mais qu’on peut maintenant (mieux) connaître.
Est-ce parce qu’elle est de Baraize que Roze Tuboeuf a un prénom qui s’écrit avec un « z » ? A quoi ressemblait-elle ? Lucette Lecointe ne répond pas à ces questions. Comme c’est elle qui sans doute la connaît le mieux, il y a peu de chance qu’on en sache davantage sur ces points, du moins à court terme. Mais par ailleurs, elle a beaucoup de choses intéressantes à nous apprendre sur son héroïne qui désormais ne peut plus, grâce à elle, être qualifiée d’anonyme. Ecoutons-la nous la raconter:
Les inconnu-e.s de la Commune
Roze TUBOEUF, l'espoir du bonheur au goût amer
La famille Tuboeuf
Roze est la deuxième enfant du second mariage de Jean François (1800-1874), charpentier et propriétaire, et Anne Siguret au lieu-dit de Montcocu (village de 32 ménages et 141 habitants en 1866), commune de Baraize (849 habitants en 1866).
Elle naît le 12 février 1830.
Acte de naissance de Roze Tuboeuf
archives Baraize naissance greffe 1813-1832 réf 3 E 012/07 page 167/194
Elle se marie à 17 ans avec Justin Vincent Malesset (natif d'Orsennes) le 17 janvier1847 à Baraize, il était compagnon charpentier chez Jean François Tuboeuf en 1846.
signature de Roze à son mariage
archives Baraize mariages greffe 1833-1852 réf 3 E 012/11 page 77/110
Neuf mois plus tard va naître Jean Baptiste Eugène (18/9/1847) à Montcocu; puis Jeanne le 22 avril 1849 toujours à Montcocu.
La vie parisienne
La famille Malesset est au nombre de ces migrants de province, auquel le Berry n'a pas fait exception, à aller s'installer à Paris après le Second Empire. Ils aspirent à une vie plus aisée, à une avancée sociale. La réalité est autre, leur vie sera celle de nombreux ouvriers.
Roze sera la seule des 7 enfants Tuboeuf à aller à Paris : elle est alors blanchisseuse, son mari menuisier.
La famille part à Paris entre 1851, où elle est recensée à Montcocu, et 1855, où l'on trouve une trace de la famille au 34 rue Vaneau dans le 7ème arrondissement, où va naître Pierre Henri le 22/8/1855. Pierre Henri, menuisier, se marie à Poissy en 1892.
Le 20 avril 1857 naîtra Charles Victor Henri à Paris 15ème, il décède le 26 février 1860 au 24 rue des Fourneaux Paris 15.
Vers septembre 1859, c’est la naissance de Célestine Rose qui décède le 13 mars 1860 au domicile de ses parents au 24 rue des Fourneaux âgée de 7 mois.
Le 24 rue des Fourneaux sera le domicile de plusieurs migrants natifs du canton d'Éguzon.
En février 1862, arrive la première condamnation à 3 mois de prison de son fils Jean Baptiste Eugène, menuisier, pour vol. Il sera régulièrement condamné jusqu'en septembre 1868, date à laquelle il est condamné à 2 ans de prison à la maison centrale de Poissy pour vol.
Le 18 avril 1862, Léonard Victor naît au 33 rue des Fourneaux, il est enlevé par une femme le 28 septembre 1863 devant le domicile de ses parents (1).
Le 17 avril 1865, c’est une nouvelle naissance, celle de Marie Antoinette au 21 rue Poinsot Paris 14.
En 1868, Jeanne, sa fille est blanchisseuse et épouse Charles Julien Dieulessaint le 5 décembre à Paris (14ème).
Les archives de Paris jusqu'à 1860 ayant disparu, nous manquons d'informations concernant sa complète descendance.
La famille a une vie de dur labeur, de douleurs, entrecoupée de déménagements, de naissances, de deuils: c’est la vie de milliers de migrants de province ayant contribué à l'essor économique et industriel de Paris.
Malgré un quotidien difficile, les enfants iront à l'école, Jean Baptiste sait lire et écrire, mention portée sur sa fiche à son arrivée au bagne en janvier 1872. Pierre Henri sait également signer. Roze perfectionnera son écriture. A son mariage, elle sait à peine signer ; en 1868 au mariage de sa fille, sa signature est celle d'une femme affranchie.
signature de Roze au mariage de sa fille
archives mariage 1868 Paris 14 acte 615
La vie de la famille pendant la Commune
En 1871, Roze a un emploi de blanchisseuse, profession d'un bon nombre de femmes des classes populaires, et Justin Vincent est menuisier. Ils demeurent 64 chaussée du Maine Paris 14ème.
Elle était de ces femmes qui s'opposèrent à ce que les troupes de Thiers s'emparent des canons appartenant aux parisiens. Elle espère une amélioration des conditions de vie du monde ouvrier.
C'est donc tout naturellement qu'elle participe à la journée du 18 mars,
premier jour de l’insurrection active (la Commune sera proclamée le 28
mars). Petite femme de 42 ans aux cheveux blancs, elle est sur les
barricades, drapeau rouge à la main.
Arrêtée, Rose est emprisonnée à Versailles et transférée à la prison d’Arras le 18 novembre 1871. Le 28 février 1872, elle est transférée à Versailles suite à une ordonnance de non-lieu.
Le 22 novembre 1871, son fils Jean Baptiste est condamné pour vol et effraction à huit ans de travaux forcés, il est domicilié chaussée du Maine. En 1874, il est de nouveau condamné à 5 ans de travaux forcés pour tentatives d'évasion. Il décède à Païta en Nouvelle-Calédonie le 12 juin 1884.
Roze décède le 23 février 1880 à l'âge de 49 ans à son domicile au 102 avenue du Maine.
Son mari décède le 30 janvier 1881 à Paris 14.
La commune de Baraize pendant la Commune de Paris
Au moins 9 natifs de Baraize ont été arrêtés pendant la Commune de Paris. Les huit hommes font partie de la Garde nationale, six d'entre eux sont maçons.
Un reviendra à Baraize le 30 mars 1871 porteur d'une carte de la société garibaldienne. Il proclamait, selon la justice, que « la Commune de Paris allait faire mettre à mort tous les prêtres et que lui-même se chargerait du curé de Baraize dans le domicile duquel il essaya deux fois de pénétrer ».
Pour ces propos, il fut condamné par le Tribunal de la Châtre le 21 avril 1871 à 4 mois de prison.
Lors d'une session extraordinaire du 2 avril 1871, le conseil municipal vote une adresse en faveur du gouvernement de Versailles mais deux conseillers n’y apposent pas leur signature, signe du temps à venir.
Lucette Lecointe
1 Le Temps du 28/09/1863, Le petit journal du 4/10/1863
Archives départementales de l'Indre
Archives départementales de Paris, archives reconstituées de Paris
Archives ANOM, Nouvelle-Calédonie dossier individuel des condamnés aux bagnes matricule 4746 réf FR ANOM COL H 386
Registre écrou maison d'arrêt et de correction d'Arras préfecture du Pas de Calais
Registre des délibérations du Conseil municipal de Baraize
Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant".
Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin vaillantise."
Vierzon
Désormais dernière Maison de la presse à Vierzon |
Photo: http://vierzonitude.fr.over-blog.com/2018/10/la-librairie-presse-du-mouton-dernier-specimen-d-une-espece-presque-eteinte.html |
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).
Châteauroux
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