mercredi 15 janvier 2020

PATACHONNER… OU PAS.


Des mots, ou des maux ? 




Tout cela a-t-il un sens?...




https://www.youtube.com/watch?v=XYjSb3a3Sp0



Ma première réaction, en entendant les commentateurs de la désormais fameuse scène s’interrogeant sur le sens du verbe « patachonner », fut de penser à la patache, cette voiture tirée par des chevaux, peu confortable et peu chère, qui emmena de Vierzon à Paris le bébé (il avait 2 ans) Edouard Vaillant en 1842, et aussi ses parents bien sûr. 
Là, je me suis dit que le président pouvait bien dérailler lui-même, les sens qui me paraissaient les plus probables étaient à mon sens « aller lentement », plutôt que d’« errer, aller à tort et à travers, sans but défini ». 
Alors une petite enquête s’impose. L’étymologie, d’abord.
 Bloch et von Wartburg sont les meilleurs. 
Patache viendrait donc de l’espagnol avec l’unique sens de bateau, et avant il y a l’arable, avec bateau à deux mats. Connu depuis 1566, le mot prend son sens moderne en 1793, à cause du fait que ces bâtiments seraient souvent de vieux navires. Il faut bien cette explication, car le mot arabe, lui, viendrait d’un adjectif qui signifie rapide. 


Pour patachonner, les dictionnaires modernes ne nous sont pas d’un grand secours : on n’y trouve nulle part le mot. Alors on va vers les classiques du XIXe siècle.  Rien non plus. 
Littré ne dit rien de la lenteur des pataches, mais pour le bateau, on apprend qu’il servait aux douanes et au fisc. La patache prélevait des taxes : voilà bien qui paraît davantage correspondre au président qu’au professeur… 

Rien non plus dans le grand dictionnaire (Nouveau Dictionnaire universelde La Châtre , le lexicographe d’Issoudun pour lequel Vaillant servit d’intermédiaire directement pour la traduction des œuvres de Feuerbach et indirectement pour la traduction française du Capital de Marx. La Châtre insiste au contraire, lui, sur la vitesse des véhicules, qu’ils soient marins ou terrestres. Ces derniers, qu’il nomme «voitures publiques à deux roues», pour lui, permettent de voyager «avec célérité à peu de frais». Lui aussi connaît en outre la barque des rivières ou des fleuves. 

Que vais-je bien pouvoir trouver ? L’énorme corpus du TLFi (Le TLFi est la version informatisée du TLF, un dictionnaire des XIXe et XXe siècles en 16 volumes et 1 supplément : 100 000 mots avec leur histoire, 270 000 définitions, 430 000 exemples) ne le contient pas. 




Ma première et seule occurrence, c’est l’ABC de la langue française qui me la fournit. Résolument le sens retenu est, comme je m’y étais d’abord entendu, le sens d’aller lentement. 





Citations
1975 
A la campagne, les voisins sont les voisins. On patachonnait gentiment sur les petites routes. Mme Andral ne voulait pas que l'on dépassât le trente à l'heure, malgré tous ces chevaux dans son moteur, sous le long capot. 
source : 1975.Renaudin Edmée:  Edmée, La bague au doigt
<1 citation(s)>

Entrée relevée dans ces sources (sauf erreur) :

1975. Edmée, la bague au doigt
Compléments
Dérivé de «patache» ? (gb) /


https://www.languefrancaise.net/Bob/42049

Cela étant dit, les journaux français y vont rapidement de leur petite enquête. Par exemple, La Voix du Nord ou La Dépêche
La Dépêche renvoie au Parisien :

Revenons sur l'expression employée par Emmanuel Macron : "Vous patachonnez dans la tête". Ça veut dire quoi exactement ? Le mot est tellement rare qu'il ne figure même pas dans le Larousse ! Nos confrères du Parisen sont allés interroger la sémiologue Mariette Darrigand pour en savoir plus. Le verbe a été utilisé fin XIXe/début XXe. "Patachonner signifie errer sans rationnalité. Par extension, cela peut vouloir dire être un peu fou. Ce terme peut également avoir une connotation sexuelle : mener une vie de patachon, c'est être un jouisseur". Pour la sémiologue, employé ainsi par Emmanuel Macron, la phrase voulait dire que "l'enseignant zigzague en quelques sorte dans sa tête".

https://www.ladepeche.fr/2020/01/14/vous-patachonnez-dans-la-tete-qua-voulu-dire-emmanuel-macron-a-un-enseignant-en-colere,8661551.php



La Voix du Nord aussi (décidément…), mais ajoute ses propres réflexions et trouve d’autres contextes :



Rapidement de nombreux internautes ont commencé à s’interroger sur la portée et la signification de « patachonnez ». Ce mot est rarement utilisé dans la langue française. À tel point qu’il n’a pas de définition dans le Larousse et qu’il n’apparaît dans le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi), le dictionnaire de référence sur la question. Pour autant, est-ce une invention du président de la République digne de son « Croquignolesque », métissage de croquignole ou de croquignolet et du chiraquien abracabrantesque ?

« Mener une vie instable, mouvementée et dissolue »
En absence d’explications du chef de l’État, ce mot a probablement comme racine le mot « patachon ». Ce dernier est connu du TLFi  : Mener une vie instable, mouvementée et dissolue, comme celle attribuée au patachon. Ce dernier est défini comme un « Conducteur de patache », un carrosse champêtre. Il a été popularisé par l’expression « Mener une vie de patachon » : mener une vie instable, mouvementée et dissolue, comme celle attribuée au patachon. Une forme d’insulte  ?
S’agissait-il pour le chef de l’État d’informer son interlocuteur qu’il a une pensée « instable, mouvementée et dissolue » ? Difficile à dire, car si le verbe « patachonner » est peu utilisé sur internet, il en va autrement de ses apparitions dans la presse du 19e siècle et la littérature du 20e siècle où il fait surface à huit reprises entre 1854 et 1968 selon Gallica, le moteur de recherche de la Bibliothèque nationale de France.
Être un Don Juan de salon
Ainsi en 1883, le journal l’Intransigeant utilise ce verbe dans la phrase : « Pour s’occuper, tuer le temps, lui qui a toujours été la vertu même, il se met à vouloir patachonner ; il fait la cour à sa bonne et à la femme de son voisin ». Dans ce sens, le verbe est utilisé pour décrire la vie dissolue d’un coucheur ou d’un Don Juan de salon. Une édition du Temps en 1907 semble aller dans ce sens. Il y est question d’une femme qui « n’épousera le jeune Robert de Revray, qu’elle aime, que lorsque son père aura fini de « patachonner(…) ». Le chef de l’État a-t-il cherché à faire comprendre à cet enseignant qu’il couche à droite et à gauche « dans sa tête » ? L’hypothèse semble saugrenue.
Être paresseux ou avancer doucement ?
Faut-il lui préférer l’idée que patachonner serait l’ancêtre de « chiller », prendre du bon temps, ne rien faire et se détendre ? En 1907, le Comoedia écrit ainsi qu’en « 1867, l’année où les souverains venaient patachonner à l’Exposition pour la plus grande joie des Parisiens, qui déclaraient l’Empire indéracinable. » En 1968, Edith Baumann utilise une dernière fois ce verbe, selon la Bibliothéque nationale, avec un sens similaire. «  «Cela donne au jour le temps de se lever», dit-il, pour se consoler comme il peut de me voir patachonner », écrit-elle dans Seule vingt-cinq jours contre l’Atlantique. Il pourrait également signifier « rouler doucement », selon le dictionnaire vivant de la langue française. Une hypothèse séduisante, mais qui serait à nouveau une façon pour le président de dire à son interlocuteur que ses répliques lui semblent incohérentes.
« Zizaguer dans sa tête »
Dernière possibilité  ? « Patachonner signifie errer sans rationalité, analyse la sémiologue Mariette Darrigrand, interrogée par nos confrères du Parisien. Par extension, cela peut vouloir dire être un peu fou. Ce terme peut également avoir une connotation sexuelle : mener une vie de patachon, c'est être un jouisseur… » Pour la sémiologue, dans la vision d’Emmanuel Macron, l’enseignant « zigzague en quelque sorte dans sa tête ».

https://www.lavoixdunord.fr/694653/article/2020-01-14/vous-patachonnez-dans-la-tete-ce-que-peut-signifier-ce-verbe-utilise-par


Alors, se reporter au Parisien est une évidence : 


Par Robin Korda

Le 14 janvier 2020 à 18h29, modifié le 15 janvier 2020 à 06h30
Ouvrez grand les dictionnaires. Toujours prompt à employer un vocabulaire étonnant, Emmanuel Macron a récidivé, ce mardi, en marge d'un déplacement à Pau (Pyrénées-Atlantiques).

Interpellé par un enseignant gréviste au sujet des retraites, le chef de l'Etat se prête à un échange vif, au cours duquel plusieurs sujets lui sont reprochés pêle-mêle. « Vous patachonnez dans la tête ! objecte-t-il. Vous mélangez tout, cela n'a rien à voir. »


L'expression a pu susciter des interrogations. Sur Internet, le verbe « patachonner » renvoie à de très rares occurrences. Difficile de lui trouver un sens. Le mot a pourtant bien existé dans la langue française. Il remonte à la période dite de la « Belle Époque », à la croisée des XIXe et XXe siècles.


« Errer »

« Patachonner signifie errer sans rationalité, restitue la sémiologue Mariette Darrigrand. Par extension, cela peut vouloir dire être un peu fou. Ce terme peut également avoir une connotation sexuelle : mener une vie de patachon, c'est être un jouisseur… »

Selon la créatrice du blog L'Observatoire Des Mots, l'expression a été principalement prisée dans le milieu journalistique et littéraire, par exemple chez les critiques de théâtre ou dans les chroniques de vie nocturne. « Ce n'est pas de l'argot, au contraire, rappelle-t-elle. La langue est tenue. En revanche, c'est extrêmement daté. »



Le chef de l'Etat a-t-il puisé ce terme dans les expressions chères à sa grand-mère, dont on dit qu'il a retenu les fameuses « carabistouilles » et « poudre de perlimpinpin » ? Son emploi est en tout cas, pour cette spécialiste du discours médiatique, plutôt correct.


« Il zigzague dans sa tête »

L'enseignant belliqueux « mélangeait beaucoup de choses », comme s'il échappait à un « chemin de la raison » cher à Emmanuel Macron, décrypte-t-elle. « Il zigzague en quelque sorte dans sa tête ».

Sur le fond, le président de la République peut cependant donner « l'impression d'être à côté de la modernité, de la vraie vie, voire d'être arrogant et élitiste », estime Mariette Darrigrand. « La politique, ce n'est pas que de la raison : c'est aussi de l'émotion. » Un terrain sur lequel le chef de l'Etat n'a peut-être pas su trouver les bons mots, cette fois. Malgré tout son lexique.



http://www.leparisien.fr/politique/mais-que-veut-dire-patachonner-utilise-mardi-par-emmanuel-macron-14-01-2020-8235999.php


Cela a bien l’air de confirmer que Macron n’a pas patachonné en attribuant ce sens au mot, mais on aimerait bien aussi connaître les contextes sur lesquels s’appuie la sémiologue. 
Si j’avais plus de notoriété, je serais peut-être tenté de faire pression à la limite de l’honnêteté intellectuelle pour y parvenir. Du genre : si ça se trouve, Le Parisien balance cette fake news comme un vrai bluff, afin de sauver la mise de son président chéri qui s’est planté en faisant un faux sens sur un mot prétentieux… Ça marcherait peut-être.  
En tout cas, sur ce point, le rayonnement de la sémiologue a été immédiat. Le dictionnaire actualisé depuis Chicago en porte témoignage : 






https://dvlf.uchicago.edu/mot/patachonner



Quant à patachon, qui désigne le conducteur, il est évidemment facile de le calomnier (coureur de route, coureur de tavernes, coureur de filles…). 
Mais ce sens attribué à la vie de patachon est peut-être une manière de plus de discréditer la pénibilité de certains métiers. 
Mon référent étymologique voit le mot apparaître en 1842 (l’année où Vaillant, bébé de deux ans, va à Paris en patache !) et se dispense de remarques péjoratives, et reste parfaitement neutre en notant que l’expression n’existe que « parce que le conducteur de patache est toujours en route ». Cela me fait penser à bien des conducteurs de nos jours, qui sont dans ce cas, et qu’on a vite fait de calomnier, eux aussi. 
Au fait, le patron du patachon, lui, s’appelle un patachier. No comment, même pas le facile « C’est bien un nom de patron, ça ! »





(Notre logo: le fond, symboliquement les pierres d'un mur, n'est rien d'autre que le mur du cimétière de Vierzon-Ville où repose Edouard Vaillant.)















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Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 

Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




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36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur (Zone Commerciale Cap Sud, 10 Boulevard du Franc)





Aussi recommandés et également présents, le dictionnaire berrichon de Michel Pinglaut, le "Edouard Vaillant" de Gilles Candar, le "La face cachée de la Commune" d'Hélène Lewandowski. 





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Il y a aussi le livre sur le berrichon de notre président Michel Pinglaut 


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La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




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La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 



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