samedi 20 mars 2021

FACTUELLEMENT, LA COMMUNE DE PARIS (I)

    Une mise en perspective.









IL Y A 150 ANS LA COMMUNE DE PARIS 1871 :

UNE HISTOIRE FACTUELLE RÉVOLUTIONNAIRE (I)



 

La Commune de Paris 1871 est l’aboutissement d’un siècle de convulsions révolutionnaires, conséquence d’une lutte pour la République, les libertés et l’égalité sociale. Ce temps républicain de l’histoire de notre pays est un moment particulier puisque seule forme éphémère de prise de pouvoir populaire durant 72 jours.



L’engrenage révolutionnaire d’avant la Commune

Une origine lointaine

1789-1794 : La Grande Révolution qui proclame la Première République est détournée de son but final : une République bourgeoise voit le jour.

1830 : Après un premier Empire né d’un coup d’État et des monarchies tendant pour la dernière à la tyrannie, la Révolution de 1830 est escamotée et se transforme en monarchie parlementaire.

1848 : La Révolution de février 1848 entérine une Deuxième République, révolutionnaire durant deux mois, avant les journées de juin où un gouvernement républicain réprime violemment le peuple ouvrier de Paris. Le régime républicain dénaturé va péricliter.

1851 : Un deuxième coup dÉtat établit un Second Empire autoritaire.

Le moment d’une rencontre décisive pour la démocratie et la lutte

La rencontre entre les travailleurs manuels et les Républicains, entamée en 1848, s’accentue avec la résistance au coup d’État. Ce rapprochement, marqué de différences, associe libertés politiques et reconnaissance sociale.

1860-1870 : l’éclosion et l’organisation de la classe ouvrière

Une classe ouvrière se forme sous l’effet des migrations qui engendre une concentration dans les grands centres. La naissance de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) en 1864 marque le début de l’opposition de classe entre les possédants et le futur prolétariat, les grèves encourageant la résistance. Le courant républicain radical autour des blanquistes, néo jacobins, internationalistes s’affirme. Les réunions publiques deviennent le creuset des principes de la future Commune.



L’engrenage de juillet 1870 à mars 1871 : la conséquence d’une guerre perdue et d’un mouvement populaire


1870


Le 8 mai, un plébiscite donne l’illusion d’un régime soutenu. Mais nombre d’indicateurs en montrent toute la fragilité.


Un enchaînement éclair

19 juillet : Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Déjà « l’union sacrée » est contrainte : cependant les grèves continuent et dès les premières défaites, des manifestations ont lieu réclamant la République.

2 septembre : Moins de deux mois après, Napoléon III capitule à Sedan, l’Empire s’écroule instantanément.

4 septembre : La Province est la première à proclamer la République à Marseille et à Lyon où le drapeau rouge est arboré. Paris le fait, mais sans l’entériner : l’ordre est sauvé, un gouvernement de défense nationale s’auto nommant autour des républicains modérés et du général Trochu, monarchiste. Une guerre patriotique teintée de nationalisme s’en suit. Mais très vite la conduite de cette guerre par un gouvernement voulant éviter la Révolution sociale sépare les Républicains ainsi que les milieux bourgeois et ouvriers.

5 septembre : Des comités de vigilance se mettent en place dans les quartiers de Paris pour surveiller le nouveau pouvoir : un comité central républicain des 20 arrondissement, organisme civil, chapeaute l’ensemble des comités.

18 septembre : L’armée prussienne assiège la capitale.

septembre : Le sud de la France est au premier rang pour défendre le pays: des ligues, retour de 1851, se forment affichant des programmes radicaux, prémices des visées de la Commune. La Garde nationale, milice citoyenne, s’ouvre enfin aux habitants des quartiers populaires pour répondre aux besoins militaires.


8 octobre: C’est la première demande de « Commune » faite par le comité central républicain. Les premiers clubs apparaissent réclamant des mesures face à la misère qui sévit.


Un tournant oublié

Le 31 octobre, provoquée par l’échec de la sortie au Bourget et la capitulation à Metz du Maréchal Bazaine, une insurrection a lieu à Paris venant des quartiers rouges : l’Hôtel de Ville est occupé. Ce mouvement populaire improvisé et sans lien avec le comité central des 20 arrondissements n’aboutit pas ; cependant, c’est le début d’un bras de fer entre les membres du gouvernement et les militants radicalisés des quartiers populaires. Le plébiscite de début novembre entend renforcer le pouvoir en place, mais l’abstention est forte.

Une Province à nouveau en avance

Le 1er novembre, l’hôtel de ville de Marseille est occupé et une première Commune est proclamée : l’envoyé de Gambetta réussit à rétablir l’ordre.


1871


La volonté de « faire Commune » face à l’incurie du gouvernement de défense nationale

L’affamement de la population est épuisant et les clubs demandent la destitution des hommes de l’Hôtel de Ville.  Le 7 janvier, une Affiche Rouge du comité central des 20 arrondissements se termine par : « Place au Peuple ! Place à la Commune ! ».

Le 22 janvier, faisant suite à une énième sortie désastreuse des gardes nationaux, une nouvelle tentative de prise de l’Hôtel de Ville et de demande de Commune échoue dans le sang. La Garde nationale, au fonctionnement très démocratique et qui conserve ses armes, devient un instrument de premier plan.

28 janvier : L’armistice avec les Prussiens est signé après cinq mois d’une illusoire volonté du pouvoir de continuer la guerre.

8 février : Dans un pays dont 42 départements sont occupés, une assemblée nationale à majorité monarchiste est élue avec, à sa tête, Adolphe Thiers, politicien caméléon. Seules les grandes villes ont des élus républicains. Cette assemblée s’installe à Bordeaux.

Le 3 mars, la Garde nationale se constitue en Fédération avec un comité central dont la composition fait cohabiter des républicains de toutes tendances.

Le 10 mars, Thiers et la majorité monarchiste concluent le « pacte de Bordeaux » qui remet à plus tard le choix du régime. L’Assemblée nationale vote son transfert à Versailles, les ministères s’installant à Paris ; elle décide d’abolir le moratoire sur les loyers et sur les effets de commerce ainsi que de supprimer la solde des gardes nationaux.

L’avant 18 mars voit le peuple parisien des quartiers s’activer. La création d’une délégation centrale révolutionnaire est envisagée, mais le militaire prend le pas sur le civil.

L’insurrection du 18 mars

Dès le 13 mars, des tentatives de récupération de canons payés par le peuple de Paris sont déjouées ; le comité central de la Garde nationale a, quant à lui, tenté de négocier avec Versailles leur restitution. Le 18 mars au matin, les soldats de ligne se dirigent vers les Buttes Montmartre et Belleville pour récupérer à nouveau ces canons. La population se réveille et les femmes jouent le premier rôle avec, à leur tête, Louise Michel : l’attaque surprise échoue. Les soldats fraternisent et fusillent deux de leurs généraux. Les troupes versaillaises fuient vers Versailles. Si la réaction des faubourgs est spontanée, celle-ci est bien l‘aboutissement d’une longue période de rébellion. Les chefs des bataillons populaires de la Garde nationale s’emparent d’eux-mêmes des lieux de pouvoir.

Le choix d’élections municipales 

Aussi le 19 mars au matin, le comité central de la Garde nationale, totalement absent le 18 mais seule structure organisée, s’installe-t-il à l’Hôtel de Ville et décide de provoquer des élections pour élire un Conseil général de la Commune, laissant les troupes versaillaises se retirer sans poursuite à Versailles.

Du 19 mars au 26 mars, se déroule le temps de longues négociations avec les maires et députés de Paris. Mais la volonté de Versailles de rétablir l’ordre est explicite.  La guerre civile, inévitable, se transforme en guerre entre Paris et Versailles. L’extrême souci de légalité du comité central de la Garde nationale le pousse à ne pas occuper la Banque de France.

 

 

 

Des Communes de Province en soutien à Paris

Du 22 au 26 mars, plusieurs Communes sont proclamées : Marseille une deuxième fois, Lyon, Narbonne, Saint-Etienne, Le Creusot, Toulouse démontrant que la Province, malgré l’essoufflement de l’automne 1870, est prête à soutenir le mouvement parisien : des délégués de ces villes se rendent même à Paris. Toutes ces Communes auront une durée de vie très courte, isolées, dans une confusion de finalités et subissant souvent une répression sévère.




La Commune de Paris : son existence par les faits politiques, populaires et militaires


Les élections au Conseil général de la Commune

Le 26 mars, les élections du Conseil général de la Commune ont lieu. Pour la première fois, des ouvriers sont élus (1/3) au sein du Conseil. Si les différents courants de 1870 sont représentés, ce sont les délégués de la petite bourgeoisie qui sont majoritaires. Le 28 mars, la Commune est proclamée sur la place de l’Hôtel de Ville de Paris dans une atmosphère de fête et un grand espoir règne.






La Commune confrontée à la guerre civile : guerre ou/et révolution ?

2 avril : Versailles déclenche la guerre civile en bombardant Courbevoie. L’idée émise par certains élus, soit sincèrement, soit pour désamorcer une radicalisation de militants actifs, que Versailles ne réagirait pas s’évanouit.

3 avril : A cette déclaration de guerre répond à nouveau une réaction populaire. Plus de 3 000 femmes du peuple accompagnées de militantes politisées qui veulent marcher sur Versailles vont s’investir dans les soins aux blessés :  ce fait accentue la visibilité des femmes qui entrent dans l’histoire. Face à l’inaction du Conseil de la Commune, les bataillons populaires de la Garde nationale lancent une attaque sur Versailles : ni le comité central ni le Conseil de la Commune n’ont proposé d’action. C’est un cinglant échec et les premières exécutions sommaires commencent : Paris passe d’un esprit offensif à un esprit défensif favorisant les tenants d’une politique communale au détriment de la poussée révolutionnaire. Le Conseil de la Commune décrète des mesures d’obéissance militarisant la Garde nationale.

La révolution politique étant privilégiée par le courant majoritaire du Conseil, les questions sociales tant attendues sont imposées par les bases populaires.

Un décret d’essence révolutionnaire

C’est celui sur les otages pris le 5 avril en riposte aux exécutions sommaires des versaillais, d’une dimension révolutionnaire mais restant toujours « dans les limites du droit ». Il ne sera pas appliqué sauf durant la Semaine sanglante et dans des conditions particulières.

8 avril : Jules Favre, ministre versaillais, rencontre le chancelier Bismarck et se voit accorder la libération de prisonniers de guerre pour combattre Paris.

Le 16 avril ont lieu des élections complémentaires pour le Conseil de la Commune : le taux d’abstention est énorme traduisant une perte de confiance des milieux populaires.

La parution du programme de la Commune

Le 19 avril paraît « La déclaration au Peuple Français », véritable testament de la Commune et résultat d’un compromis entre les divers courants de pensée, présentant le communalisme comme idéologie avec les principes d’association et de fédération.

30 avril : Les résultats des élections municipales voulues par Thiers donnent des succès républicains dans nombre de villes et la diffusion de l’esprit républicain dans la Province rurale.

L’acte significatif, source de scission pour la Commune

Le 1er mai, un comité de Salut Public est créé devant répondre à la grave situation militaire. Cette création provoque une scission au sein du Conseil de la Commune entre une majorité jacobine et blanquiste et une minorité internationaliste, celle-ci reprochant la mise en place d’un pouvoir supérieur à la Commune.

9 mai : Un deuxième comité de Salut Public remplace le premier après l’occupation par les versaillais du fort d’Issy.

10 mai : Le lendemain, Rossel, délégué à la guerre, démissionne et est remplacé dans la fonction par Charles Delescluze, un civil, attestant du changement d’orientation.

Le traité de paix est signé à Francfort.

14 mai : La volonté de conciliation de 70 délégués de municipalités à sensibilité républicaine réunis à Lyon se heurte au refus de Thiers.

 

 

A la mi-mai, une Fédération des clubs est créée sans avoir le temps d’agir. Des élus blanquistes ne peuvent faire aboutir le projet de renversement du Conseil de la Commune.

Le mois de mai voit la Province s’agiter après le résultat républicain d’avril. Mais la défiance de Paris vis-à-vis du monde rural empêche tout lien avec la paysannerie.



La Semaine sanglante et la fin de la Commune

L’écrasement de la Commune relève de l’ensemble des causes factuelles de ces 72 jours et le bilan édifiant de la répression cristallise la farouche haine de classe des versaillais et possédants : 20 000 à 25 000 exécutions, près de 40 000 arrestations, plus de 13 000 condamnations, plus de 4 000 déportés et autant d’exilés, les « sans voix » du peuple payant chèrement leur engagement.

21 mai : Bénéficiant de complicités, les troupes versaillaises reprennent la ville quartier par quartier exécutant sans jugement ou dans un simulacre de jugement hommes, femmes, enfants.

24 mai : Alors que le sang coule à flot et que Paris brûle, le comité central de la Garde nationale fait placarder une affiche pour la réconciliation qui ne trouve bien sûr aucun écho.

Des otages sont exécutés les 24 et 26 mai.

27 mai : Les ultimes combats se déroulent à la nuit tombante au cimetière du Père-Lachaise.





28 mai : La dernière barricade tombe dans le XXème rue Ramponneau.

3 mai 1872 : C’est le départ du premier convoi de déportés pour la Nouvelle-Calédonie.

11 juillet 1880 : L’amnistie générale est décrétée.

L’engrenage révolutionnaire du siècle se termine dans un bain de sang et un oubli. De retour après l’amnistie, celles et ceux des communardes et communards qui avaient rêvé d’une autre société ne se reconnaîtront pas dans la République issue de la Semaine sanglante.  Le régime parlementaire qui s’instaure avec le suffrage universel va remettre en cause le principe révolutionnaire et permettre au système dominant de se pérenniser. 

  

                                                                                    Jean Annequin 

co-président pour l’Indre des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871


  














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celle  du 150e anniversaire de la Commune 

L’affiche du 150e anniversaire réalisée par Ernest Pignon-Ernest est disponible à l’association. Elle coûte 10 euros.








 
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Salut Jean-Marie !
Voici les librairies où l’on pourra faire l’emplette de "La Commune et les communards du Cher”, quand elles seront ouvertes à nouveau.

Librairie La Poterne 41 rue Moyenne, Bourges. 
Librairie La plume du Sarthate 83 rue Arnaud de Vogüé à Bourges. 
L’Antidote 88 rue d’Auron à Bourges.
Maison des syndicats, 5 Boulevard Georges Clemenceau, Bourges. 
Librairie Cultura, Bourges/Saint Doulchard, route de Vierzon à côté de Décathlon. 
Librairie Espace culturel Leclerc 48 avenue de la République à Vierzon, 
Librairie Sur les chemins du livre 20 Rue Porte Mutin à Saint-Amand-Montrond. 
Jardin des fées, librairie/Presse place Henri IV, Henrichemont. 
Chez moi à La Borne, 10 Grand Route.
Il sera bientôt disponible au siège parisien des Amis de la Commune, 46 rue des Cinq Diamants dans le 13e arrondissement, après la fin du confinement.
Le prix de vente est de 18,50 euros .
On peut également se procurer le livre auprès de l’association des Amies et amis berrichons de la Commune de Paris, chez Michel Pinglaut  à Villabon.




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Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 

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Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 

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Vierzon 

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(hélas fermé depuis le 21 juillet, malgré un grand soutien local, dont le nôtre)


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La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.



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La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 

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