Nouvelle conférence itinérante en Indre : une transmission réussie
La 9e conférence itinérante cantonale intitulée : « Le Pays aigurandais et la Commune de Paris 1871 » afin de présenter en séance publique l’aboutissement de longues recherches locales s’est déroulée vendredi 14 avril à la Maison de l’Expression et des Loisirs d’Aigurande.
C’est bien sûr au nom du comité du Berry des Amies et Amis de la Commune que l’intervenant, Jean Annequin, s’est exprimé. Pour rappel, ces conférences menées depuis plusieurs années entendent par des études de micro-histoire, seules à même d’être au plus près de la réalité, de réaliser une synthèse du département de l’Indre sous la Commune de Paris. Comme à l’habitude, un partenariat appréciable avait permis cette initiative : avec la municipalité - avec l’Association de Sauvegarde du patrimoine aigurandais (ASPAig), principale organisatrice - avec la Médiathèque.
Cette communication d’une heure trente avec projection s’est faite devant une nombreuse assistance - une cinquantaine de personnes-, public nouveau et diversifié comme voulu et avec la présence de trois maires de l’ancien canton d’Aigurande, espace de recherches.
Le cadre habituel et indispensable de présentation de la conférence a été souligné d’entrée : une longue contextualisation et un exposé préalable des conditions géopolitiques et humaines de l’espace étudié replacé dans une étendue plus large, département et province. Sans développer le contenu de l’intervention qui fera l’objet d’une parution en pages histoire du blog berrichon, un même constat réapparaît : l’histoire du canton aigurandais sous la Commune démontre plus encore cette fois-ci les spécificités particulières de chaque espace, le niveau cantonal de l’époque étant d’une réelle pertinence, expliquant les attitudes futures et les raisons des évolutions.
Relevons brièvement les spécificités les plus importantes qui, prises en compte, permettent de faire avec précision l’histoire locale: une structuration géographique entre isolement, vie des bourgs et groupements humains dans les campagnes - une religiosité populaire, rarement mise en lumière dans le monde rural, d’un haut degré - un site industriel rural très rare et source de nouveautés- des biens collectifs de grandes superficies, véritable objet politique.
De plus l’étude du canton aigurandais a confirmé si besoin était la politisation et la Républicanisation du monde rural et des campagnes sur le long XIXe siècle, ce qui est largement négligé. Par ailleurs, en rebond à certains commentaires d’historiens régionaux lors d’un colloque récent en Berry, une double observation a été apportée : l’une contre les généralisations sur un territoire contribuant à une histoire erronée et à une évidente incompréhension ; l’autre au manque de nuances dans l’interprétation d’archives politiques (opinions d’élites) sachant le flou des courants de pensée de l’époque et toute la subjectivité (incompétence, exagération) des autorités lors des écrits.
Les interrogations formulées dans le débat ont eu beaucoup d’intérêt car débouchant sur des sujets précis : celle sur les tentatives de Commune indiquées sur la carte projetée ? bien sûr avec confirmation pour les réelles et abouties répondant à des critères très précis mais une exagération préjudiciable à l’histoire de la Commune pour quelques-unes avancées qui ne l’ont pas été. La présence d’indriens dans l’armée versaillaise ? déjà le préalable à la présentation des natives et natifs provinciaux dont celles et ceux de l’Indre avait eu pour but de déconstruire le mythe trop répandu de l’engagement collectif conscient politiquement- il a été rappelé qu’une minorité de militants ouvriers avaient cette conscience et que les engagements majoritaires pro Commune se sont faits sur d’autres bases à partir d’un choix binaire, ou Paris ou Versailles : suivisme d’un lien de quartier, familial ou de « pays » très souvent par le biais de la Garde Nationale et premières mesures de justice sociale de la Commune qui ne pouvaient que parler au peuple - enfin, savoir que des gardes nationaux ont été réfractaires, certains ayant déclaré leur pensée anti communarde à la fin de la Commune dont des maçons.
Aussi la réponse à la question coula de source : bien sûr qu’il a pu y avoir des natifs de l’Indre vu la composition en grande partie rurale de l’armée constituée par Versailles pour réprimer Paris ; il est vrai que l’étude sociologique des troupes versaillaises reste à faire. D’autres réflexions bien intéressantes ont eu lieu dont celle du maire de Saint Plantaire expliquant l’attitude différente des maires de sa commune après les années 1875 avec l’arrivée des Républicains dans les deux chambres nationales.
Bref ce fut un très bon moment de plaisir et d’histoire. L’approche d’un nouvel espace cantonal est lancé, le territoire de l’Indre allant petit à petit être complètement étudié.
Jean Annequin
Article de l’ASPAig , organisatrice/médias
Le Pays aigurandais et la Commune de Paris 1871 : une conférence très bien documentée :
Une cinquantaine de personnes, dont plusieurs maires du canton d’Aigurande, ont bravé les mauvaises conditions atmosphériques pour participer à la conférence de M. Annequin : elles n’ont pas été déçues, tant l’exposé a été bien fourni et passionnant. Il a d’abord rappelé les conditions de vie souvent difficiles – résultat de l’histoire du XIXème siècle – dans la contrée aigurandaise comme dans le sud de l’Indre et dans le département de la Creuse ; elles expliquent, en particulier, la nécessité pour beaucoup d’habitants, d’aller gagner leur vie dans la capitale. C’est ainsi que 36 natifs du canton d’Aigurande se sont retrouvés, dans une ville assiégée par les Prussiens, parmi les Insurgés de la Commune de Paris au printemps 1871 et adhérents à son programme demandant plus de libertés et d’égalité, donc une République sociale autant que politique. Espoir déçu par la répression des troupes versaillaises du gouvernement républicain de M. Thiers.
Les nombreuses questions posées à la suite de l’exposé ont montré l’intérêt du public. L’exposition à la médiathèque d’Aigurande sur la Commune de Paris 1871, très visitée, sera prolongée jusqu’au 10 mai. M. Annequin complètera sa conférence par un article à paraître dans le prochain bulletin de l’ASPAig.
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