lundi 5 janvier 2015

1895 DEGRADATION DE DREYFUS

5 janvier 1895
DEGRADATION PUBLIQUE DU CAPITAINE DREYFUS




La dégradation d’Alfred Dreyfus, le 5 janvier 1895. 
Dessin d'Henri Meyer en couverture du Petit Journal 
du 13 janvier 1895, légendé « Le traître ».












RIEN ENCORE

Peut-être plus tard quelque chose sur :  XENOPHOBE




 étant donné 

 l’attitude des blanquistes rochefortiste, ex-membres du CRC (Comité Révolutionnaire Central)  de Vaillant, scandalisés, étant violemment anti-dreyfusards, par la position de Vaillant dans le camp adverse. 
Ils lui opposent un candidat aux législatives de 1898, lui reprochant surtout d’être dreyfusard, c’est-à-dire, selon Rochefort, « Prussien de l’intérieur comme un Prussien est un dreyfusard du dehors. » 
Ce n’est pas la seule fois que ses attaches privilégiées avec l’Allemagne seront utilisées comme arguments par les adversaires de Vaillant pour tenter de légitimer leur haine contre lui. 
Exemple : l’imprimeur belliciste Charles Rousseau, rue de Bagnolet, aux élections législatives de 1898, en pleine affaire Dreyfus. Expressions employées : aimer le casque à pointe, juif allemand, cœur de Saxon, l’esprit est en Allemagne, au Parlement prussien. Comme un écho au discours de Victor Hugo devant l’assemblée nationale de Bordeaux  le 8 mars 1871, quand, défendant Garibaldi « venu mettre son épée au service de la France », il s’est attiré cette réplique du Vicomte de Lorgeril : « L'Assemblée refuse la parole à M. Victor Hugo, parce qu'il ne parle pas français. »





Dreyfus

Son cas est évoqué devant la Chambre des députés et il ne trouve alors aucun défenseur, ni même en la personne de Jean Jaurès qui le condamne à la tribune ou de Clémenceau, les deux soulignant que la peine de mort venait d'avoir été appliquée à un jeune soldat insolent en vertu du Code de justice militaire.
Alfred Dreyfus est dégradé le 5 janvier 1895 dans la cour d'honneur de l'École militaire de Paris devant une foule furieuse qui crie notamment « À bas le traître, à bas le juif ! ».
Le 22 février 1895 on embarque Alfred Dreyfus sur le Ville-de-Saint-Nazaire, qui accoste à l'île Royale le 12 mars. Gardé en secret total sur l'île Royale, il pose pied sur l'île du Diable cinq jours plus tard. 








L'événement décisif est la révélation, fin août 1898, du faux commis par le commandant Henry : Jaurès s'engage alors avec passion dans la défense de Dreyfus. Pour lui, l'affaire est non seulement un problème de justice individuelle, mais surtout de respect de l'humanité elle-même. En effet, elle pose le problème du mensonge et de l'arbitraire des grandes institutions, notamment de l'armée qui entend avoir une « justice » séparée. En outre, elle est utilisée par les droites catholique et nationaliste pour renverser la République. Il s'oppose alors à certains autres socialistes, dont Jules Guesde pour qui Dreyfus est un officier bourgeois dont la défense ne serait pas prioritaire (le souvenir de la répression sanglante de la Commune de Paris, et d'autres révoltes ouvrières, est pour beaucoup dans la défiance de militants ouvriers envers la cause d'un officier). 







Guesde est resté jusqu'en 1914 sur son positionnement de non-conciliation avec la bourgeoisie.
Au moment de l’affaire Dreyfus, s'il croit le capitaine Dreyfus innocent et s'affirme publiquement dreyfusard, il refuse de s'associer activement aux campagnes dreyfusardes. Il indique en novembre 1900 : « Voilà comment j'ai été dreyfusard, c'est-à-dire dans la limite de la lutte contre le militarisme débordé, allant jusqu'à menacer, sous le couvert d'un gouvernement complice, d'un véritable coup d'État. ». L'affaire va briser le bon rapport de confiance entre Jules Guesde et Paul Lafargue, ce dernier voulait effectivement s'y impliquer : « Le Parti ouvrier, qui est un parti politique, ne peut se désintéresser des questions politiques qui agitent le pays… ».



Vaillant, pendant ce temps-là…



Vaillant a 55 ans. Député depuis deux ans, il viendra tardivement à l’appui de Dreyfus, arrêté depuis le 15 octobre 1894, comme Jaurès et Guesde.  En août 1897, les révélations de Bernard Lazare sur le bordereau conduisent à des expertises qui jettent le trouble. Lucien Herr, du Parti des Allemanistes, alerte les milieux intellectuels.
Le 4 décembre, pourtant, aucun des leaders socialistes ne s’oppose au jugement, et Vaillant, comme Jaurès, s’abstient sur le texte de tentative de révision de Schoerer-Kestner. Changement 13 jours après : le Parti Socialiste Révolutionnaire (PSR) de Vaillant est le premier groupe socialiste à prendre parti pour Dreyfus.
Le 17 décembre, il signe, et probablement rédige, un communiqué de presse dénonçant l’armée qui empêche la lumière de se faire sur cette affaire, affaire que par ailleurs il cherche à exploiter politiquement contre la corruption révélée par le scandale de Panama.

Le 13 février 1898, le J’accuse de Zola aide grandement à débloquer la situation. Le groupe parlementaire socialiste ne peut plus éviter de prendre position. Au départ, il est coupé en deux.
Millerand, Viviani, Lavy, Jourde, sont réfractaires à toute intervention, notamment pour des raisons électorales.
Vaillant, Jaurès et Guesde sont d’avis de s’engager dans l’importante bataille qui s’annonce.
 Au cours de cette séance, Guesde, comme suffoqué par le langage des abstentionnistes, ouvre la fenêtre et s’écrie : « La lettre de Zola, c’est le plus grand acte révolutionnaire du siècle. »
L’accord se fait finalement sur un manifeste inspiré surtout par Vaillant et Guesde, que Jaurès rédige en grande partie. Le socialisme français est à l’avant-garde de la révision du procès, tout en se démarquant des fractions et des visées bourgeoises. Jaurès s’engage sans ces réserves marquées par Vaillant et Guesde, et leur reprochera plus tard, surtout à Vaillant censé être plus proche de lui, d’avoir d’une certaine façon été secrètement contre lui.
Vaillant, qui a étudié soigneusement l’affaire – il n’est pas suspect de s’en être désintéressé -  subordonne en fait l’engagement auprès des dreyfusards aux objectifs politiques socialistes qui lui sont prioritaires.
Concrètement, son engagement est constant. En février 1898, son parti félicite Jaurès pour son intervention lors du procès Zola. Vaillant reprécise sa position peu après : la révision s’impose. Il ajoute, fidèle à lui-même : non comme un but, mais comme un moyen de lutte contre le militarisme.
La Cour de Cassation annule la condamnation de Dreyfus le 3 juin 1899. Les muscadins interviennent aux courses d’Auteuil et frappent d’un coup de canne le président Emile Loubet. Vaillant est au cœur des manifestations républicaines où l’impulsion des socialistes révolutionnaires est décisive pour reconquérir la rue. Mis au courant des brutalités policières, s’appuyant sur les témoignages de Lucien Herr et de Léon Blum, il attaque le gouvernement Dupuy, qui tombera et sera remplacé par le ministère de Défense républicaine de Waldeck-Rousseau.  (v. Maurice Dommanget)







DREYFUS


Mise au point ultérieure de Vaillant, soutien de la cause de Dreyfus, mais pas « dreyfusard » au sens classique :


Signé Vaillant :




Non seulement et tout d’abord nous nous étions et à fond engagés, mais nous avions convié et n’avions cessé de convier les socialistes à une action distincte, uniquement dirigée contre le militarisme et le nationalisme césarien, profitant de tous les incidents de l’« Affaire », mais reléguant à son vrai plan la question personnelle, qui était capitale pour les autres partis et leur raison d’union et combinaison politique et arriviste.







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