CONCORDANCE DES TEMPS Les conditions de travail |
1er juin 1885
VICTOR HUGO AU PANTHEON
sur : TRAVAILLEUR
Signé Vaillant
Nous voulons que, cessant d’être divisé en capitalistes et salariés, la nation ne soit plus formée que de travailleurs à qui revienne tout le produit de leur travail.
1er juin 1885
: Victor Hugo au Panthéon
Même jour, autre année.
Les funérailles de Victor-Hugo
Marc Bressant, grand prix du roman de l’Académie française, fait revivre cet événement
Moment historique, les funérailles de Victor Hugo, le 1er juin 1885, rassemblèrent deux millions de personnes de toutes parts. Les délégations de provinces de France et d’ailleurs se multiplièrent aux abords du chemin menant au Panthéon emprunté par le corbillard des pauvres dans lequel souhaitait reposer l’écrivain académicien. Marc Bressant, auteur du livre Les funérailles de Victor Hugo, raconte le souvenir vibrant de cette journée si particulière.
Les funérailles de Victor Hugo en 1885 restent la plus grande manifestation de tous les temps à Paris. Elles ont marqué le véritable baptême de la III è République et l'avènement de la laïcité en France. Victor Hugo meurt le vendredi 22 mai 1885 au début de l’après-midi. Pour la foule immense massée devant son domicile et qui suivait depuis plusieurs jours avec anxiété l’évolution de sa maladie, c’est la consternation. Les sénateurs et les députés décident que les obsèques seront nationales et que l'académicien sera inhumé au Panthéon qui est rendu pour la circonstance à une vocation civile. La date des funérailles est fixée au lundi 1er juin.
Marc Bressant, auteur du livre Les funérailles de Victor Hugo, fait revivre cette journée emblématique à travers les souvenirs de sa grand-mère Madeleine. « Tu te souviendras de cette journée et tu la raconteras à tes enfants et à ceux qui viendront après » ordonna son père à la petite Madeleine, huit ans. Bien des décennies plus tard, il nous raconte à son tour la cérémonie en témoin. Pour lui, aucun doute, il y était.
Un subtil va et vient entre les époques et entre les mémoires donne tout son relief au récit et permet au lecteur de se réapproprier cet événement fondateur. Ce fameux dimanche, la dépouille mortelle est déposée sous l’arc de triomphe dont l’ordonnancement a été confié à Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra. Un crêpe noir le voile obliquement. Des cuirassiers à cheval veillent toute la nuit le catafalque immense, dressé en son centre et surmonté des initiales VH.
Ce sont deux millions de personnes qui convergent vers le lieu des obsèques.
Les témoins de cet événement savent qu’il est et demeurera unique
dans l’histoire.
Le cercueil de Victor Hugo est dans le caveau XXIV, rejoint par la suite par ceux d'Émile Zola en 1908 et d'Alexandre Dumas en 2002.
Quand Victor Hugo meurt le 22 mai 1885, un comité est chargé d'organiser les obsèques que le gouvernement décide nationales. Ce comité comprend d’illustres noms, comme Renan, Charles Garnier, Auguste Vacquerie, ami proche du défunt, et Michelin, président du conseil municipal de Paris, alors dominé par la gauche radicale. Il propose d’inhumer Hugo non pas au Père-Lachaise, mais au Panthéon. Depuis 1876, les républicains rêvaient d'en rétablir sa destination laïque. Mais le projet voté par la chambre, en 1881, avait été repoussé par le Sénat. Seule la célébrité de l’auteur des Misérables l’impose brutalement. Jules Grévy, président de la République, décide alors de rendre au Panthéon son statut de temple républicain.
CONCORDANCE DES TEMPS
Se tuer au travail, au sens propre
Actualité cinématographique
Actualité législative
A l'assemblée nationale
Burn-out : Benoît Hamon veut l'inscrire comme maladie
professionnelle
par Hugo Septier
Benoît Hamon, avec le soutien de 30 députés, présente à
l'Assemblée Nationale trois amendements qui devraient permettre au burn-out
d'être reconnu comme une maladie professionnelle.
Accompagner l'évolution du monde du
travail
Ce sont trois amendements qui
seront déposés par Benoît Hamon en compagnie de 30 autres députés afin de
protéger les employés susceptibles d’être touchés par le burn-out. Selon
l’ancien ministre de l’Education Nationale, interrogé par le quotidien Libération,
si ce phénomène apparaît aujourd’hui, c’est « parce que les entreprises sont à
la croisée de plusieurs bouleversements » .
Parmi eux, il est mis en avant « l’irruption des nouvelles technologies, la prise de pouvoir des actionnaires et les exigences court-termistes ». Le monde du travail évolue, c’est un fait, en revanche l’accompagnement des employés au sein même de l’entreprise doit lui-aussi se mettre au niveau.
Parmi eux, il est mis en avant « l’irruption des nouvelles technologies, la prise de pouvoir des actionnaires et les exigences court-termistes ». Le monde du travail évolue, c’est un fait, en revanche l’accompagnement des employés au sein même de l’entreprise doit lui-aussi se mettre au niveau.
Mais alors, que changerait la
reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle ? Actuellement, une
personne victime de burn-out est considéré en dépression nerveuse et pris en
charge par le régime général de la Sécurité Sociale. Si le burn-out était
reconnu comme maladie professionnelle, l'employé serait pris en charge par la
branche professionnelle, financée à 97 % par les cotisations des entreprises.
Une opportunité pour l'Assurance maladie d’alléger certaines dépenses. L’un des
objectifs premiers est donc ici de faire prendre conscience aux entreprises du
rôle qu’elles ont à jouer, et ce, même si cela signifie les « frapper au
porte-monnaie », comme le rappelait Benoît Hamon ce matin sur l' antenne de France
Info.
Reste que, la définition même de
burn-out reste encore assez floue. Benoît Hamon ne souhaite pas mélanger le
burn-out lié au travail et celui lié à un épuisement général, le plus souvent
provoqué par de nombreux facteurs extérieurs.
«Il faut avancer sur cette définition, sur laquelle patronat et syndicats ne parviennent pas à s’entendre. » Nul doute que les discussions parlementaires auront pour but de créer un cadre strict et précis afin de mieux appréhender la maladie.
«Il faut avancer sur cette définition, sur laquelle patronat et syndicats ne parviennent pas à s’entendre. » Nul doute que les discussions parlementaires auront pour but de créer un cadre strict et précis afin de mieux appréhender la maladie.
3 millions d'employés concernés en
France
En 2013, seuls 239 patients ont vu
leur pathologie reconnue après le dépôt d’un dossier au comité régional de
reconnaissance des maladies professionnelles, une démarche fastidieuse et
rarement couronnée de succès. La reconnaissance en tant que tel par l’Assemblée
Nationale faciliterait grandement les choses pour les personnes atteintes, qui
seraient considérées de facto comme patients à prendre en charge.
En France, près de 3 millions de
salariés sont menacés par l’épuisement professionnel. Tout récemment, le
cabinet Technologia publiait un rapport concernant les professions les plus touchées par le burn-out. Si les agriculteurs
sont bien plus enclins que les autres à subir l’épuisement professionnel, les
employés sont également bien placés dans ce classement.
Avec Vaillant
Nous sommes le 11 mars 1912.
Voilà
Vaillant qui monte à la tribune de la Chambre des députés.
Il a derrière lui une longue expérience de
près de trente ans de responsable de ce qui fut, quand il y fut élu, le
quartier le plus défavorisé de Paris, le Père-Lachaise, dans le 20e
arrondissement. Pendant près de dix ans, en tant que conseiller municipal,
pendant près de vingt ans ensuite, en tant que député, il a amélioré autant
qu’il était possible, et même au-delà vu le contexte de l’époque, les
conditions de vie et de travail des habitants, s’occupant aussi bien des
questions de voirie et d’assainissement que de la législation ouvrière, en
passant par les problèmes de santé. Sachant à qui il s’adresse, en bon stratège
de l’argumentation, il va plaider pour une amélioration des conditions de
travail en montrant que les conditions actuelles sont préjudiciables aux intérêts
des employeurs eux-mêmes.
Il ne s'agit plus seulement de
rechercher les conditions de la productivité qui s'accordent et s'équilibrent
avec le respect des forces organiques de l'ouvrier, il s'agit de considérer cet
ouvrier non seulement en tant que simple agent de travail, mais en tant que
moteur humain, que personne humaine, devant agir, se mouvoir dans les
conditions qu'on peut demander à un organisme, et de telle façon que cet
organisme ne soit ni altéré, ni endommagé, qu'il soit au contraire favorisé
dans son développement et sa santé.
Eh bien, pour employer ce
moteur, et pour l'employer de façon humaine, il faut connaître les conditions
physiologiques du travail. Or, le moteur humain se distingue d'un autre
moteur en ce sens que, par son fonctionnement même, il modifie le mode de son
activité. Il se fatigue et il ressent cette fatigue. Il est caractérisé par ce
fait qu'au fur et à mesure qu'il travaille, son aptitude au travail diminue, et
cette aptitude au travail peut arriver, la fatigue survenant, à devenir
tellement réduite que c'est une loi propre à l'organisme d'échapper à cette
fatigue par une réduction spontanée ou une cessation de l'effort.
Mais, il faut considérer que ce
n'est pas dans ces conditions-là et spontanément que l'ouvrier peut échapper à
l'effort qui le tue. Il faut que ce soit par les conditions du travail
qu'il aura obtenues. Et c'est pour cela que nous poursuivons la réduction de
durée et d'intensité du travail et voulons l'inscrire dans la loi.
En effet, messieurs, toutes les
fois qu'un muscle travaille, qu'un appareil musculaire est en fonction, il y a
suractivité des réactions chimiques internes. Cette suractivité, produite par
le travail, se manifeste physiologiquement par une prédominance des phénomènes
de désassimilation sur ceux d'assimilation qui, dans le muscle, donnent lieu au
phénomène et à la sensation de fatigue. Si le travail continue, les déchets
augmentent, et, le repos ne survenant pas, ils sont, par le courant
circulatoire, répandus dans l'organisme. Ce n'est plus une fatigue locale
qu'éprouvé l'ouvrier, c'est une fatigue générale.
Supposons qu'au lieu de trouver
dans le repos le moyen de neutraliser et d'éliminer ces déchets organiques,
l'ouvrier continue à travailler. La fatigue, les déchets s'accumulent et amènent
un état de surmenage qui peut se terminer par la maladie et par la mort. Ce
sont ces conditions dont il faut tenir compte. Il ne faut pas que la fatigue
dépasse une certaine limite, et ici, nous sommes amenés à rechercher quelle est
cette limite physiologique qui ne doit jamais être dépassée.
Nous pouvons dire qu'il y a une
limite physiologique absolue qui, à aucun prix ne doit être dépassée, si l'on
veut éviter l'entrée dans l'organisme d'une fatigue productrice de morbidité ne
pouvant pas être réparée dans les conditions normales. (Très très bien! à
l’extrême gauche et sur divers bancs.)
La limite physiologique absolue est
celle où commence, dans une journée de travail, une fatigue qui ne pourrait pas
être réparée, éliminée par le repos de la nuit. Dans ce cas, sa fatigue n'étant
pas réparée par le repos de la nuit, l'ouvrier commencerait, déjà fatigué, son
travail le lendemain, et l'accumulation de fatigue se produirait. Si les
conditions du travail n'étaient pas changées, cette fatigue deviendrait telle,
que lorsque arriverait le jour du repos hebdomadaire ce repos ne pourrait la
réparer qu'en partie. La fatigue s'accumulant de semaine en semaine,
l'ouvrier arriverait à un état de dépression, d'absence de résistance qui en
ferait la proie de toute espèce d'affection contagieuse ou autre. Ceci est
indubitable.
Le fait même qu'il ne faut pas
dépasser cette limite physiologique absolue dont je parle montre qu'il est de
toute prudence, de toute nécessité, au point de vue de l'hygiène, de ne jamais
dépasser la limite hygiénique qui est fort en deçà de ce maximum absolu. (Applaudissements
à l'extrême gauche.)
Il y a à la vitesse des mouvements
du travail une limite qu'il ne faut pas dépasser.
C'est ainsi que Maggiora en Italie
et Richet et Broca en France ont montré dans quelles conditions, grâce à un
rythme normal, à des intervalles de repos séparant les mouvements successifs» le
muscle était capable de produire une quantité de travail beaucoup plus grande
qu'il n'en donne si, sa fatigue croissant, ces intervalles de repos se
réduisent, disparaissent. Le travail peut donc être réglé de telle façon que le
moteur humain puisse donner son maximum d'énergie, son maximum d'effet et de rendement,
sans pour cela se détériorer en rien. Mais il importe de ne pas aller
jusque-là. (Très bien! Très bien! à l'extrême gauche.)
Cette condition de détérioration
par la fatigue, et de morbidité du moteur humain est pour nous la question
principale et nous oblige à réduire le travail en durée et intensité dans les
limites imposées par l'hygiène.
Non seulement il y a un rapport
d'équilibre qui permettrait un plus grand rendement avec un emploi plus ménager
des forces ouvrières, mais nous disons que cet emploi ménager de l'organisme
ouvrier et des forces ouvrières poussé jusqu'au respect de leur intégrité, est
pour nous la réforme capitale. C'est celle que nous voulons réaliser, parce que
l'ouvrier est un homme et qu'il a le droit de protester, de se rebeller contre toute
tentative d'homicide, fût-elle sous forme de travail pour le profit de son
patron. (Très bien! Très bien! à l’extrême gauche.)
J'ai dit que les repos sont indiqués à certaines heures. Il y
a eu des déterminations industrielles de ces indications. Ainsi, un repos qui a
lieu dans une journée de huit heures, après les deux premières heures de la
matinée et avant les deux dernières - et même pour l'après-midi - ce repos ne
fût-il que de vingt-minutes ou d'une demi-heure, suffit à réduire en grande
partie la fatigue des deux premières heures.
Au milieu de la journée, le repos d'une heure et demie
est insuffisant... Il faut un repos de deux heures à midi pour couper la
journée.
Ainsi, en grande partie, la fatigue
disparaît et, dans ces conditions, le tableau change complètement. L'ouvrier,
au lieu de revenir fatigué à son travail, au commencement de l'après-midi
arrive dispos, en possession de sa force, il donne une meilleure production et
fait du bon travail. Il n'est pas obligé de réduire spontanément sa production
pour diminuer sa fatigue. (Très bien! Très bien! à l’extrême gauche.) Et
quand il arrive, après une journée ainsi établie, à la nuit, il est peu ou point
sensiblement fatigué, et le repos de la nuit efface toutes ses traces de
fatigue et lui restitue, pour le travail du lendemain, l'intégrité de sa force.
Voilà les conditions hygiéniques
qu'il faut établir. Loin de réduire la productivité, elles la maintiennent
au moins, si elles ne l'augmentent pas. Et si ces conditions étaient réalisées,
non pas individuellement, mais d'une manière générale, le travail national
total serait augmenté dans des proportions considérables. (Applaudissements
à l’extrême gauche.)
1er juin 1885 : Victor Hugo au Panthéon
Vaillant, pendant ce temps-là...
Vaillant a 45 ans. Il est conseiller municipal depuis 1 an. Et Boulanger ne le séduit pas du tout, tant s’en faut. Il voit en lui un personnage dangereux, un fauteur de guerre, un ennemi de la République et du prolétariat. Comme Bismarck, mais évidemment d’un tout autre point de vue, il redoute une dictature militaire en France. Tout comme Félix Pyat, autre Vierzonnais et autre Communard.
La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national.
(Jean Jaurès)
Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.
(Vaillantitude)
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