mercredi 27 novembre 2019

J’ACCUSE


Film historique de Roman Polanski





avec Jean Dujardin, Louis Garrel... (2h12) 










Pendant les 12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier.
Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées.
A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.









    


Je ne vais pas réécrire ici ce que j’ai déjà écrit ailleurs (Je te parle au sujet d’EDOUARD VAILLANT, t.II), car il était évidemment impossible de ne pas rencontrer l’Affaire dans la carrière du député VAILLANT. 

Quelques extraits, et d’autres venant de Wikipédia, mettront l’accent sur des points précisant certains aspects du film, ou carrément le complétant.



Pour la gauche socialiste, comme pour les syndicalistes révolutionnaires, pour ne rien dire des anarchistes, Dreyfus fait pratiquement figure de privilégié, ayant droit à un éclairage et des défenseurs du fait de son appartenance à la bourgeoisie et bénéficiant de la solidarité juive. Des Dreyfus dans les classes populaires, il en est de nombreux potentiellement, car peu échappent à leur sort et à l’anonymat. Ils sont immédiatement fusillés, envoyés croupir dans les bagnes coloniaux, ou emprisonnés dans de conditions extrêmes. Emblématique à cet égard, car il connut une phase de défense, est le cas de Jules Durant, qu’on a baptisé « le Dreyfus du pauvre ». Notons que depuis 1886, le fameux Carnet B met jusqu’aux leaders politiques et syndicalistes sous le coup d’une menace redoutable : malheur à qui dénigre l’armée, ou qui renâcle devant le service militaire (bientôt la loi de trois ans). On pense aux soldats du 17e chantés par Montéhus. La mobilisation exceptionnelle en leur faveur leur épargne le régime disciplinaire rigoureux qu’on leur promettait en Tunisie, mais - et il paraît que c’est une « chance » -, la Grande Guerre finalement ne les décimera ni plus ni moins que leurs autres camarades de combat. 
Chose peu connue, Guesde, Vaillant et Jaurès sont parmi les premiers à s’engager à gauche en faveur de Dreyfus. But : mettre l’armée en difficulté, défendre la République. Communiqué commun: « Tenez-vous prêts, puisque les fautes des gouvernants la mettent en péril, à défendre la République elle-même. Contre le Capital, contre le Dogme et le Sabre, groupez-vous et combattez en pleine clarté pour la République sociale ! » (19 janvier 1898). 
Après vérification, il semble bien que personne ne sache rien sur l’« assassin » de Labori. La course poursuite de Picquart à cette occasion me paraît plus inventée que réelle, mais pourquoi pas, et peut-être me trompé-je…
Que l’affaire Dreyfus soit évoquée sans qu’il soit fait mention de Jaurès me paraît plutôt surréaliste. Il n’y a pas d’affaire Calas sans Voltaire, il n’y a pas d’affaire Dreyfus sans Zola et Jaurès. 
Que Dreyfus ait reproché à Picquart son retard d’avancement est pour moi peu probable, et c’est e tout cas peu logique (Picquart n’y est évidemment pour rien). Et si Polanski, dans un second degré subtil, avait voulu évoquer, dans cette scène, la double frustration de deux être d’exception, souffrant de n’avoir jamais réussi à exprimer explicitement leur estime réciproque ? 
Mais je m’incline devant la liberté du créateur cinéaste qui a choisi de tout miser sur Picquart. 













Je te parle au sujet d’EDOUARD VAILLANT

Vaillant et les autres sont globalement sur la ligne que défend Jaurès : la justice est clémente avec ce traître, il en est d’autres, dépourvus de la solidarité juive, qu’on aurait déjà fusillés pour moins que ça sans tarder. Deux jours après la condamnation à la déportation, en effet, le député du Tarn monte à la tribune de la Chambre et fait retentir des mots qui affirment : « Le capitaine Dreyfus, convaincu de trahison par un jugement unanime, n’a pas été condamné à mort, et le pays voit qu’on fusille sans pitié de simples soldats coupables d’une minute d’égarement, de violences » ; avec Clémenceau, il rappelle avec agressivité que le Code de justice militaire venait d’être appliqué dans toute son extrême rigueur à un jeune soldat insolent condamné à la peine de mort. C’est donc une attaque en règle contre le gouvernement, accusé de pratiquer une politique de classe


Défendre Dreyfus, c’est quand même défendre un militaire, et un officier de surcroît. Il faut reconnaître qu’après les massacres de la Commune, on peut trouver à mener batailles socialistes plus évidentes et plus exaltantes. Alors tant qu’à faire, autant que ça serve à attaquer l’institution militaire dans son ensemble ; c’est bien le moindre des bénéfices politiques qu’on en puisse tirer.

Pour m’en tenir à Dreyfus, je rappellerai donc que Bernard Lazare, un militant de l’antisémitisme, adversaire d’Edouard Drumont qui exploite à fond cette veine douteuse dans l’affaire Dreyfus, avait été contacté par Mathieu Dreyfus, le frère d’Alfred ; il avait rédigé, dès août 1895, un texte débouchant sur un article de fin 1896, qui débouchera lui-même, le 13  janvier 1898, sur le fameux « J’accuse ! » de Zola, puisqu’il fournissait ses célèbres anaphores à ce qui était censé être une lettre ouverte au président de la République Félix Faure.


Dreyfusiste, Vaillant l’est donc, mais au sens où les socialistes dans leur ensemble le sont. Ce qu’exprime avec netteté et précision, jusque dans l’usage des guillemets, Jolyon Howorth :
« Dès le début, donc, le « dreyfusisme » de Vaillant fut toujours motivé par l’intérêt qu’il portait aux implications sociales et politiques de l’affaire, et non pas par son aspect philosophique ou individuel. A ce stade, on pouvait dire la même chose de Jaurès qui, dans deux articles de la fin de 1897, ne s’attarda pas non plus sur Dreyfus lui-même, mais s’appliqua à exposer les conséquences sociales et politiques de l’affaire. »


Le 10 janvier de cette nouvelle année 1898 en effet, après un procès en huis-clos, on s’arrange pour acquitter Esterhazy. On l’a vu, c’est trois jours après, le 13 janvier, que Zola publie son J’accuse ! dont le retentissement est considérable tant à Paris que dans les provinces les plus reculées, et c’est ce jour-là aussi que le groupe socialiste à la Chambre se réunit pour définir sa ligne de conduite. Eh bien, contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est Guesde et Vaillant qui plaident résolument en faveur d’un engagement immédiat, tandis que des gens comme Millerand et Viviani freinent des quatre fers, craignant des retombées défavorables à l’approche des élections prévues pour le mois de mai prochain. Là, je laisse la parole à Maurice Dommanget, pour bien mettre en valeur le geste hautement symbolique de Guesde, geste auquel il joint d’ailleurs la parole. Voici : « C’est au cours de cette séance historique que Guesde, comme suffoqué par le langage des abstentionnistes, va ouvrir la fenêtre en s’écriant : «La lettre de Zola, c’est le plus grand acte révolutionnaire du siècle.» »


L’Almanach de la Question sociale pour 1900 garde la trace d’un article que Vaillant rédigea à la fin de l’année 1999 et qu’il intitula « Œuvre de salut et d’honneur socialiste ». Bien sûr qu’il approuve l’engagement total de Jaurès dans cette affaire, mais il ne manque pas de mentionner qu’il désapprouve le fait qu’elle ait pu s’effectuer parfois - ce sont ses mots - « dans des conditions confuses et désastreuses, alors que la victoire de la république et du socialisme était sûre, à la seule condition que la lutte pour la république et le socialisme restât, fût visiblement, et dans son intégralité, la lutte pour la république, la classe ouvrière et le socialisme. »

Jaurès lors du Discours des deux méthodes avec Guesde (novembre 1900) :
« Quand elle vint pour la première fois, quand nous eûmes à nous demander quelle attitude nous prendrions, le groupe socialiste se trouva partagé à peu près en deux. 
D’un côté, il y avait ceux que vous me permettrez bien d’appeler, ceux qu’on appelait alors les modérés du groupe. C’était Millerand, c’était Viviani, c’était Jourde, c’était Lavy, qui disaient : « Voilà une question dangereuse, et où nous ne devons pas intervenir. » 
De l’autre côté, il y avait ceux qu’on pouvait appeler alors la gauche révolutionnaire du groupe socialiste. Il y avait Guesde, Vaillant et moi qui disions : « Non, c’est une bataille qu’il faut livrer. » »





Extraits Wikipedia




Le procès s'ouvre le 7 août 1899 dans un climat de tension extrême. Rennes est en état de siège. Les juges du Conseil de guerre sont sous pression. Esterhazy, qui a avoué la paternité du bordereau, en exil en Angleterre, et du Paty, se sont fait excuser.

Le 14 août, Me Labori est victime d'un attentat sur son parcours vers le tribunal. Il se fait tirer dans le dos par un extrémiste qui s'enfuit et ne sera jamais retrouvé. L'avocat est écarté des débats pendant plus d'une semaine, au moment décisif de l'interrogatoire des témoins. Le 22 août, son état s'étant amélioré, il est de retour.


Le 9 septembre 1899, la Cour rend son verdict : Dreyfus est reconnu coupable de trahison mais « avec circonstances atténuantes » (par 5 voix contre 2), condamné à dix ans de réclusion et à une nouvelle dégradation. Contrairement aux apparences, ce verdict est au bord de l'acquittement à une voix près.

Le lendemain du verdict, Alfred Dreyfus, après avoir beaucoup hésité, dépose un pourvoi en révision. Waldeck-Rousseau, dans une position difficile, aborde pour la première fois la grâce. Pour Dreyfus, c'est accepter la culpabilité. Mais à bout de force, éloigné des siens depuis trop longtemps, il accepte. Le décret est signé le 19 septembre et il est libéré le 21 septembre 1899. Nombreux sont les dreyfusards frustrés par cet acte final. L'opinion publique accueille cette conclusion de manière indifférente.

Cette conclusion judiciaire a aussi une conséquence funeste sur les relations entre la famille Dreyfus et la branche ultra des dreyfusistes. Fernand Labori, Jaurès et Clemenceau, avec le consentement du général Picquart, reprochent ouvertement à Alfred Dreyfus d'avoir accepté la grâce et d'avoir mollement protesté à la loi d'amnistie. En deux ans après cette conclusion, leur amitié se finissait ainsi, avec de sordides calculs.



Réhabilitation juridique
Les élections de 1902 avaient vu la victoire des gauches. C'est Jean Jaurès, réélu, qui relance l'Affaire le 7 avril 1903 alors que la France la pensait enterrée à jamais. Dans un discours, Jaurès évoque la longue liste des faux qui parsèment le dossier Dreyfus, et insiste particulièrement sur deux pièces saillantes :
** La lettre de démission du général de Pellieux, rédigée en termes très durs. Juridiquement, elle a les formes d'un aveu de la collusion de l'État-Major :
« Dupe de gens sans honneur, ne pouvant plus compter sur la confiance des subordonnés sans laquelle le commandement est impossible, et de mon côté, ne pouvant avoir confiance en ceux de mes chefs qui m'ont fait travailler sur des faux, je demande ma mise à la retraite. »
** Le bordereau prétendument annoté (par l'empereur Guillaume II) auquel le général Mercier avait fait allusion au procès de Rennes, et dont le fait rapporté par la presse aurait influencé les juges du Conseil de guerre.


L'Affaire amène par effet de réaction, l'autre conséquence, une mutation intellectuelle du socialisme. Jaurès est un dreyfusard tardif (janvier 1898), convaincu par les socialistes révolutionnaires. Mais son engagement devient résolu, aux côtés de Georges Clemenceau à partir de 1899, sous l'influence de Lucien Herr. L'année 1902 voit la naissance de deux partis : le Parti socialiste français, qui rassemble les jaurésiens, et le Parti socialiste de France, sous influence de Guesde et Vaillant. Les deux partis fusionnent en 1905 en une Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO).

Dreyfus est réintégré partiellement dans l'armée, au grade de chef d'escadron (commandant), par la loi du 13 juillet 1906. Ses cinq années d'incarcération ne sont pas prises en compte pour la reconstitution de sa carrière, et il ne peut plus prétendre à un grade d'officier général. Cette décision brise tout espoir d'une carrière digne de ses réussites antérieures à son arrestation de 1894. Il est donc contraint à une douloureuse démission en juin 1907. Les magistrats ne pouvaient rien contre cette ultime injustice volontairement commise. Le droit et l'égalité avaient été encore une fois bafoués. Dreyfus n'a jamais demandé de dédommagement à l'État, ni de dommages-intérêts à qui que ce soit. La seule chose qui lui importait, c'était la reconnaissance de son innocence.


Officier de réserve, Dreyfus participe à la guerre de 1914-1918 au camp retranché de Paris, comme chef d'un parc d'artillerie, puis affecté au Chemin des Dames et à Verdun. Il termine sa carrière militaire au grade de colonel. Il meurt le 12 juillet 1935 à l'âge de soixante-seize ans dans l'indifférence générale. Le colonel Picquart est lui aussi réhabilité officiellement et réintégré dans l'armée au grade de général de brigade. Il est même ministre de la Guerre de 1906 à 1909 dans le premier gouvernement Clemenceau. Il meurt en 1914 d'un accident de cheval.


Jules Durand:

Le Carnet B:

Le bagne de Biribi:











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27 novembre
pendant la vie d'Edouard Vaillant










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vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 

Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




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L'EDITEUR







LES POINTS DE VENTE LOCAUX


18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud  (9 rue Voltaire)
(hélas fermé depuis le 21 juillet, malgré un grand soutien local, dont le nôtre)


 Espace culturel Leclerc  (48 avenue de la République)




 Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)

Bourges 

 La Poterne (41 rue Moyenne)



 Point Virgule (46 rue d'Auron)



Cultura Saint-Doulchard
(mystérieusement exclu depuis 2016)


 Centre commercial Carrefour Bourges (Chaussée de la Chappe)

Référencement national - partout en France - dans les magasins Carrefour.
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).













Henrichemont 

 Maison de la Presse "Le Jardin des Fées"(10 place Henri IV)








36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur (Zone Commerciale Cap Sud, 10 Boulevard du Franc)





Aussi recommandés et également présents, le dictionnaire berrichon de Michel Pinglaut, le "Edouard Vaillant" de Gilles Candar, le "La face cachée de la Commune" d'Hélène Lewandowski. 





Issoudun 


 Centre commercial Leclerc(Rue de la Limoise)





Il y a aussi le livre sur le berrichon de notre président Michel Pinglaut 


COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

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28 08 15    BLOG VIERZONITUDE




DOSSIER DE PRESSE





La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.



                                                                                                              (Vaillantitude)



La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 



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