi recommandés et également présents, le dictionnaire berrichon de Michel Pinglaut, le "Edouard Vaillant" de Gilles Candar, le "La face cachée de la Commune" d'Hélène Lewandowski. 





Issoudun 


 Centre commercial Leclerc(Rue de la Limoise)





Il y a aussi le livre sur le berrichon de notre président Michel Pinglaut 


COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

29 2 16  HENRICHEMONT GIBLOG

1 11 15  MAGAZINE A VIERZON

20 10 15    DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE

28 08 15    BLOG VIERZONITUDE




DOSSIER DE PRESSE





La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.

                                                                                                              (Vaillantitude)













La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 

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