Nous continuons ici à vaillantiser ! |
Et Vaillant oublié
(comme d’habitude…)
(comme d’habitude…)
Ce n’est sans doute pas la pire, mais elle vient de me tomber sous la main récemment, et elle est tout à fait représentative de ce que j’observe depuis belle lurette.
Je parle d’une revue, d’une revue qui présente de l’histoire, et plus précisément de l’histoire de France sous la IIIe République.
Cela permet de réfléchir un instant sur la façon dont l’histoire, censée être « objective », est constamment instrumentalisée pour aller dans le sens d’une époque, d’une idéologie dominante, ou tout simplement de telle rédaction, voire de tel rédacteur.
Voyons donc ici comment, à travers une variété d’articles et de points de vue, finit par se dégager une manière de « point de vue de la revue » dont le lecteur est le destinataire.
Dans cette France « moderne » où Valls, puis Macron, ont successivement hypostasié la figure de Clémenceau, où les représentants de l’Etat viennent de profiter des cérémonies du 11 novembre pour le porter aux nues sans vergogne, il est devenu quasi naturel de réécrire l’histoire dans ce sens. Ah le Tigre ! Ah le Père la Victoire ! Tant pis si l’excessif Traité de Versailles nous ait valu Hitler, et surtout, tant pis si quelques ouvriers ont perdu la vie dans sa répression des manifestations : on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs, et tant que les œufs appartiennent aux classes laborieuses, on ne va pas en faire un drame.
Je veux bien qu’on fasse gloire à Clémenceau d’avoir suscité un élan de résistance nationale devant l’agression allemande. Mais alors, pourquoi fustiger Jules Guesde de « rallier l’Union sacrée » ?
Je veux bien qu’on fasse gloire à Jaurès d’avoir milité jusqu’au bout pour tenter d’éviter la guerre. Mais alors, pourquoi faire porter la responsabilité de son déclenchement sur les seuls socialistes, et même dans ce cas pourquoi parmi eux fustiger le seul Jules Guesde de « rallier l’Union sacrée » ?
On voit bien à l’œuvre ici les récupérations et les utilités idéologiques. La droite nationaliste a trouvé son héros – Clémenceau - pour récupérer le positif de la victoire, mais a aussi besoin d’un bouc émissaire (évidemment le représentant du camp adverse) pour porter l’opprobre des massacres inutiles.
Et à l’intérieur de ce camp de la gauche sortie en position de force du Congrès de Tours, il convient de rappeler qu'on a eu longtemps besoin d’un paratonnerre pour protéger son champion, et c’est naturellement Vaillant qui a été tiré au sort pour jouer ce rôle : c’est ici le mérite de Guy Kopokniki de ne pas recourir exceptionnellement à cette « facilité » traditionnelle (et si quelqu’un comme lui fait ce reproche à son camp de n'avoir su éviter la guerre, c’est immédiatement interprétable comme une manière de « dépit amoureux », aucun espoir raisonnable ne pouvant évidemment venir de la droite militariste).
Heureusement, l’une et l’autre de ces déformations sont de moins en moins tenables à l’épreuve des faits. Mais visiblement, la première est vigoureusement réactivée par les temps qui courent. Quant à la seconde, si son caractère caduc fait perdre de ce strict point de vue son utilité à Vaillant (ce qui, en un sens, est un progrès !), il y a gros à parier que cela conduit à l’oublier définitivement. Sauf, bien sûr, si on le vaillantise d’une manière efficace, pour de bonnes raisons cette fois. Alors on le reconnaîtra et le connaîtra définitivement pour ce qu’il fut vraiment.
C'est parti pour une petite visite!
Ça ne vous a pas échappé :
Les excès et les crimes de la Commune... Sans précision, c'est évidemment ceux commis par les communards. Alors que ces "crimes" sont objectivement dérisoires par rapport à ceux du camp d'en face. Propagande versaillaise pas morte...
Ça ne vous a pas échappé :
Apparence de logique, mais apparence seulement. Exemple typique de fausse rhétorique. En quoi cette brutalité pourrait-elle le desservir pour devenir président du conseil d'un gouvernement qui n'a rien de progressiste? Au contraire, c'est une excellente carte de visite. Et puis voyez au passage la décrédibilisation du discours socialiste, l'auteur prenant en charge pour son compte - et invitant donc du même coup le lecteur à en faire autant - l'expression positive de "fermeté inébranlable". Qui verrait là autre chose qu'une qualité? Il ne faudrait surtout aller dans le sens négatif d'une dénomination comme fusilleur de la classe ouvrière. Quant au paradoxe final, manière élégante de dire "circulez, y a rien à voir!", c'est un sommet de jésuitisme. Et très progressiste, vraiment? Pas évident sur le plan social, en tout cas. Le répressif se voit beaucoup mieux.
Ça
ne vous a pas échappé :
Les pacifistes peuvent aller se rhabiller, ils sont d'office hors jeu... Encore le mot utile de "fermeté", dans un autre contexte. Mais pourquoi cette référence aux soldats de l'an II, au patriotisme des révolutionnaires, appliqué aux revanchards les moins à gauche? Pour les autres - les héritiers naturels pourtant - on rappelle constamment comme une trahison leur ralliement à l'Union sacrée. Unanimement honnie quand il s'agit de la gauche, la guerre totale est ici objet de glorification. Je parlerais bien aussi de "paradoxe", si je n'en connaissais pas aussi clairement l'explication.
(Vu après, sans grand étonnement:) Extrait de la page Wikipedia de l'auteur, Jean Garrigues:
Il est l'un des intervenants réguliers de l'émission de télévision C dans l'air diffusée sur France 5, de 24 heures en questions sur LCI, de "On Va Plus Loin" sur Public Sénat, de "ça vous regarde" sur LCP, de "C'est arrivé demain" sur Europe 1 et plusieurs autres émissions de radio ou de télévision.
Le 25 avril 2017, il fait partie des signataires d'une tribune de chercheurs et d'universitaires annonçant avoir voté Emmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle française de 2017 et appelant à voter pour lui au second, en raison notamment de son projet pour l'enseignement supérieur et la recherche.
Je ne conteste nullement que les discours de Jaurès n’aient eu le plus d’éclat et de retentissement. Mais le véritable ministre des affaires étrangères du Parti socialiste depuis le début du siècle jusqu’au moment de la guerre, ce fut Vaillant.
Quant à faire de Jaurès le porteur de l’idée de grève générale, c’est un abus de langage journalistique dans le mauvais sens du terme. Habituelle rengaine, qui ne sert pas, par ses ridicules excès mêmes, la cause ni la mémoire du grand tribun. Jaurès a fait… Jaurès… Jaurès… Jaurès… Tout seul, vraiment ?... Toujours le premier rôle, vraiment ? Eh bien non. Ce fut un mouvement, international, avec pléthore de leaders qui sont restés dans l’histoire, et parfois éliminés sauvagement eux aussi en raison du rôle politique qu’ils auraient pu jouer. Tout aussi légitime au moins, par exemple, aurait été la phrase ainsi transformée: "L'action de Vaillant a fait de la SFIO le premier parti de France." Et les arguments ne manqueraient pas.
Or je ne connais pas de texte plus important à ce sujet que celui qui fut l’objet de débats permanents au sein de la Deuxième Internationale, depuis le Congrès de Copenhague du 28 août 1910 jusqu’au congrès de Paris du 14 juillet 1914 où il fut au cœur des discussions.
Ce texte émanait de deux hommes, le représentant de la France, le Vierzonnais Edouard Vaillant, qui avait déjà popularisé son célèbre cri « Plutôt l’insurrection que la guerre ! », et le représentant de la Grande-Bretagne, l’Ecossais James Keir Hardie.
On peut lire ce texte à la Médiathèque de Vierzon qui possède un autographe de Vaillant portant sa signature.
C’est ce texte, connu sous le nom de « motion Vaillant-Keir Hardie », capital bien que très court, qui a pour but d’appeler à la grève générale contre la guerre, le seul de manière efficace en ciblant l'armement et les transports, que je reproduis ci-dessous:
Entre tous les moyens à employer pour prévenir et empêcher la guerre le congrès considère comme particulièrement efficace la grève générale ouvrière (surtout dans les industries qui fournissent à la guerre ses instruments : armes, munitions, transports, etc.) ainsi que l’agitation et l’action populaires sous leurs formes les plus actives.
Ed. Vaillant
Quant à Louise Michel, elle joue son rôle habituel d'alibi pour ne pas parler du rôle de la Commune (notamment de son rôle social) ni des autres participants.
Et tout cela dans un discours enveloppé dans du pseudo factuel, mais qui au total n'a vraiment rien pour déranger si peu que ce soit le lecteur versaillais.
Au passage:
Communeuse, donc forcément "exaltée". Rien de rationnel dans son engagement, où se mêlent avant tout la passion amoureuse (on n'ose pas tout à fait écrire "dévoyée"), et l'envie de meurtre. On n'a pas osé "hystérique", mais ce n'est pas loin.
Bien balancé, entre explication et justification. On attendra en vain une condamnation un peu nette de "la presse versaillaise".
Si on pouvait au passage ce servir de cet argument d'autorité pour salir un peu le drapeau rouge, symbole de la Commune, pourquoi se priver...
Et si on pouvait pérenniser cette mort de la Commune (deuil non seulement des morts, mais aussi des "illusions", c'est-à-dire des idées), ce serait cerise sur le gâteau.
Cette présentation est à comparer utilement à celle qui se trouve sur la plaque de la maison des syndicats de Châteauroux dont je me sers à la page suivante. Le ton y est clairement laudateur, et le point de vue à l'opposé du précédent. Les réticences ont disparu, les appréciations positives sont affirmées: "Elle a participé activement à la Commune de Paris", "Figure légendaire du mouvement ouvrier",...
Le monde de ces gens-là serait décidément bien beau, s'il n'y avait ces associations obstinées à proclamer que "la Commune n'est pas morte", et que ses valeurs comme son message sont plus que jamais d'actualité.
ce qui s'est passé un
1er janvier
pendant la vie d'Edouard Vaillant
Cet événement, nous l'annoncions sous cette forme plusieurs jours à l'avance. On y reconnaît le maire de Vierzon Nicolas Sansu, encadré par le secrétaire et le co-président pour le Cher des Amies et Amis de la Commune de Paris, respectivement Michel Gouvernaire et Michel Pinglaut.
Commémoration annuelle Edouard Vaillant
Cimetière de Vierzon-Ville
16 Rue du Souvenir Français
18100 Vierzon
La commémoration de la mort d'Edouard Vaillant devrait se faire cette année le samedi 23 décembre à 10h45. C'est au tour du PCF de prendre la parole, et c'est Edwige, membre des Amies et Amis de la Commune, qui sera au micro.
vaillantiser v tr dir
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin.
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.
Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même."
Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant".
Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin vaillantise."
N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc.
Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement.
TOUTES NOS DATES IMPORTANTES
Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.
374 p. 18,80 €
484g
les 2 volumes 1044g
L'EDITEUR
LES POINTS DE VENTE
18
Vierzon
Maison de la presse Catinaud (9 rue Voltaire)
Espace culturel Leclerc (48 avenue de la République)
Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)
Bourges
La Poterne
Centre commercial Carrefour Bourges
36
Châteauroux
Cultura Saint-Maur
En voir plus :
http://vaillantitude.blogspot.fr/2015/09/1907-mort-de-sully-prudhomme.html
COMPTES-RENDUS DU LIVRE
11 3 16 JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS
29 2 16 HENRICHEMONT GIBLOG
1 11 15 MAGAZINE A VIERZON
20 10 15 DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE
28 08 15 BLOG VIERZONITUDE
DOSSIER DE PRESSE
http://vaillantitude.blogspot.fr/2015/10/1854-naissance-de-rimbaud.html
La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national.
(Jean Jaurès)
Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.
(Vaillantitude)
La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul.
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