Nous continuons ici à vaillantiser ! |
et ici - ce qui n'est pas si fréquent - on apprend ce qui s'y est dit !
La délégation se rend sur la tombe d'Edouard Vaillant. |
C'est une tradition vierzonnaise dont la mémoire se perd dans la nuit des temps, et peut-être est-il loisible de rêver qu'elle se soit maintenue ininterrompue depuis plus d'un siècle, depuis la mort d'Edouard Vaillant.
Cette année, il revenait à Edwige Sallé, membre du Bureau Fédéral du Parti Communiste, de prononcer le traditionnel discours, honneur qui s'est propagé d'année en année et qui respecte l'alternance des ténors locaux du Parti Socialiste et du Parti Communiste, parmi lesquels plusieurs furent maires de la ville, dont Léo Mérigot sur la tombe duquel la délégation est habituée à se rendre une fois l'hommage rendu à Edouard Vaillant. Mais on citera aussi Fernand Micouraut, et, plus récemment car toujours en fonction, Nicolas Sansu.
L'an passé c'était Jill Gaucher, ici aux côtés d'Edwige Sallé, qui s'était exprimée sur la tombe d'Edouard Vaillant pour le Parti Socialiste.
Nous n'avons malheureusement pas pensé à l'époque à nous procurer l'intégralité de ce discours. Heureusement, nous avons l'excellent compte rendu du journaliste local passionné d'histoire Vincent Michel. On peut le retrouver ici:
https://vaillantitude.blogspot.fr/2016/12/ceremonie-sur-la-tombe.html
Nous nous inscrivons ainsi dans une longue tradition de discours politiques dans les cimetières, les commémorations à finalités militaires ou religieuses (souvent donc orientées à droite, voire très à droite) l'emportant très nettement en nombre par la nature même des lieux.
Mais la gauche y a aussi ses traditions, la plus connue étant bien entendu celle qui célèbre tous les ans la mémoire de la Commune, dont la répression féroce scandalise encore à juste titre à notre époque.
Les initiés n'oublieront pas que, peu auparavant, les obsèques particulièrement agitées de Victor Noir, le 12 janvier 1870, ont donné lieu à de violentes manifestations d'hostilité au régime impérial de Napoléon III.
Ensuite, le 16 février 1885, c'est l'enterrement de Jules Vallès qui, après une longue prériode de répressions et de censures réactionnaires, permettra de réintroduire les discours revendicatifs et les drapeaux rouges dans Paris. Nous connaissons aussi les commémorations des libres-penseurs à Gentioux, mais bien sûr tout cela est loin d'équilibrer les manifestations cléricales, bourgeoises et militaristes dans les cimetières de 14-18. Un film comme récemment celui de Dupontel a le mérite rare de nous restituer cette ambiance où l'humanisme n'est pas la préoccupation générale:
Développons surtout ici, parce qu'Edouard Vaillant y était particulièrement en évidence pour de nombreux motifs (son engagement, mais aussi et surtout le fait que Séverine n'aura confiance qu'en lui pour reprendre Le Cri du Peuple) quelques aspects de l'enterrement de Vallès, que les hasards de l'actualité des publications sur la Commune nous ont donné l'occasion de mentionner à la page précédente de ce blog:
Extraits de L'Obs avec Rue 89, par Louis Mespla (Publié le 19 décembre 2010)
1885 : à l'enterrement de Jules Vallès, les rouges reviennent dans Paris
Derrière le corbillard, il y a les amis. Les citoyens Millerand (avec 2 « l »), Pottier, Rochefort, Lafargue, Clemenceau, Carjat, Vaillant, Longuet, Clément, Guesde, pour les plus connus, des membres de la Commune entourent Séverine, la compagne du défunt.
C’est alors qu’apparaissent les drapeaux rouges, absent depuis quinze ans des rues de Paris. Ils sont au nombre de sept :
celui de la Libre-Pensée de Clichy, portant l’inscription « Ni Dieu, ni maître »
celui de la Libre-Pensée du XVIe arrondissement
ceux des comités révolutionnaires des Xe, XIVe et XIXe
celui du Groupe des égaux du XIe
celui de la Fédération du centre du Parti ouvrier
Puis, avec crêpe rouge, le drapeau noir des anarchistes. Trois couronnes d’immortelles suivent dont celle « superbe, remarquable, des typographes du Cri du peuple ».
Ce 16 février 1885, c’est l’enterrement de Jules Vallès. L’album que lui consacre le graphiste, peintre et dessinateur Eloi Valat est le récit d’un moment historique du Paris populaire, ouvrier, de celui de la gauche, quand celle ci était principalement révolutionnaire.
Ce jour là, donc, on enterre Vallès. Écrivain et journaliste, il représente d’un côté comme de l’autre de la barricade, le souvenir le plus vif de la Commune de Paris, dont il fut un élu, condamné à mort et exilé.
Ce n’est que 14 ans auparavant qu’elle s’est achevée dans la répression de la Semaine sanglante. Depuis 1871, aucune manifestation n’est venue troubler le Paris des bourgeois.
Avec ces funérailles, « la Sociale » veut regagner le haut du pavé et faire de cet enterrement le lieu unitaire de tous les mouvements révolutionnaires nés de la Commune. Dès le départ du cortège du domicile du fondateur du « Cri du Peuple », boulevard Saint-Michel, le ton est donné. Le premier « Vive la Commune » claque.
Le ton est également donné par le dessin d’Eloi Valat. Sa plume à l’encre de Chine , erratique et simple, exacerbe les sentiments des visages. Les couleurs, en a-plats, sont celles de la ville du XIXème siècle. Le lecteur est au premier rang.
Entre les journaux, la première guerre des chiffres
Le cortège va du boulevard Saint-Germain au Père-Lachaise par les places de la Bastille et Voltaire. Il y a eu foule, c’est certain. Mais combien étaient-ils vraiment à accompagner l’auteur de « L’Insurgé » (que l’on peut lire sur Wikisource) ?
Les journaux, selon leurs tendances, vont se livrer aux lendemains des obsèques à une guerre des chiffres. Cette guerre des chiffres est, dans les lignes, une guerre de classes. Les journalistes de droite, effrayés, y ajoutent le style haineux de la guerre civile.
Henri Rochefort, dans L’Intransigeant, y va fort. Il en compte 210 000 après une addition des citoyens devant et derrière le cercueil, plus ceux du cimetière, plus ceux ceux des trottoirs rangés en « haies profondes » et conclut :
« Si j’étais à la place du gouvernement, il me semble je commencerais à réfléchir. »
Dans Le Siècle au contraire on affirme :
« Tout s’est borné à quelques cris en faveur de la Révolution sociale. La place de la Bastille, par exemple, ordinairement pleine, des journées de ce genre, ne contenait qu’une double haie de curieux assez peu fournie... il y en avait presque autant sur la colonne que sur la place. »
Cornély, dans « Le Gaulois », donne dans le lyrisme (« une rougeur qui coupait le noir du cercueil »), mais de chiffres, point. Néanmoins, « beaucoup de gens ont crié : Vive la Commune ! » Son article se termine par : « Le bourgeois a été épaté. S’il était intelligent, il se tiendrait pour averti. »
Le spectre des barricades hante « La Liberté » où l’on compare le nombre de manifestants à une troupe : « Vingt mille hommes ! Tel est effectif de l’armée révolutionnaire. Ce contingent donne à réfléchir. »
Le Pays a vu derrière cette « infâme écharpe rouge » « soixante mille communards... l’armée de la prochaine révolution ».
Quand au Télégraphe, il est scandalisé :
« Hier, dix mille personnes se réunissent pour l’enterrement de Jules Vallès, elles promènent le drapeau rouge... Et le service d’ordre n’est même pas assuré ; la circulation est interrompue, vingt tramways encombrent les abords de la maison mortuaire... »
Le Télégraphe, Le Pays, et Le Temps posent dans les articles, à leurs manière, cette question qui reviendra désespérément jusqu’à nous : « Où est et que fait la police ? »
La Gazette de France répond : « A ceux qui demandaient “Où est la police ?” Qu’est-ce que la police aurait pu tenter contre ce flot humain ? Il fallait une armée pour arrêter cette foule. »
La police aurait pu au moins être là pour compter.
Pour les cérémonies à Fourchambault et Gentioux, voir ici:
Enfin, pour les libres penseurs de Condé, voir ici, le 11 janvier 2016. Notre Ami Eugène Kuntz y était présent.
Ajoutons que ce n'est pas toujours évident de faire entendre La Chanson de Craonne à Verdun. Plus récemment, malgré l'annulation préalable du concert du rappeur 'Black M', l'indignation fut grande à droite et au-delà devant la scénographie macroniste du centenaire.
Avec les Etats-Unis, ce sont carrément les cimetières eux-mêmes qui furent pris en otage pour se mettre au service de la politique impérialiste américaine:
Emporté
par mon élan, je ne peux m’empêcher d’évoquer les variations idéologiques (plus
que des nuances) qui ont présidé aux cérémonies du cimetière central de Berlin-Friedrichsfelde, notamment depuis les inhumations de Karl
Liebknecht et de Rosa Luxemburg, tous les deux amis d’Edouard Vaillant (moins - question de génération - que Wilhelm Liebknecht, le père de Karl, co-fondateur du SPD, qui repose également dans ce cimetière):
Les
cimetières berlinois se partagent différents héritages. Celui du quartier
Dorotheenstadt est par exemple considéré comme le cimetière des intellectuels
où sont notamment inhumés Fichte, Hegel et Brecht, celui des
Märzgefallenen rassemble les révolutionnaires tombés au combat en mars
1848. Il est avec celui de Friedrichsfelde porteur de la mémoire des figures de
la gauche allemande. Élise Julien et Elsa Vonau ont analysé ici même le lien
que peuvent entretenir espace et mémoire à Friedrichsfelde en étudiant les
différents projets d’aménagement du cimetière de 1920 à 1970. Nous étudierons
quant à nous les usages militants qui ont existé depuis 1919 autour de ce lieu
funéraire où sont enterrées les deux grandes figures spartakistes, Karl
Liebknecht et Rosa Luxemburg, auxquels les militants de gauche rendent hommage
chaque année. La permanence de cet hommage laisse entrevoir des variations,
représentatives des époques que la manifestation a traversées. Celle-ci reste
aujourd’hui associée dans les esprits au 17 janvier 1988, moment fort de
contestation du régime socialiste de la République démocratique d’Allemagne
(RDA) : la dénonciation du manque de liberté des citoyens par un groupe de
militants brandissant des banderoles sous les caméras des télévisions de
l’Ouest a sans aucun doute constitué une amorce de l’effondrement du régime. Ce
moment d’insubordination a cependant été précédé de quarante ans de
manifestations qui n’avaient rien de subversif, parfaitement encadrées et
orchestrées par le Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED), parti
unique de la RDA.
Se
pencher sur l’histoire de cette manifestation depuis 1919 pour mieux comprendre
l’usage différencié qui en a été fait au cours de la République de Weimar, du
IIIe Reich, du régime socialiste de RDA et, enfin, dans l’Allemagne unifiée,
permet donc de relire cent ans d´histoire allemande.
(...) Les banderoles brandies et les discours tenus lors de ces commémorations s’attachent chaque année à évoquer l’actualité politique nationale ou internationale. Ils constituent un excellent indicateur des positions du KPD.
(...) L’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir entraîne le démantèlement du KPD et la disparition de nombre de ses dirigeants. L’hommage aux spartakistes n’est plus envisageable dans un cadre légal, quelques tentatives d’hommages, qui parfois aboutissent, perdurent cependant dans la clandestinité, que ce soit dans les colonnes de journaux ou par le dépôt d’une gerbe à l’insu des hommes de la GESTAPO préposés à la surveillance des tombes. En 1935, la destruction du Revolutionsdenkmal et des tombes scelle la fin de la commémoration. Un employé du cimetière sauvegarde toutefois quelques plaques funéraires dont celles de Liebknecht et Luxemburg, rendant possible une forme de continuité des symboles commémoratifs après la guerre.
(...) La manifestation reprend en 1946, utilisée pour la construction de la RDA. Elle rassemble alors entre quelques centaines et quelques milliers de personnes. Son statut est évidemment tout autre que sous Weimar : les participants ne constituent plus une force oppositionnelle, mais soutiennent la construction idéologique d’un système émergent. Les discours prononcés dès 1946 témoignent de ce changement profond. Ainsi la volonté d’unir KPD et SPD tient-elle dans ces discours une place centrale.
(...) Contre toute attente, le rassemblement de Friedrichsfelde et la manifestation LLL survivent à la chute du mur. Après 1990, la manifestation s’inscrit dans la tradition est-allemande en alliant systématiquement l’hommage aux deux figures spartakistes (et à Lénine pour certaines organisations participantes) à un slogan lié à la vie politique plus contemporaine : contre le racisme et le néofascisme (1993), « Un signe clair d’opposition à la droite » (1994), contre le démantèlement social et le militarisme (1998) [58][58] J. Kohlmann, op. cit., p. 216., contre la menace d’une guerre en Irak (2003), « Pas de paix envisageable avec le capitalisme » (2009), appel à la résistance et à la solidarité (2010). Comme on le voit, la fin du monopole du SED sur la manifestation et l’élargissement à de nombreuses organisations issues du spectre très large de la gauche – courants de la « vieille gauche » (maoïstes, marxistes-léninistes, staliniens…), des nouveaux mouvements sociaux (écologistes, pacifistes, etc.), mais aussi autonomes et anarchistes – a rendu nécessaire une entente autour d’un slogan commun assez flou, fruit de compromis.
(...) Les banderoles brandies et les discours tenus lors de ces commémorations s’attachent chaque année à évoquer l’actualité politique nationale ou internationale. Ils constituent un excellent indicateur des positions du KPD.
(...) L’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir entraîne le démantèlement du KPD et la disparition de nombre de ses dirigeants. L’hommage aux spartakistes n’est plus envisageable dans un cadre légal, quelques tentatives d’hommages, qui parfois aboutissent, perdurent cependant dans la clandestinité, que ce soit dans les colonnes de journaux ou par le dépôt d’une gerbe à l’insu des hommes de la GESTAPO préposés à la surveillance des tombes. En 1935, la destruction du Revolutionsdenkmal et des tombes scelle la fin de la commémoration. Un employé du cimetière sauvegarde toutefois quelques plaques funéraires dont celles de Liebknecht et Luxemburg, rendant possible une forme de continuité des symboles commémoratifs après la guerre.
(...) La manifestation reprend en 1946, utilisée pour la construction de la RDA. Elle rassemble alors entre quelques centaines et quelques milliers de personnes. Son statut est évidemment tout autre que sous Weimar : les participants ne constituent plus une force oppositionnelle, mais soutiennent la construction idéologique d’un système émergent. Les discours prononcés dès 1946 témoignent de ce changement profond. Ainsi la volonté d’unir KPD et SPD tient-elle dans ces discours une place centrale.
(...) Contre toute attente, le rassemblement de Friedrichsfelde et la manifestation LLL survivent à la chute du mur. Après 1990, la manifestation s’inscrit dans la tradition est-allemande en alliant systématiquement l’hommage aux deux figures spartakistes (et à Lénine pour certaines organisations participantes) à un slogan lié à la vie politique plus contemporaine : contre le racisme et le néofascisme (1993), « Un signe clair d’opposition à la droite » (1994), contre le démantèlement social et le militarisme (1998) [58][58] J. Kohlmann, op. cit., p. 216., contre la menace d’une guerre en Irak (2003), « Pas de paix envisageable avec le capitalisme » (2009), appel à la résistance et à la solidarité (2010). Comme on le voit, la fin du monopole du SED sur la manifestation et l’élargissement à de nombreuses organisations issues du spectre très large de la gauche – courants de la « vieille gauche » (maoïstes, marxistes-léninistes, staliniens…), des nouveaux mouvements sociaux (écologistes, pacifistes, etc.), mais aussi autonomes et anarchistes – a rendu nécessaire une entente autour d’un slogan commun assez flou, fruit de compromis.
En lire plus ici:
L'intervention d'Edwige Sallé
Le texte est à lire ci-dessous. La vidéo est accessible en ligne sur YouTube.
Le lien direct :
Bien entendu, on peut y accéder en permanence à partir de l’onglet VIDEO du blog VAILLANTITUDE, où nous trouvons également les conférences parisiennes (mises en ligne par Jean-Pierre Theurier) ainsi que les émissions de Radio Bleu où Michel Pinglaut a évoqué Edouard Vaillant.
Vierzon, le 23
décembre 2017
COMMEMORATION
EDOUARD VAILLANT
Dimanche soir,
alors qu’il parlait de l’audiovisuel public, Monsieur Macron a parlé
« d’un secteur structuré sur le monde d’avant » justifiant ainsi une
réforme de l’audiovisuel lourde de menaces qui auraient dû pour le moins faire
frémir la mèche rebelle savamment travaillée du
journaliste Laurent Delahousse.
« Le monde
d’avant », c’est dont ainsi que Monsieur Macron qualifie tout le maillage
collectif dont notre pays s’est doté depuis des décennies. Effectivement, on s’interroge cette « modernité » prônée par notre
président quarantenaire qui fête son anniversaire à Chambord, éclaboussant
ainsi de son mépris tous les gens pour lesquels les fins de mois commencent le
10 du mois comme le disait Coluche et pour lesquels une diminution de 5 euro de
l’APL représente un manque pour s’acheter à manger pour plusieurs jours.
« Monde
d’avant » ou « modernité » ? Nous sommes rassemblés ce
matin, comme tous les ans pour commémorer la mort d’Edouard Vaillant.
On pourrait se dire
que « parler des hommes
d’avant » n’est pas « moderne » voire ringard ou dépassé – et
pourtant…
Depuis l’année
2015, nous affirmons encore et toujours l’importance de vaillantiser :
définition de ce verbe inventer par Jean Marie Favière : Action de remettre dans la lumière de l’histoire
quelqu'un qui en avait été indûment écarté.
Grâce aux
différents événements organisés à l’occasion du 100ème anniversaire
de sa mort, nous avons pu nous remémorer le parcours – les paroles et les actes
- de ce grand homme.
Je me permets une
petite parenthèse et demander des nouvelles de la restauration du tableau d’Ernest-Victor
Hareux, actuellement en cours à la fédération du Parti socialiste du Cher. Ce
tableau représente Edouard Vaillant en jeune révolutionnaire à la barbe et aux
cheveux châtains en chemise rouge de garibaldien - représentation, à laquelle nous sommes moins
habitués, qui est bien différente des photographies de la fin de sa vie que
nous connaissons mieux. Nous ignorons quel fut le destin de ce tableau pendant
plusieurs décennies. On peut supposer qu’il a d’abord été offert en 1950 à Guy
Mollet, Secrétaire Général de la SFIO, puis remis cinq ans plus tard aux
socialistes de Vierzon.
Nous aurons
peut-être l’année prochaine des informations sur la suite de ce parcours…
Mais pour
l’heure :
Remettre Edouard
Vaillant en lumière nous permet de redresser quelques idées fausses, notamment
sur ses positions au moment du début de la guerre de 14-18 et de revisiter la
légende noire d’un Vaillant « rallié à l’Union Sacrée ».
Vaillant appelle à la défense nationale, ce qui n’est pas la même chose
et surtout ne présente pas les même connotations historiques : en 1792, à
Valmy, les soldats qui se sont battus pour défendre la patrie en danger ne sont
pas les mêmes que ces ganaches criminelles responsables des horreurs de la
guerre de 14. Vaillant comme Jaurès a défendu jusqu’au bout l’idée d’une paix
portée par les peuples d’Allemagne, de France et des autres pays d’Europe.
Il est toujours
édifiant de voir combien sa pensée nous éclaire :
Vaillant, un des
plus sérieux connaisseurs du Marxisme – que le film « Le Jeune Karl
Marx » a remis au goût du jour en montrant la modernité de la devise
« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ».
Vaillant,
travailleur acharné, ingénieur, docteur ès sciences, qui a réfléchi et œuvré
sur l’hygiène, l’ergonomie y compris dans le monde rural – écologiste avant
l’heure.
Vaillant, docteur
en médecine qui a participé à la décentralisation des établissements
psychiatriques : Dun-sur-Auron, Chezal-Benoît, Ainay le Château. Vaillant, spécialiste
du droit social, qui a rédigé la première loi sociale complète.
Oui, la pensée
d’Edouard Vaillant nous guide sur des sujets brûlants de notre actualité que je
qualifierai de sombre.
3 exemples
-
La misère sociale que connaît notre pays
avec un Président qui, entre autres effets d’annonce, se vante de tenir une promesse de campagne :
« Il n’y aura plus de SDF à Paris ». La solution ? supprimer
tous les espaces dans lesquels ils pouvaient s’abriter, se reposer, se
réchauffer. Dernière mesure annoncée : les centres d’hébergements d’urgence
qui vont devenir des lieux de tri. En réalité, on ne cherche pas à régler sur le
fond ce qui met les gens à la rue, on cherche seulement à les cacher. Les chiffres montrent combien les inégalités
se creusent en France et au niveau international : Selon certains calculs,
l’échelle des salaires est passée de 1 à 25 en 1900 à 1 à 80 de nos jours. Vaillant
aurait fait sienne la formule de l’Abbé Pierre : Il ne faut pas chasser
les pauvres, il faut chasser la pauvreté.
-
Deuxième exemple : l’Europe
et les nations. De tous les socialistes français de son époque, Vaillant seul
connaissait à fond d’autres pays européens - ayant vécu 5 ans en Allemagne et 9
ans en Angleterre. Il fut un internationaliste et un européen convaincu. Même
au plus fort de la grande guerre, Vaillant évoquait l’avenir d’une Europe des
nations libres et indépendantes, fondée sur la coopération et la paix.
Aujourd’hui,
Vaillant serait un ardent défenseur d’une construction européenne
intergouvernementale et non pas supra nationale, une Europe des peuples et non
pas une Europe des élites – des premiers de cordées - ou du capital
financier. On peut imaginer ce qu’il
aurait pensé du Brexit, des mouvements indépendantistes de Catalogne ou du
récent vote en Corse. Comme nous, il aurait certainement analysé et dénoncé
cette mise en compétition des travailleurs et des économies au niveau européen
et mondial qui engendre des drames humains et alimente ces replis
nationalistes.
-
Un dernier exemple : La
démocratie et le pouvoir. La dernière période électorale que nous avons connue a
donné lieu à une situation que l’on peut qualifier de « séisme de la vie
politique française » : le brouillage, voire le rejet, des notions de
droite-gauche, l’abstention qui a atteint un niveau record, le tout sur un fond
de 5ème République. Cela a conduit à l’élection d’un Président qui,
s’affichant ni de droite ni de gauche, mène une politique de casse de tous les
acquis dont beaucoup, notamment le Code du travail, avaient été le fruit de la
pensée d’Edouard Vaillant et de ses partisans.
La
calamiteuse loi Macron-El Khomri, avec sa régressive inversion des normes, sacrifiant
les accords de branches au profit d’accords d’entreprises où le rapport de
forces est le plus défavorable, voilà que Vaillant l’a réfutée par avance, 6
mois après le célèbre Congrès de l’Unité du Globe, au Congrès de
Chalon-sur-Saône du 29 octobre 1905, où il déclarait entre autres : « La
section syndicale ne contracte pas séparément, c’est l’ensemble de la
Fédération qui dresse, pour ainsi dire, le contrat collectif, l’application se
fait ensuite par section. Pas de marchandage ni de négociations individuelles.
»
Que
faire pour donner (ou redonner) à nos concitoyens confiance sur le fait qu’il
existe des alternatives et ouvrir des perspectives politiques crédibles basées
sur un rapprochement de toutes les composantes de gauche de notre pays ?
Là encore la pensée de Vaillant nous éclaire : Il a toujours adopté une
position nuancée entre Jaurès favorable au ministérialisme et Guesde qui
refusait absolument toute collaboration de classe. Ce débat interminable qui
nous anime encore – la ligne entre ces deux positions étant souvent en
pointillé… Vaillant répétait constamment que la seule question qui doit dicter
nos choix est : « Quel est l’intérêt de la classe ouvrière ? »
L’Assemblée
nationale a voté dans la soirée du 29 novembre de l’année 2016 un texte
proclamant la réhabilitation de la Commune de Paris dont Vaillant fut une des
figures les plus remarquables. Pour Vaillant « La Commune fut ce combat
pour l’existence, pour la République sociale, bien plus que la révolte du
patriotisme déçu – de là sa grandeur. Elle est restée, aux yeux de tous, la
révolution militante, la marche du prolétariat en armes à la conquête du
pouvoir. »
Mais
qu’en est-il des idéaux portés par ce mouvement révolutionnaire et
progressiste ?
Nous
avons constaté à plusieurs reprises les limites de la capacité réformatrice
d’un gouvernement de gauche de transformation d’une société capitaliste.
Et
pourtant, face au « brouillage des repères » opérés par Macron, il
est de notre devoir de chercher encore et toujours notre plus grand
dénominateur commun et d’ouvrir, sur ces bases, des « possibles »
pour donner des envies de citoyenneté à ceux pour lesquels « égalité
fraternité solidarité humanité » sont devenus des mots creux.
Reprenant
des mots de Vaillant, je dirai « les divisions ne disparaîtront pas de
sitôt, mais elles doivent cesser d’être nuisibles à l’action socialiste… les distinctions
actuelles et nécessaires que les événements ont marquées ne doivent empêcher
aucune action efficace et commune … Ces socialistes de toutes les écoles
veulent réaliser la liberté individuelle la plus complète dans une société
normale et de développement harmonique et assuré ».
La liberté de chaque individu garantie par une
société qui favorise le collectif.
ÇA, C’EST MODERNE !
Face
à la morosité ambiante bien compréhensible au regard des difficultés
grandissantes pour un maximum de gens et au regard de la montée des idées
racistes et xénophobes, je pense que nous pouvons toujours avoir la pensée
vaillantiste en tête : « La tristesse est réactionnaire, la joie est républicaine et l’espérance est révolutionnaire. » « Pas de bonheur sans révolte contre l’ordre existant ».
Resituons la référence à la tristesse et à la joie (Dommanget):
A l’occasion du 14 juillet 1891, pour protester contre le massacre de Fourmies, les électeurs du Père-Lachaise, à sa suggestion, décidèrent de ne point participer à la « parade officielle », mais de fêter tout de même la République. Vaillant, pour justifier cette attitude, s’écria sur un ton inusité : «Celui qui n’aime ni le vin, ni le jeu, ni les femmes, celui-là est un sot, disait Luther, en rejetant sa défroque de moine. Celui qui, au jour de fête, rencontre au son du violon sur la place publique une jolie fille sans la faire valser, ou un ami sans trinquer à la santé et au développement d’une meilleure et plus populaire République, en est-il plus sage ? Au contraire. La tristesse est réactionnaire, la joie est républicaine.»
.
Cette année, la presse locale est nettement moins diserte sur la signification et le contenu de cet événement. Heureusement que nous sommes en mesure, dans ce cas, de médiatiser ici nous-mêmes nos propres archives.
Factuelle fut l'annonce...
Factuelle fut l'annonce...
Le Berry républicain 23 décembre 2017 |
... et sobrement factuel aussi le compte rendu du lendemain.
Dans un sens, nous n'allons pas nous plaindre, puisque proportionnellement la mention de notre association y gagne une place plus importante. Et puisqu'il est question de place, rassurons tout le monde en signalant que nous savons garder la nôtre devant les exigences de la vérité historique: ce sont bien les deux partis politiques, PC et PS, qui sont les organisateurs de cette cérémonie capitale, et notre association, si elle est bien légitimement présente étant donné ce que fut Vaillant, est davantage, elle, une spectatrice active et enthousiaste.
Sur d'autres réticences à des cérémonies "politiques" dans les cimetières, voir ce autres tartuffes dénoncés par nos amis nîmois:
AFFAIRE LOUIS ROSSEL
Samedi 29 novembre 2014 : au cimetière protestant de Nîmes, des membres de l’association « Les Amies et Amis de la Commune de Paris-1871 » et des Libres Penseurs ont rendu hommage à Louis Rossel.
Louis-Nathaniel Rossel, né le 9 septembre 1844 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) et exécuté le 28 novembre 1871 au camp de Satory à Versailles, fut le seul officier supérieur de l’armée française à avoir rejoint la Commune de Paris en 1871 (dès le 19 mars 1871) et à y avoir joué un rôle important comme délégué à la Guerre. Après avoir rappelé qui était Louis Rossel, nous avons déposé sur sa tombe trois roses, une pour la Liberté, une pour l’Egalité et une pour la Fraternité. Puis le trio « Pas pour l’instant… », en s’accompagnant à la guitare et à l’accordéon, a interprété avec beaucoup d’émotion Le Temps des Cerises.
Cette cérémonie s’est déroulée sans beaucoup de publicité en raison d’un désaccord avec le président du conseil presbytéral qui gère le cimetière privé (protestant) où se trouve la tombe de Rossel.
Son refus s’appuie sur la loi de 1905 (!) qui, selon lui, précise que l’attribution de la propriété privée du cimetière à une association cultuelle est faite « avec (son) affectation spéciale », c’est-à-dire pour l’exercice public du culte, que toute réunion politique est interdite et que notre demande de manifestation n’ayant pas un caractère strictement cultuel, il lui est impossible d’y répondre favorablement.
Ce que nous contestons puisque notre association est indépendante des partis politiques et reconnue Mouvement d’Education Populaire.
Pourtant, il est avéré que des commémorations organisées par des mouvements de droite, et même d’extrême droite, ont déjà eu lieu dans ce cimetière !
FRANCIS LABBÉ
Le magazine DIX-HUIT a pratiquement tout reproduit:
ce qui s'est passé un
24 décembre
pendant la vie d'Edouard Vaillant
Cet événement, nous l'annoncions sous cette forme plusieurs jours à l'avance. On y reconnaît le maire de Vierzon Nicolas Sansu, encadré par le secrétaire et le co-président pour le Cher des Amies et Amis de la Commune de Paris, respectivement Michel Gouvernaire et Michel Pinglaut.
Commémoration annuelle Edouard Vaillant
Cimetière de Vierzon-Ville
16 Rue du Souvenir Français
18100 Vierzon
La commémoration de la mort d'Edouard Vaillant devrait se faire cette année le samedi 23 décembre à 10h45. C'est au tour du PCF de prendre la parole, et c'est Edwige, membre des Amies et Amis de la Commune, qui sera au micro.
vaillantiser v tr dir
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin.
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.
Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même."
Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant".
Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin vaillantise."
N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc.
Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement.
TOUTES NOS DATES IMPORTANTES
Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.
374 p. 18,80 €
484g
les 2 volumes 1044g
L'EDITEUR
LES POINTS DE VENTE
18
Vierzon
Maison de la presse Catinaud (9 rue Voltaire)
Espace culturel Leclerc (48 avenue de la République)
Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)
Bourges
La Poterne
Centre commercial Carrefour Bourges
36
Châteauroux
Cultura Saint-Maur
En voir plus :
http://vaillantitude.blogspot.fr/2015/09/1907-mort-de-sully-prudhomme.html
COMPTES-RENDUS DU LIVRE
11 3 16 JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS
29 2 16 HENRICHEMONT GIBLOG
1 11 15 MAGAZINE A VIERZON
20 10 15 DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE
28 08 15 BLOG VIERZONITUDE
DOSSIER DE PRESSE
http://vaillantitude.blogspot.fr/2015/10/1854-naissance-de-rimbaud.html
La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national.
(Jean Jaurès)
Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.
(Vaillantitude)
La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul.
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