28 mars 1882
ENSEIGNEMENT LAIQUE ET OBLIGATOIRE
Paul Bert, l'un des artisans les plus crédibles,
avec Edouard Vaillant bien sûr,
de l'enseignements laïque, gratuit et obligatoire en France.
sur : PAIX INTERNATIONALE
Signé Vaillant
Le Parti socialiste et le prolétariat organisé sont les seules forces efficaces de la paix internationale.
28 mars 1882 :
l'enseignement en France, déjà gratuit, devient laïque et
obligatoire.
Même jour, autre année.
1859 : Urbain Le Verrier reçoit une lettre de l'astronome amateur Edmond Modeste Lescarbault qui affirme avoir observé une nouvelle planète,Vulcain.
1871 : l'installation du Conseil de la Commune à l'hôtel de ville, moment de cérémonie populaire grandiose où la Commune est proclamée.
Les lois éducatives de 1881-1882
Outre la volonté d'inculquer aux jeunes français un patriotisme fervent, Ferry avait comme ambition de freiner la progression des idées socialistes voire anarchistes, qu'il a eu l'occasion de combattre lors de la Commune de Paris. Ainsi lors d'un discours au conseil général des Vosges en 1879, il déclara : « Dans les écoles confessionnelles, les jeunes reçoivent un enseignement dirigé tout entier contre les institutions modernes. […] Si cet état de choses se perpétue, il est à craindre que d'autres écoles ne se constituent, ouvertes aux fils d'ouvriers et de paysans, où l'on enseignera des principes totalement opposés, inspirés peut-être d'un idéal socialiste ou communiste emprunté à des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871. »
Ces lois, déjà appliquées sous la Commune, sont retardées pendant une décennie par Ferry, qui remet, immédiatement après la répression, l’enseignement aux mains des congrégations, en tant que maire de Paris et responsable de la Seine. On a cru bon, et jusqu’à son ancien président, de contester le titre de "loi Veil" au prétexte que celui qui est en poste au moment de la loi n’en est pas forcément à l’origine ni le principal artisan. Elle me semble pourtant beaucoup plus légitimement lui revenir que les lois de 1881-1882 à Jules Ferry, républicain opportuniste et conservateur qui n'a fait qu'attendre des circonstances électoralement favorables, lesquelles ne pouvaient que lui valoir l'encouragement de ses supérieurs…
Paul Bert.
De nombreuses voies publiques et établissements scolaires portent le nom de Paul Bert. Il a laissé sa marque dans trois domaines : l'Instruction publique, les cultes, et les colonies. Il a été député de l'Yonne de 1872 à 1876, ministre de l'Instruction publique et des Cultes du gouvernement Gambetta du 14 novembre 1881 au 30 janvier 1882, et le premier Résident général au Tonkin et en Annam en 1886.
Paul Bert a été avec Jean Macé le père fondateur de l'école gratuite, laïque et obligatoire (par exemple, loi du 9 août 1879 imposant la création d'au moins une École normale de garçons mais aussi de filles par département, pour la formation des « hussards noirs »). Il s'attacha spécialement à la scolarisation des enfants et des jeunes filles, et rédigea plusieurs ouvrages d'enseignement scientifique d'une grande valeur pédagogique, mais dans lesquels il exprimait – et par lesquels furent diffusées – ses idées concernant la supériorité de la race blanche. Ministre des Cultes, il se consacra à la lutte contre le cléricalisme. Il a été membre de plusieurs sociétés de libres penseurs dont la plupart se sont créées au début des années 1880. Il publia en 1881 un manuel d'instruction civique de coloration nettement anticléricale, qui fut mis à l'index par l'Église. Paul Bert fut membre fondateur et vice-président jusqu'à sa mort de l'Union de propagande démocratique anticléricale.
Les funérailles nationales civiles de Paul Bert ont provoqué un scandale chez les catholiques.
Libre-penseur et positiviste, fidèle à la devise «Ni Dieu, ni maître, à bas la calotte et vive la Sociale», Paul Bert opposait la science à la religion. Il considérait en effet que ces deux systèmes de valeurs et de croyances étaient antagonistes. Il écrivait : « Avec la science, plus de superstitions possibles, plus d'espérances insensées, plus de ces crédulités niaises, de ces croyances aux miracles, à l'anarchie dans la nature. »
Jules Grévy et son président du Conseil Charles de Freycinet
Le 9 août 1879 est votée la « loi Paul Bert », qui crée des Écoles normales : elles forment désormais les professeurs dans un cadre et une idéologie républicaine. Le président soutient les mesures anticléricales de ses ministres, notamment contre les congrégations religieuses. Le président du Conseil Charles de Freycinet est ainsi fortement opposé à l'Église. Le 15 mars 1880 passe la loi de Jules Ferry, qui réforme le Conseil supérieur de l'Instruction publique et qui exclut de fait les ecclésiastiques en ne réservant les places qu'à des professeurs. Trois jours plus tard, une autre loi retire le droit aux universités catholiques de porter le nom de « faculté », ceci dans le but d'attirer les étudiants dans les universités laïques. Mais le coup le plus important porté à l'influence de l'Église sur la religion a lieu le 29 mars, alors qu'une loi interdit aux congrégations non autorisées d'enseigner, en amenant certaines comme les Jésuites à quitter la France.
Jean Macé
Enseignant, il a l’idée d’écrire pour les enfants des ouvrages de vulgarisation scientifique comme L’Histoire d’une bouchée de pain, lettres à une petite fille sur nos organes et nos fonctions, publié en 1861 et qui connaît un grand succès. Il écrit alors des articles dans L'Économiste français, hebdomadaire économique fondé en 1862 par Jules Duval (1813-1870).
Il œuvre pour l’instruction des masses en fondant Le Magasin d'éducation et de récréation en 1864 avec l'éditeur Pierre-Jules Hetzel, puis en créant la Ligue de l'enseignement en 1866 qui se bat pour l’instauration d’une école gratuite, obligatoire et laïque. C'est à cette époque qu'il se lie d'amitié avec l'officier Louis-Nathaniel Rossel (futur délégué à la guerre de la Commune de Paris), partisan de l'éducation des classes ouvrières, puis Maurice Berteaux, député de Seine-et-Oise.
Buste de Jean Macé. |
Paris - Proclamation de la Commune sur la place de l'Hôtel
de ville,
Le Monde Illustré, N° 730, 8 avril 1871.
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Et puis on ne peut pas évoquer la date du 28 mars sans s'arrêter à la cérémonie grandiose d'installation de la Commune, cérémonie à laquelle assista bien sûr Vaillant, et qui met en valeur le communard berrichon Gabriel Ranvier. En voici une relation particulièrement bien sentie, paradoxalement le fait d'un historien peu suspect de sympathies excessives pour a Commune, qui s'appuie sur les souvenirs de Maxime Vuillaume.
Les omnibus, les fiacres, le public circulaient sans se préoccuper de la nouvelle émeute. Il ne s'agit pourtant pas d'une émeute, mais d'une révolution! Et qu'elle semble belle cette révolution en cet après-midi chaud et ensoleillé du mardi 28 mars qui va voir la proclamation de la Commune ! Tout le peuple de Paris, tout le Paris artisanal, ouvrier, boutiquier, intellectuel « avancé ›› est là, devant l`Hôtel de Ville, criant sa joie, chantant, s'embrassant. La place de Grève, la rue de Rivoli sont chatoyantes d'uniformes, de drapeaux, de robes claires. Des musiques essayent, de tous leurs cuivres, de dominer le tumulte. Tout à coup, un immense silence plane. Sur l’estrade claquante de banderoles qui a été construite devant le porche de l`Hôtel de Ville, une centaine d’hommes font leur entrée, l’écharpe rouge en sautoir. Ce sont les membres du comité central - celui-ci va disparaître - et des nouveaux élus, les nouveaux membres de la Commune de Paris. Le maire de Belleville, Gabriel Ranvier, s'avance et crie d'une voix claire :
« Au nom du peuple, la Commune est proclamée ! ››
Une immense ovation monte de la place, des applaudissements frénétiques crépitent. On se montre du doigt les militants au teint blafard - le teint des prisons -, ces journalistes, ces tribuns qu'on allait entendre presque religieusement, dans les salles obscures et enfumées de petits cafés, que la police envahissait parfois... Ils sont tous là. Dans la foule, près de Maxime Vuillaume, se trouve un homme on costume de garde national. Sa femme tient par la main un gosse de 3 ou 4 ans. L’homme explique:
« Tiens, vois-tu ce grand barbu avec ses gros yeux et son épaisse chevelure grisonnante ? C’est Félix Pyat, dont nous avons le portrait, chez nous. Cet autre, à la barbe blanche, aux traits fatigués, au visage sévère, C’est Delescluze. Ce grand diable qui est debout, avec un képi de commandant, c'est Protot, le défenseur de Mégy au procès de Blois. Cet autre, aux longues moustaches tombantes, Clément, tu sais, celui qui a fait Le Temps des cerises. Ah ! ce que ça va marcher, avec ces bougres-là ! ››
La femme écoute, « l’oeil allumé d`une bonne flamme ››.
« Hausse donc le petit, qu'il voie aussi, le mioche ! ››
Soudain, ses yeux se fixent sur un coin de l’estrade.
« Voilà le meilleur ! Tiens, tu le vois, assis, avec sa bouche en lame de couteau, ses lèvres minces, ses yeux profonds - Comme il a souffert ! Toute sa vie en prison. Je te ferai lire cela. Sa femme est morte pendant qu'il était au Mont-Saint-Michel. Un vrai martyr : le citoyen Blanqui.
- Vous vous trompez, citoyen, intervient Vuillaume. Ce n'est pas Blanqui que vous voyez. Il a été arrêté chez son neveu, dans le Lot. Il est en ce moment dans la prison de Figeac. ››
« Et je vis, raconte Vuillaume, comme un voile de tristesse éteindre subitement le visage joyeux de tout à1`heure. ››
André Castelot
Historia numéro spécial Paris n° 38 décembre 1995
Gabriel Ranvier à Londres vers 1875.
Collection particulière.
Vaillant, pendant ce temps-là...
Vaillant est à Paris. Il a 42 ans.
Pendant la Commune, en tant que délégué à l'instruction publique, il met en place un enseignement gratuit, laïc et obligatoire (autant que le permettent les circonstances exceptionnelles auxquelles il est confronté), pour les garçons comme pour les filles. Voilà deux ans qu'il est rentré en France après l'exil londonien. Depuis Vierzon, sa ville natale, il réorganise les mouvements socialistes dans le département du Cher. Dans deux ans, il sera conseiller municipal à Paris.
Pendant la Commune, en tant que délégué à l'instruction publique, il met en place un enseignement gratuit, laïc et obligatoire (autant que le permettent les circonstances exceptionnelles auxquelles il est confronté), pour les garçons comme pour les filles. Voilà deux ans qu'il est rentré en France après l'exil londonien. Depuis Vierzon, sa ville natale, il réorganise les mouvements socialistes dans le département du Cher. Dans deux ans, il sera conseiller municipal à Paris.
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