jeudi 29 janvier 2015

1912 VOTE DES FEMMES RECLAME


29 janvier 1912

VOTE DES FEMMES RECLAME

Séverine, née Caroline Rémy






QUELQUE CHOSE

                                                                       sur :  VOTE




Signé Vaillant 









Demain la population de Paris viendra confirmer de son vote l’expression de sa volonté, si ouvertement manifestée le 18 mars par l’expulsion d'un pouvoir provocateur qui semblait n’avoir d'autre but que d'achever l’œuvre de ses prédécesseurs et de consommer ainsi par la destruction de la République la ruine du pays.
                                                                                               (25 mars 1871)




29 janvier 1912 (Paris)  : Une délégation menée par Marguerite Durand et Séverine se rend au Palais Bourbon pour obtenir le vote des femmes.










Séverine
Secrétaire-journaliste de Jules Vallès, directrice du Cri du Peuple, chroniqueuse vedette de La Fronde, journal géré et écrit par des femmes, surnommé "Le Temps en Jupons". Cette grande amoureuse, anarchiste mais fille d'un employé de la préfecture de police, pionnière, courageuse, qui écrivait : « J’aime l’indépendance de l’adversaire autant que la mienne propre ; je conçois que le cerveau du voisin ne soit pas moulé sur le mien. » Qui, lorsqu'on lui demandait si elle était franc-maçonne, répondait "Tout rite m'écarte". Qui, adhérente des premiers jours au Parti communiste le quitte peu après quand le Parti refuse d'adhérer aux Droits de l'Homme". Et qui proclamait : « Moi une rosette sur la poitrine ? Mais la nature m’en a déjà donné deux ! »

 En 1885, à la mort de Jules Vallès dont elle fut la secrétaire,
Séverine reprend le journal qu’elle dirigera encore pendant trois ans, luttant sans relâche contre l’influence de Jules Guesde, sectaire et tranchant, qu’elle surnommera le « pharisien social ». L’une des crises les plus féroces naît autour du procès d’un anarchiste, Clément Duval (janvier 1887), une sorte de théoricien du principe d’Arsène Lupin : reprendre aux riches ce qu’ils ont pris aux pauvres. Séverine le soutient, sans adhérer totalement à ses idées et, choisissant la voie de l’anarchisme contre celle de l’idéologie, se voit en prise avec la vindicte de Guesde, qui part fonder La Voie du Peuple, d’une violence si extrême qu’il ne convainc personne et disparaît assez vite. Séverine ose écrire à l’époque ce qui devrait rester l’adage de bien des journalistes : ma pensée demeurait indécise, mon jugement demeure incertain. » 
Autre scandale : Interviewée par Arthur Meyer, elle reconnaît préférer le Général Boulanger, ministre de la guerre, à Jules Ferry (fautif à ses yeux de l’aventure coloniale, en particulier du Tonkin) et elle se laisse embaucher dans son journal « réactionnaire », Le Gaulois, sous le pseudonyme de Renée - tandis qu’elle signe Jacqueline au Gil Blas. Mieux encore : Dans un jeu de billard plein d’esprit, Renée et Jacqueline écrivent sur Séverine. Renoir achève son portrait. C’est cette même année 1888 que, par l’intermédiaire du député du Vaucluse maître Laguerre, elle fait la connaissance de Marguerite Durand, qui est l'épouse de ce dernier. Coup de foudre intellectuel entre les deux femmes ! Séverine décrit Marguerite, sur ce ton de complicité féminine sans ambiguïté où la beauté fait partie des attraits et atouts reconnus par une femme à une autre femme : « Fine créature mince comme un jonc, au teint à peine rosé, […] nimbée d’un or si pâle et de fils si ténus qu’on eût cru une chevelure de jeune enfant, les yeux couleur de ciel, toute de grâce et de fragilité ! » Marguerite a 9 ans de moins et Séverine se plaît à jouer les aînées, avec tendresse et protection. Et c’est ce qui explique en grande partie l’affaire du ralliement à Boulanger, ce populiste que défend L’Intransigeant de Rochefort, ou le député du Vaucluse  M. Naquet, celui de la loi sur le divorce.
Le ralliement de Séverine au boulangisme, avec un article pourtant fort réservé du 9 janvier 1888 provoque sa démission du Cri du Peuple en août 1888 : le journal ne lui survivra qu’un an jusqu’au 10 juin 1889. Et pourtant, là encore, on l’accuse de méfaits tout autres : ne voilà-t-il pas qu’elle distingue le peuple de la foule et précise, mettant déjà en garde Boulanger : « Général, vous avez avec vous la population, cette masse irrésolue et flottante qui crie vive celui-ci, vive celui-là. […] Mais c’est la foule, cela, ce n’est pas le peuple. » Car Séverine déjà aime les gens, au fond de toute origine, le peuple, elle n’aime ni les hordes, ni les sectaires. On le lui fait payer cher. C’est l’élection de Boulanger à la Chambre, sa marche triomphale, même Lafargue écrit à Engels que Boulanger fait figure de « l’homme du peuple par opposition à Ferry », la fondation du journal La Cocarde (ainsi baptisé par Séverine), avec pour symbole l’œillet rouge qu’elle porte à la boutonnière et qui devient l’œillet du ralliement. Refusant de marcher sur l’Elysée, Boulanger loupe le coche, est condamné à mort par contumace à Paris tandis qu’il s’exile à Bruxelles avant de se tuer sur la tombe de sa maîtresse. 


  
1897 : La Fronde
La fondatrice de La Fronde, Marguerite Durand, que l’on surnommait en 1888, quand Séverine la rencontra, « la muse du boulangisme », était née le 24 janvier 1864. Enfant illégitime, comme George Sand, comme Flora Tristan (1804-1844), comme Louise Michel (1830-1905), élevée au Couvent des Dames Trinitaires, elle était entrée à la Comédie Française, où elle jouait les ingénues. Puis elle avait épousé Laguerre, ce brillant député, partisan du Général Boulanger. "La muse du boulangisme" avait publié alors quelques papiers dans le journal de son mari, La Presse puis était entrée au Figaro, où elle avait créé la rubrique "Courrier". 


En 1914, elle tourne en faveur des suffragettes, auxquelles s’oppose l’antiparlementaire Colette, Sarah-Bernhardt ou Mistinguett qui déclare « Je m’en fous ! », et pour lesquelles se prononcerait la duchesse d’Uzès rappelant toutefois que Mme de Sévigné siégea aux Etats de Bretagne. 
Farouche pacifiste, elle condamne le gouvernement d’Union Sacrée, composé de ministres issus aussi bien de la gauche que de la droite et célèbre la paix en ces termes : « On sait que tu as la saveur des fruits, le parfum des fleurs, le goût du froment, l’éclat des roses, l’or du soleil et la douceur des nuits – puisque rien de tout cela n’est plus et que tu n’es plus là. Tu portes en toi tout le bienfait : le calme du sommeil, la sécurité de l’amour, la solidité du toit et du foyer. ». 



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Séverine s'investit également dans la défense de la cause féminine, réclamant le droit de faire des études, de travailler, de divorcer et d'avorter. Et, bien que libertaire et réfractaire au vote, elle finit par s’engager aux cotés des Suffragettes.

Lors de l’affaire Dreyfus, elle couvre le procès qui se tient à Rennes en 1898 aux cotés du journaliste Bernard Lazare, d’Emile Zola et de Jean Jaurès. Séverine milite pour l'abolition de la peine de mort depuis longtemps.
En 1914, elle condamne l’Union Sacrée et prône la grève des ventres. A quoi sert-il de faire des enfants si c’est pour les envoyer au front à 20 ans. 



http://historizo.cafeduweb.com/lire/11390-severine-vie-combats-une-frondeuse.html

Auguste Renoir, Portrait de Séverine.




 Manifestation des suffragettes, en présence Mme Séverine (en tête du cortège).











Sur Marguerite Durand



En 1914, La Fronde reparaît pour quelques numéros, entre le 17 août et le 3 septembre. Même si elle considère que féminisme et pacifisme sont étroitement liés, Marguerite Durand incite les femmes à participer à l'effort de guerre, exprimant son espoir que les responsabilités assumées par les femmes en l'absence des hommes appelés au front, leur permettront de bénéficier de droits nouveaux. Sa déception est au rendez-vous de l'armistice. Déception aussi en ce qui concerne la reconnaissance du droit pour les femmes de choisir librement le temps de leur maternité : avortement et propagande anticonceptionnelle sont interdits par la loi du 31 juillet 1920.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_Durand_%28f%C3%A9ministe%29



Marguerite Durand en 1910.







Vaillant pendant ce temps-là...


Vaillant a 72 ans, et c'est même aujourd'hui son anniversaire. Il est député de Paris et il lui reste trois ans à vivre, certainement les plus difficiles de son existence. Avec Jaurès, il a milité contre la montée du militarisme. Après la mort de Jaurès, qui se produira deux ans plus tard dans les circonstances que l'on connaît,  il est effondré. Une fois  la guerre devenue inévitable, conformément au patriotisme dont il a toujours fait preuve au moins depuis la Commune, il prône la résistance à l'invasion allemande.










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