vendredi 5 février 2021

LES 120 ANS D’AMBROISE CROIZAT

Une assurance sociale à défendre... 


... et dont Vaillant est un des principaux précurseurs. 




Un article d'Edwige Sallé: 








Le rapport avec Vaillant? Il n'est pas le seul, ni le plus ancien, mais il est un pionnier capital des conquêtes successives vers une assurance sociale digne de ce nom. 


Quelques extraits:






Cette philosophie n’est pas abstraction pure. Au crédit de Vaillant, Jaurès rappelle le projet d’assurance multiforme de ce dernier exposé dans  Le Petit Sou du 4 janvier 1901 ; cette assurance visait à « assurer tous les travailleurs contre l’intégralité des risques qu’ils courent : accidents, vieillesse ou invalidité, chômage ».


[…]

En clair, le guesdiste Rappoport fait plus confiance à Vaillant qui fut longtemps teinté de guesdisme (d’après lui) qu’en Jaurès qui ne fit jamais partie de sa bande. Mais cela ne l’empêche pas de s’en prendre aussi au vaillantiste Dubreuilh : « Voilà la critique de Dubreuilh contre la caisse de retraite des morts… Je regrette de ne pas trouver ici l’écho de cette critique qu’il a faite en socialiste révolutionnaire. » 
Comme les autres, Vaillant voit avec ce projet de loi la théorie déjà tranchée mise à l’épreuve de la pratique nettement plus gênante. Sans perdre de vue le but socialiste, on prend les réformes bourgeoises qui vont dans le bon sens. Mais cette loi, va-t-elle vraiment dans le bon sens ? La CGT ne l’a pas cru. Et ici, Rappoport, Hervé et Delory sont sur cette ligne, quand Jaurès, Groussier, Sembat sont sur la ligne contraire.  Pour Rappoport, la ligne est même différente de celle que Guesde, qui demande à la Chambre de voter la loi, malgré le fait qu’il a laissé dans toutes les mémoires une formule fameuse, en commentant la retraite à 65 ans : « C’est à peu près, en effet, la retraite pour les morts, au moins dans certaines industries, dont aucun ouvrier n’arrive à une pareille vieillesse. » Mais je n’oublie pas, rassure-toi, que je n’ai pas encore répondu à ta sollicitation sur Vaillant. J’y viens : il prend la parole aussitôt après l’intervention du responsable de la Fédération des textiles guesdiste Victor Renard, l’un des plus réformistes parmi les guesdistes, car il existe des tendances particulières au sein des grandes tendances générales, et on peut aussi en voir certains évoluer, si j’ose dire, de l’une à l’autre. Ce dernier conclut ainsi : « A mon point de vue, il faut voter la loi, avec l’idée de l’amender immédiatement. (Exclamations et applaudissements.) » Enfin, Vaillant vint :

Vaillant (Seine). - Après la conclusion du citoyen Renard, je sens que j’ai bien moins à vous dire. Citoyens, en effet, si la discussion avait pris une autre tournure, s’il y avait eu encore à militer pour notre proposition, j’aurais pu davantage répondre aux observations qui nous étaient opposées… Cette question de l’assurance sociale, pour mon compte, je l’ai portée non seulement à maintes reprises devant le Parlement, mais je l’ai portée devant la population ouvrière autant que je l’ai pu, dans de nombreuses conférences, dans de nombreuses réunions, auprès des groupes de syndicats. 

Il l’a portée dans le passé, cette question, et ce fut même l’objet au début du nouveau siècle, en 1901, d’une de ses brochures mémorables, justement intitulée Assurance Sociale, avec des idées à propos desquelles Jean Jaurès a tenu à manifester toute l’admiration qu’elles suscitaient chez lui et qu’il exprima dans un article publié dans  La Petite République le 8 janvier 1901, sous un titre non moins mémorable : « La Philosophie de Vaillant », ce qu’on a vu. Et c’est bien en cette année 1910 qu’il peaufine son projet, projet dont il pourra à bon droit s’enorgueillir l’année suivante... Pardon, j’oubliais, et c’est impardonnable de ma part, que pour le bonhomme, toute fierté qui n’est pas collective n’a aucune valeur. Donc je reprends. S’il pouvait s’enorgueillir à titre personnel, il pourrait à bon droit le faire en l’année 1911, quand il sera l’auteur en France du premier projet global d’assurance sociale couvrant tous les risques, ceux du chômage, des accidents, des maladies, de la vieillesse, et même ceux liés à l’infirmité ou à l’abandon. Pour le moment, à cette tribune, il insiste sur les aspects de la loi qui lui paraissent fondamentaux : pas tant la capitalisation ou la répartition, pas tant la part contributive de l’Etat et du patronat, pas tant l’âge de départ en retraite, toutes choses pourtant très importantes, mais d’abord le contrôle des fonds, de l’organisation et du processus d’évolution par la classe ouvrière. Mais pour cela, il faut qu’elle le veuille, et pour qu’elle le veuille, il faut qu’elle en ait conscience. 

Nous voulons une loi d’assurance qui soit l’inscription dans la loi de ce droit acquis à l’ouvrier, au prolétaire, et qui, pour être réel, doit être réalisé sous le contrôle, par la direction, l’administration des assurés, organisés à cet effet, c’est-à-dire de la classe ouvrière elle-même…
Jaurès. - Très bien !

Cela nous paraîtrait curieux de nos jours, tant il nous semble que les espérances de vie se sont, sinon égalisées, ce qui est loin d’être le cas, du mois sensiblement rapprochées depuis la Belle Epoque, mais Vaillant revendique bien une retraite pratiquement à la carte, en fonction de l’état des forces du travailleur. 

Ce n’est pas, je le répète, au moment où un homme atteint tel âge, fixé arbitrairement, quand même ce serait 50 ans, c’est au moment où ses forces diminuent, que doit commencer sa retraite. (Vifs applaudissements.)

Vifs applaudissements, ce n’est pas une appréciation si fréquente. Dans les faits, c’est une ovation qui salue la prestation de l’orateur. Parmi ses armes, en dehors de sa rigueur d’homme de dossier qui préfère jouer de la conviction que de la persuasion, il y a parfois des métaphores dont tu sais que je me plais à les relever. Ici, presque paradoxalement quand on songe à sa position antimilitariste, sa métaphore est guerrière. 

Il en est des lois ouvrières comme pour une armée, des fortifications passagères, des mouvements de terre en campagne. Si cette fortification, qui n’est qu’une motte de terre, est abandonnée, inoccupée, elle ne signifie rien, elle est d’avance livrée à l’ennemi. Mais si derrière il y a une troupe aguerrie pour la défendre, elle a la valeur d’un rempart solide. (Applaudissements.)

Le reste de l’intervention est si riche et si détaillé qu’il faudrait bien le mettre sous les yeux de nos contemporains en entier, spécialement en ce moment où l’on débat à l’envi et à l’envers des lois régissant le travail. C’est là aussi qu’il assène son célèbre aphorisme qui le caractérise si bien : « Les idées viennent de l’action et retournent à l’action. » Comme Montaigne avec la tête bien pleine et bien faite, il requiert les deux, mais plutôt l’action que la réflexion si on devait être dans obligation de choisir. Je ne peux noter ici que quelques précisions historiques, qui me rappellent les descriptions des romanciers de la fin du 19e siècle.

La famille ouvrière ne couche que dans une seule chambre, ce qui a excité l’indignation même des statisticiens officiels anglais qui, venus en France pour étudier les logements, ont pu constater que les Français sont de tous les peuples celui qui se loge le plus mal, le plus insalubrement, qui est le plus maltraité par ceux qui l’hébergent. 

Il rappelle que ce que les Allemands ont par-dessus tout revendiqué, ce n’est pas qu’ils trouvaient à redire sur le mode de cotisation, sur la capitalisation 

ni sur la plupart des raisons données par les adversaires de l’adoption de la loi actuelle, - ce qui était particulièrement blâmé, c’était le bureaucratisme, les caisses patronales et ce que déjà ils revendiquaient excellemment, c’était l’auto-gestion de l’assurance, la gestion des caisses par les assurés. Et c’est ce qui, de plus en plus, comme la condition essentielle de l’assurance ouvrière, est réclamée par tous les ouvriers d’Allemagne et doit l’être par nous. 

Non, tu n’as pas rêvé : tu as bien entendu ici le terme d’« autogestion », écrit dans les rapports avec un trait d’union. Certes, c’est une vieille idée chez lui, et tu n’as pas oublié son programme d’autogestion des théâtres sous la Commune. Mais le mot, lui, n’y étais pas encore. Eh bien le voilà, ce mot, avec sa définition moderne encore, cinquante ans exactement avant nos dictionnaires qui, eux, ne le repèrent qu’en 1960.

[…]


L’assurance s’adresse à l’ouvrier, garantit au prolétaire son droit reconnu. L’assistance ne s’adresse qu’à l’indigent.... Nous ne voulons plus d’aumône ni d’assistance. Nous voulons dans la loi et dans les faits la reconnaissance du droit à l’existence du prolétaire... C’est la fonction de l’assurance sociale.


1911 (71 ans). Auteur du premier projet global d’assurance sociale couvrant tous les risques : du chômage, des accidents, des maladies, de la vieillesse, de l’infirmité et de l’abandon. 







L'affiche: 
celle  du 150e anniversaire de la Commune 

L’affiche du 150e anniversaire réalisée par Ernest Pignon-Ernest est disponible à l’association. Elle coûte 10 euros.








 
Les Communards du Cher, notre livre du 150e



Salut Jean-Marie !
Voici les librairies où l’on pourra faire l’emplette de "La Commune et les communards du Cher”, quand elles seront ouvertes à nouveau.

Librairie La Poterne 41 rue Moyenne, Bourges. 
Librairie La plume du Sarthate 83 rue Arnaud de Vogüé à Bourges. 
L’Antidote 88 rue d’Auron à Bourges.
Maison des syndicats, 5 Boulevard Georges Clemenceau, Bourges. 
Librairie Cultura, Bourges/Saint Doulchard, route de Vierzon à côté de Décathlon. 
Librairie Espace culturel Leclerc 48 avenue de la République à Vierzon, 
Librairie Sur les chemins du livre 20 Rue Porte Mutin à Saint-Amand-Montrond. 
Jardin des fées, librairie/Presse place Henri IV, Henrichemont. 
Chez moi à La Borne, 10 Grand Route.
Il sera bientôt disponible au siège parisien des Amis de la Commune, 46 rue des Cinq Diamants dans le 13e arrondissement, après la fin du confinement.
Le prix de vente est de 18,50 euros .
On peut également se procurer le livre auprès de l’association des Amies et amis berrichons de la Commune de Paris, chez Michel Pinglaut  à Villabon.
Les dédicaces sont reportées au salon du livre d’Histoire de 30 et 31 janvier 2021 à Bourges.
Une présentation aux Archives départementales du Cher est prévue le 4 mars à 18 heures à l’auditorium, une dédicace aura lieu à la fin de la soirée. 
Le calendrier ayant été très bousculé, un changement de date est possible…
Bon, j’ai tout dit,
Bien communeusement,
JPG


Concordances des temps 
sur la répression des mouvements sociaux dans ce blog. 
Passim (taper par exemple les mots "répression" ou "gilets jaunes"dans le moteur de recherche), mais je mentionnerait seulement ici:


(Avec le livre de Guillaume Davranche: TROP JEUNES POUR MOURIR.)





Vierzon ville (doublement) étape
et toujours en proximité avec Le Creusot

Le Tour de France des conférences de Jean-Louis Robert






















Cliquez sur le calendrier pour découvrir
 ce qui s'est passé un
5 février
pendant la vie d'Edouard Vaillant










Rentrée littéraire de septembre 2016 
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
560g  
les 2 volumes 1044g 





















vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  



Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 

Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




TOUTES NOS DATES IMPORTANTES




Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.



374 p.  18,80 €
484g  
les 2 volumes 1044g 








L'EDITEUR







LES POINTS DE VENTE LOCAUX


18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud  (9 rue Voltaire)
(hélas fermé depuis le 21 juillet, malgré un grand soutien local, dont le nôtre)


 Espace culturel Leclerc  (48 avenue de la République)




 Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)

Bourges 

 La Poterne (41 rue Moyenne)



 Point Virgule (46 rue d'Auron)



Cultura Saint-Doulchard
(mystérieusement exclu depuis 2016)


 Centre commercial Carrefour Bourges (Chaussée de la Chappe)

Référencement national - partout en France - dans les magasins Carrefour.
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).













Henrichemont 

 Maison de la Presse "Le Jardin des Fées"(10 place Henri IV)








36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur (Zone Commerciale Cap Sud, 10 Boulevard du Franc)





Aussi recommandés et également présents, le dictionnaire berrichon de Michel Pinglaut, le "Edouard Vaillant" de Gilles Candar, le "La face cachée de la Commune" d'Hélène Lewandowski. 





Issoudun 


 Centre commercial Leclerc(Rue de la Limoise)





Il y a aussi le livre sur le berrichon de notre président Michel Pinglaut 


COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

29 2 16  HENRICHEMONT GIBLOG

1 11 15  MAGAZINE A VIERZON

20 10 15    DIX-HUIT BERRY REPUBLICAIN LA BOUINOTTE

28 08 15    BLOG VIERZONITUDE




DOSSIER DE PRESSE





La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.



                                                                                                              (Vaillantitude)










La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 

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